Dans Les guerres intérieures, Valérie Tong Cuong nous livre un douzième roman où se tiraillent courage et lâcheté. Pax Monnier, comédien en devenir, entend par hasard les coups de ce qu’il apprendra plus tard être un meurtre. Entre culpabilité et ego, Les guerres intérieures est un roman remarquable.

Les guerres intérieures

N’est pas une tête d’affiche qui veut. Et c’est le cas de Pax Monnier, comédien de seconde zone. Il n’empêche, un projet séduisant se dessine quand un grand réalisateur américain le contacte pour une rencontre. A la clé, peut-être le rôle de sa vie, celui qui lui apporterait la célébrité et la reconnaissance d’un métier connu pour toutes ses formes de cruauté. Alors qu’il prépare son entretien, un jeune étudiant est sauvagement assassiné dans l’appartement du dessus.

Mais Pax n’est pas des plus courageux, il serait même un peu peureux puisqu’il n’intervient pas lorsqu’il entend des bruits de coups et reste concentré sur son précieux rendez-vous. Il file… Le temps passe, Pax aurait presque oublié ce qui s’est passé ce jour-là.
Un an plus tard, Pax rencontre l’énigmatique Emi Shimizu. Il cède à son charme, sans retenue, et en tombe éperdument amoureux. Tout irait au mieux dans le meilleur des mondes si la sublime Emi Shimizu n’était pas la mère d’Alexis, le jeune homme tué douze mois plus tôt dans l’appartement du dessus.

Façade appartement

Alors quelle sera l’attitude de Pax Monnier ? Se révélera-t-il ? Que se passera-t-il dans sa tête, dans ses tripes ? Honte ? Remords ? Regrets ? Peur ? Mensonges ? Trouvera-t-il, par amour pour sa belle, la force et le courage de dire la vérité, d’oser avouer qu’il a été le plus lâche des hommes mué seulement par la gloire, ce besoin de satisfaire son ego, sinon de trouver enfin un job, lui, qui avait « galéré » jusque-là dans des pubs alimentaires ? Que de questions pour ce roman qui entretient le suspense tout au long des pages. On y croit parce que la situation est construit en miroir. Que ferions-nous, nous autres, lecteurs, humains, en pareille situation ? Ferions-nous preuve de courage ou tairions-nous notre lâcheté ?

“La lâcheté était peut-être le caractère le mieux partagé dans ce monde.”

Roman fiévreux où les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Roman envoûtant, aussi, où les personnages les moins lumineux peuvent s’avérer d’une profonde humanité. Où Valérie Tong Cuong, dont la plume subtile n’est plus à prouver, laisse toujours une chance à uns comme aux autres.

Remarquable !

Les guerres intérieuresValérie Tong Cuong – Éditions Jean-Claude Lattès – 240 pages. Parution : 21 août 2019. 19,00 €.

Couverture : © Fabrice Petithuguenin – Photo auteur: Paris Normandie ©

Valérie-Tong-Cuong

Valérie Tong Cuong est romancière ; elle est l’auteure de onze romans, parmi lesquels Noirs dehors (Grasset, 2006), L’Atelier des miracles (JC Lattès, prix Nice Baie des Anges) et Pardonnable, Impardonnable (JC Lattès, 2015). Son dernier roman, Par amour (JC Lattès, 2017), a été couronné par de nombreux prix, dont celui des Lecteurs du Livre de Poche. Son œuvre est traduite en dix-huit langues.

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Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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