Alors que plusieurs candidats à la présidentielle peine à obtenir les 500 parrainages nécessaires, Jacques Cheminade, dirigeant de Solidarité & Progrès – qui représente une poignée d’électeurs et dont la notoriété reste bien faible – les a obtenus une nouvelle fois sans difficulté*. Quelle bizarrerie ! Coup de projecteur sur une vieille lune qu’on craignait de voir à nouveau briller.

Aujourd’hui comme hier, le Front National est un mouvement qui rassemble des militants bien dissemblables. L’éventail va des catholiques ultras obsédés par l’invasion islamiste aux nazis païens qui regardent le catholicisme comme une dégénérescence civilisationnelle en passant par les anti-gaullistes nostalgiques des colonies. A contrario, Solidarité & Progrès de Jacques Cheminade est un mouvement uni. Très uni. Le mouvement rassemble de jeunes étudiants dans une foi partagée autour d’un surprenant programme élaboré par Lyndon LaRouche, un énième prophète de la fin du capitalisme, un leader trotskyste tendance gourou passé par la case prison et un raciste de la plus grossière espèce.

Jacques Cheminade,Jacques Cheminade et Lyndon Larouche sont connus des services de justice et dans le collimateur des observatoires antisectes depuis des lustres. Pourtant, 500 élus se sont engagés à donner leur voix au petit parti d’inspiration rouge-brun Solidarité & Progrès. Nous brûlons de connaître leurs noms : pour la première fois (enfin), la liste complète des parrains va être révélée aux Français par le Conseil constitutionnel 8 jours avec le premier tour de l’élection. Jacques Cheminade va ainsi drainer quelques voix de socialistes antisémites, de gauchistes nationalistes et de droitistes antilibéraux – autant de moins pour Mélenchon, Hamon et Le Pen.

Mais qui est Jacques Cheminade ? Le lecteur trouvera ci-après un résumé d’une histoire méconnue : celle de la nébuleuse trotskyste depuis la Seconde Guerre mondiale. Et de ses accointances avec le Front National. De quoi comprendre quelle idéologie innerve en réalité le mouvement Solidarité & Progrès, son mentor Lindon Larouche et son lieutenant français Jacques Cheminade. Une présentation qui pourrait s’intituler :

Quand national et socialiste ne font qu’un

En 1936, fut fondé le Parti Communiste Internationaliste (PCI) dans la continuité de la trotskyste Ligue Communiste de France et de ses journaux La Commune et La Vérité. Le PCI s’allia peu après au groupe trotsko-léniniste de Pierre Naville, Yvan Craipeau et Jean Rous au sein du Parti Ouvrier Internationaliste (POI), reconnu par Trotsky comme section officielle de la Quatrième Internationale avec son organe Lutte ouvrière. La majeure partie des militants du POI rejoignit le Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (PSOP) en 1938. Or, le PSOP fut dissous en 1940.

Dès lors, le collaborateur Henri Molinier qui ne « voit de solution que dans les organisations fascistes et staliniennes qui naîtront du triomphe du pacte germano-soviétique » prit alors les rênes du PCI, en compagnie de plusieurs de ses camarades, dont Roger Foirier, André Gailledrat, Paul Cognet et Pierre Boussel alias Lambert(1). Le 15 février 1940, ils sont plusieurs, dont Lambert, à être arrêtés pour « infraction au décret du 1er septembre 1939 sur la publication de textes de nature à nuire au moral de l’armée et de la population », en se réclamant « ouvertement du marxisme-léninisme intégral, du défaitisme révolutionnaire et de l’antimilitarisme ». Ils furent condamnés à trois ans de prison, mais libérés à la faveur de… l’occupation allemande de Paris en juin 1940. Le PCI rejoignit alors l’une des deux organisations de collaboration les plus importantes, le Rassemblement National Populaire (RNP) dirigé par l’ex-député socialiste Marcel Déat.

Quant à Jean Rous, il fonda à l’été 1940 en compagnie de ses amis collaborateurs Raymond Le Bourre, Lucien Weitz, Henri Sellier, Henri Barré, Claude Harmel, Maurice Jacquier et Fred Zeller (futur Grand-Maître du Grand Orient de France) le Mouvement National Révolutionnaire (MNR).

D’esprit rouge-brun ou hitléro-trotskyste, le MNR adaptait opportunément un discours ouvertement rallié à la Révolution nationale de Pétain (avec son État fort et hiérarchisé) à l’évolution des événements en prônant toujours une Europe de la collaboration (2). Il fut dissous par les Allemands en juin 1941 à la suite de la rupture du pacte germano-soviétique. Certains rejoignirent le PCI, voire le RNP, d’autres se retrouvèrent au sein de la tendance Le Soviet qui contribua à grossir les rangs de la LVF (Légion des Volontaires Français).

La collaboration… avant de retourner sa veste ?

Jacques CheminadeTout au long des semestres qui suivirent, les journaux La Seule Voie, L’Étincelle et La Vérité puis Le Soviet ne soutinrent jamais la Résistance ; au contraire, ils fustigèrent les Anglo-saxons et la France Libre, de Gaulle étant taxé d’agent de l’impérialisme britannique.

En fait, la reconnaissance et la prise de distance par le PCI (qui se renomme POI, CCI ou POI-CCI vers février 1943 – on s’y perd, mais tel était bien le but) de son attitude « incohérente, opportuniste, désordonnée » et le regret que la rédaction de La Vérité ait fait « preuve de la plus regrettable fantaisie opportuniste et nationaliste » advint en juin 1943 dans le bulletin intérieur n° 19 alors que le retournement de la guerre en faveur des Alliés et des Soviétiques était confirmé. Dans le même esprit, les n° 42, 43 et 44 de La Vérité, au mois de mars et avril 1943, se mirent à louer « les victoires de l’Armée rouge qui peuvent être les succès d’avant-garde de la Révolution » et à inviter le Comité Central du PCF à s’allier dans un Front Ouvrier Révolutionnaire qui tendrait la main aux ouvriers allemands et italiens. Changement de nom, changement de ligne, le tour était joué, le retournement était fait. C’était cependant mal connaître les communistes du PCF (lesquels avaient bien vite oublié les deux ans passés à collaborer avec les Allemands au début de la guerre)…

La même logique anima Le Soviet qui se mit à paraître en avril 1943. Ce premier numéro afficha sans vergogne le numéro 158 (il faisait ainsi croire qu’il était la suite du journal La Commune qui avait paru jusqu’en 1940). Cette stratégie de communication tentait de dédouaner la tendance Le Soviet de son engagement national-socialiste en se faisant une virginité dans l’appel à la collaboration entre ouvriers français, italiens et allemands contre les puissances impérialistes.

Bref, chacun tenta donc de s’en sortir à sa manière…

Un bémol dans cette attitude des plus ambigües, le groupuscule de David Korner alias Barta. Après s’être séparé de ses camarades du POI, il fonda le Groupe Communiste (ancêtre de Lutte Ouvrière) et le journal La lutte des classes en octobre et novembre 1942. Dès lors – alors que la guerre durait depuis déjà trois ans – il tint une ligne trotskyste qui dénonçait aussi bien l’impérialisme capitaliste que les reniements politiques de « leur valet Staline » tout en glorifiant l’URSS, l’Armée rouge et les États socialistes d’Europe à construire par l’entremise de la fraternisation entre tous les ouvriers. La lutte des classes critiqua fortement en février 1944 les contradictions de l’attitude du PCI-CCI-POI durant la guerre et au printemps l’attitude du PCF qui collabora avec les services de police pour arrêter des ouvriers, notamment trotskystes. Comme nombre de leurs autres camarades, mais dans leur cas à tort, ils furent traités par le PCF d’« hitléro-trotskystes au service de l’étranger », plusieurs furent arrêtés, voire assassinés.

Enfin en février 1944, la majorité des groupes trotskystes (sans Barta, et pour cause) se groupa en reprenant le nom unique de PCI, l’organe officiel étant toujours La Vérité. Un éditorial sans équivoque allait saluer le débarquement de juin : « Ils se valent » (puissances de l’Axe et Alliés). Ce non-alignement pouvait également être compris comme un nouvel appel du pied aux communistes du PCF. Ces derniers d’ailleurs ne procédèrent qu’à peu d’assassinats ciblés (sans doute pensèrent-ils que le réseau trotskyste dans les usines pouvait toujours servir…), ils se contentèrent de les critiquer, de les exclure de la CGT (comme Lambert taxé également d’hitléro-trotskyste) et de mettre des bâtons dans les roues du nouveau syndicat que beaucoup rallièrent à sa naissance en 1947 : la CGT-FO.

De la Libération à nos jours

Le PCI allait scissionner en 1953 autour de deux chefs, Lambert et Pablo, et de deux mouvements, le Parti des Travailleurs et les Jeunesses Communistes Révolutionnaires (devenu Ligue Communiste Révolutionnaire et, récemment, Nouveau Parti Anticapitaliste). Quant au Mouvement National Révolutionnaire, qui était l’une des formes les plus abouties du national-trotskysme, il constitua l’ascendance génétique du nationalisme révolutionnaire – de François Duprat (lambertiste du Front National de Jean-Marie Le Pen) à Alexandre Hébert (anarchiste, secrétaire général de FO Loire-Atlantique de 1947 à 1992, intime du national-communiste Robert Hersant et du Front National et de son chef) au mouvement de Jean-Gilles Malariakis qui répond au même nom (ce MNR, fondé en 1979, se transforme, avec son organisation de jeunesse La jeune Garde et le Parti des forces nouvelles, en Troisième voie en 1985). On comprend mieux pourquoi la double appartenance au FN et à la CGT ou FO perdure encore aujourd’hui.

Bref, on constate que la différence entre les extrémismes de gauche et de droite se révèle parfois bien ténue… De nos jours, elle disparaît même ouvertement dans un dépassement peu ou prou dialectique. En France, le Parti Ouvrier Européen, devenu Solidarités & Progrès, de Jacques Cheminade ainsi qu’Égalité & Réconciliation créé par Alain Soral et Rébellion, émanation de l’Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne en fournissent un bon exemple.

Cheminade, Larouche, Solidarité & Progrès

Lindon LaRoucheD’ailleurs, Alain Soral, membre du PCF avant de devenir le mentor de Marine Le Pen durant plusieurs années, connaît bien Cheminade. Ils partagent certaines opinions communes comme ils l’ont reconnu durant une conférence, notamment la lutte contre le Nouvel Ordre Mondial. Mais il existe des différences de taille. Déjà en termes psychologiques et humains, si Soral s’est fourvoyé dans des impasses stériles, il reste honnête avec lui-même et les autres, quelle que soit la teneur de ses idées. Ce n’est pas le cas de Cheminade et Larouche qui ont été, entre autres, tous deux condamnés pour escroquerie. Avant d’aller plus loin dans le versant humain, il peut-être utile de rappeler les désirs d’avenir de Solidarité & Progrès qu’on trouve sur leur blog :

« Américaniser l’Europe » et « se libérer de l’idéologie française » afin de bâtir l’Europe en installant « des centres polytechniques de recherche, de formation et de production industrielle en orbite spatiale », en « industrialisant la Lune, en exploitant en particulier ses réserves d’hélium », « en entamant l’exploration martienne, en préparant des voyages par propagation nucléaire, d’abord fission puis fusion, pour réduire la durée des trajets à dix-quinze jours ». Que dire de la planète Mars dans 30 ans ? Sa capitale, Kepleropolis s’affaire « au lancement imminent du nouveau vaisseau spatial révolutionnaire Kepler II, le premier engin à utiliser, à titre expérimental, un moteur à réaction matière-antimatière. »

Une conception du monde qui s’inscrit dans le délire parano-futuriste de Lindon LaRouche.

Lindon LaRoucheLyndon Hermyle LaRouche Jr. est né le 8 septembre 1922 à Rochester au New Hampshire. Il se présente comme homme politique, essayiste et polémiste américain. Président fondateur du LaRouche PAC, un comité d’action politique crée en 2004, il dirige les revues Fusion et Executive Intelligence Review. Sans aucun diplôme en économie à son actif, il s’affirme spécialiste de l’« économie physique » et défend un programme de réorganisation du système financier international. Il fut candidat à la primaire démocrate pour l’élection présidentielle américaine de 1996 – où il fut battu par le président sortant Bill Clinton – en obtenant seulement 5,47 % des suffrages, soit près de 600 000 voix.

Avoir fondé un groupuscule trotskiste, il s’est rapproché des milieux ultraconservateurs antisionistes et paranoïaques, notamment l’Argentin néo-nazi Jorge Oivera. En 1986, il affirme  que l’État américain a envoyé 400 agents armés pour le tuer, des véhicules blindés et des avions afin de servir les « intérêts oligarchiques financiers internationaux. » L’homme, soupçonné de dérive sectaire, est poursuivi pour escroquerie et fraude fiscale – le non-remboursement des 30 millions de dollars prêtés par ses adeptes. Il a été condamné à quinze ans de prison et en a effectué cinq. « Il considère cela comme un honneur, écrit Jacques Cheminade. Il a en effet été emprisonné pour des raisons politiques. »

C’est sans doute plein d’honneur que LaRouche a comparé Barack Obama à Hitler. Selon lui, les réformes de santé proposées par Obama ressemblent aux réformes du chancelier allemand. Sur le président américain, il a expliqué lors d’une réunion interne dont les propos ont été transcrits dans le briefing interne de son organisation : « Je veux dire : Obama est un raciste, avec un père africain qui ne valait pas grand-chose comme père, mais enfin un père africain du Kenya. Celui-ci était impliqué dans une opération britannique, qui s’empara du Kenya, grâce aux opérations du MI5. Mais lui-même n’était pas au Kenya, et épousa une femme du genre de Margaret Mead, une femme qui avait eu de nombreux maris successivement, comme Margaret Mead, qui allait en Asie chez les pauvres à peau sombre pour avoir des relations sexuelles avec eux. Cela s’appelait “Coming in Samoa” et ainsi elle usa successivement de nombreux maris, et par eux, elle eut de nombreux enfants. Et voilà pourquoi vous trouverez dans la lignée d’Obama, si vous remontez son arbre généalogique, que tout le monde y fait de la grimpette et se balance de branche en branche — de tous les coins du monde ! de toutes les parties du monde ! Ce type est l’homme universel. Chaque singe dans chaque arbre, de toutes les parties du monde, a participé à l’acte sexuel de le produire. (3) »

Derrière cette vision politique futuristo-rétrograde – qui vaut bien celle du non moins délirant et dangereux Ron Hubard, fondateur de la scientologie – quel modèle humain cette voie politique promeut-elle ? Il suffira au lecteur, notamment à Rennes, de converser avec les militants de Solidarité & Progrès pour constater une étroitesse d’esprit ou, plutôt, un grave réductionnisme intellectuel centré sur une prétendue panacée : « la physique matérielle ». Nous avons discuté à quatre reprises avec des militants au demeurant sympathiques et tous bien blancs de peau, lesquels vivent au secret dans des appartements communautaires. Ils ont en commun une foi inébranlable dans l’existence d’un « complot mondial », dans la détestation du « système cartésien » (?) et dans celui qui a répondu à leur regrettable isolement et leur légitime besoin de croire en l’avenir : Lindon LaRouche.

Notes :

* Mise à jour d’un article paru en avril 2012 et fondé sur une étude doctorale parue chez L’Harmattan.

1. Pierre Boussel alias Lambert – son mouvement affirme qu’il est resté dans le PCI mais sans approuver la participation au RNP ; et ce, jusqu’en… 1943 où il passa au POI. Reste que le PCI changea de nom pour devenir le Comité Communiste Internationaliste (CCI) à cette date et qu’il allait se retrouver également dans le POI quelques mois plus tard… Bref, eu égard à la taille de ce groupe, on imagine mal Lambert rester avec ses camarades et amis tout en refusant de les suivre au RNP.
Paul Cognet – Dirigeant CGT et membre trotskyste du PCI. Collaborateur du ministre du Travail de Vichy et ancien secrétaire général adjoint de la CGT, René Belin.
Roger Foirier dit Folk – Militant trotskyste. Membre du PCI, PSOP et RNP. Dessinateur des affiches de propagande des Jeunesses Nationales Populaires.
Raymond Le Bourre – Militant au PC. Fondateur du MNR et théoricien syndicaliste présent aux Journées du Mont-Dore, colloque organisé par Pétain qui réunissait les intellectuels de Vichy jusqu’à la Libération.
André Gailledrat – Membre du Comité Central du PCI et du PSOP, rédacteur de La Vérité, membre du RNP.
Claude Harmel – Membre des Jeunesses Socialistes (JS), SFIO et CGT. Membre du MNR.
Maurice Jacquier – militant communiste, puis SFIO, PSOP et MNR.
Henri Molinier alias Testu – membre du PCI, PSOP et RNP.
Jean Rous – Trotskyste. Fondateur du POI puis du MNR.
Lucien Weitz – Gauche révolutionnaire. Membre du PSOP puis du MNR.
Louis Sellier – Militant syndicaliste français, membre du parti socialiste SFIO, fondateur du PCF, du Parti d’Unité Prolétarienne. Député de Paris en 1932 à 1940, il vota les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. En 1943, il fut désigné pour être vice-président du conseil municipal de Paris.
Henri Sellier – Militant des Jeunesses socialistes. Membre du PSOP puis du MNR.
Fred Zeller – Proche de Trotsky et membre de la SFIO. Fondateur du MNR.

2. Cf. La Révolution Française, n° 3, sept. 1940 (3 numéros) et Combat national-révolutionnaire, n° 1, mars 1941 (3 numéros jusqu’à juin) : « Le MNR est né. Il est animé par les hommes qui n’ont cessé de dénoncer les faillites de la droite, comme de la gauche, du régime capitaliste parlementaire, qui s’est effondré dans la défaite, qui n’ont jamais accepté ni l’exploitation capitaliste ni l’oppression étrangère. Ce n° 1, de son organe qui doit être diffusé sous le manteau, comprend le manifeste et la charte du Mouvement National-Révolutionnaire français. […] Les Français ont salué dans le message annonciateur de l’ordre nouveau, publié le 11 octobre, par le Maréchal Pétain, des idées, des réformes, dont ils auraient de plein cœur et avec un enthousiasme constructeur accompagné la réalisation. […] Ce régime ne sera point raciste, c’est-à-dire qu’il ne persécutera pas les citoyens d’une race ou d’une religion, au nom d’une prétendue supériorité raciale ou d’un fanatisme religieux. Mais il ne tolèrera pas davantage que de véritables États dans l’État, des factions dominantes dans l’économie ou dans le domaine éducatif et culturel, soient instaurés par le Judaïsme, le Jésustisme (sic), ou la franc-maçonnerie. Sans céder en rien aux pendants de la xénophobie qui est d’ailleurs contraire tout à la fois au génie et à l’intérêt français, une politique rationnelle de l’immigration devra se substituer aux chaos du laisser-faire et du laissez-passer, la protection de la santé des citoyens, leur perfectionnement physique et physiologique sera assuré selon un plan systématique, imposé progressivement à tous. Telles sont les grandes lignes du régime que nous voulons au pont de vue économique et politique. […] Le MNR déclare qu’il faut dès maintenant : […] Faire passer le souffle de la vraie révolution nationale à l’École. Assurer une plus grande décentralisation dans les universités. Unifier à l’exclusion de tout esprit de revanche et de conservation sociale, la jeunesse française dans une même organisation, et l’éduquer selon les principes révolutionnaires nationaux. 2. Lutter contre les trusts qui s’assurent le monopole totalitaire dans la nouvelle organisation de la production. […] 3. Défendre l’unité et l’indépendance de la France contre les propagandes et les entreprises étrangères, tout en évitant de tomber dans un esprit chauvin, réactionnaire et revanchard, et en préparant ainsi une collaboration véritable dans la paix retrouvée. […] Quelle est votre position face à la collaboration ? Réponse : Nous qui avons toujours lutté contre le Traité de Versailles, sommes tout naturellement pour une collaboration européenne et particulièrement franco-allemande. Nous n’avons cessé de combattre, dès le début de la guerre de 39-40, les partisans du dépècement de l’Allemagne, en particulier l’Action française. Au cas d’une défaite allemande, on nous trouverait encore prêts à lutter contre une telle politique. – Dans ces conditions, pourquoi n’approuvez-vous les “les collaborationnistes” du genre Déat, Luchaire & Cie ? Réponse : Parce que ces hommes, par l’esprit et la forme de leur campagne, sont en réalité de très mauvais “collaborationnistes”, qui font un tort énorme à la cause qu’ils défendent. Le mépris dans lequel les tiennent les Français – et même leurs lecteurs – enlève à leur campagne toute valeur et fait qu’ils amènent de l’eau au moulin des adversaires de l’entente franco-allemande. »

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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