Roi des films chantés, Jacques Demy fait l’objet d’une remarquable exposition à la Cinémathèque française à Paris. L’occasion de découvrir, faire découvrir ou redécouvrir un monde où se combinent réalisme, mélancolie, merveilleux, spectaculaire et intimisme.

Cette découverte va se faire au travers de la présentation de peintures, dessins,  décors,  papiers peints, photos et clichés de lui-même, mais aussi de sa compagne Agnès Varda. Il suffit de regarder attentivement la liste des artistes qui ont collaboré avec ce génie du cinéma pour se rendre compte dans quelle qualité ces échanges se déroulaient : Jean Cocteau, David Hockney, Alexander Calder, Raoul Dufy, Niki de Saint-Phalle… Les musiques de son plus fidèle compagnon, Michel Legrand, ne sont pas oubliées.

La scénographie choisie par la Cinémathèque montre de façon chronologique l’itinéraire artistique d’un cinéaste pas tout à fait comme les autres. Déployée sur 710 m2 divisés en six parties chronologiques, cet événement propose de redécouvrir les 18 films crées par le réalisateur. Après Nantes, sa ville de naissance, où Jacques Demy fit la création de ses premiers films d’animation, le spectateur pénètre dans la mélodie noire et blanche de « Lola » (1960), avec Anouk Aimée, et de « La Baie des Anges » (1962) avec Jeanne Moreau.

Le visiteur arrive ensuite de plain-pied dans les décors des films chantés, « Les Demoiselles de Rochefort », West Side Story à la française avec Catherine Deneuve, sa sœur, Françoise Dorléac (tôt regrettée), Gene Kelly et George Chakiris, et « Les Parapluies de Cherbourg », opéra populaire sur les désillusions de l’amour, pour lequel il obtint la palme d’or à Cannes, en 1964.

Puis c’est au tour de la période californienne de la famille Demy-Varda de se présenter au public, il y tourna un seul film, le sublime Model shop, riche en rencontres. Le vaste espace suivant, le plus apprécié des grands et des petits enfants, est consacré au conte Peau d’âne, succès populaire avec, une fois encore son actrice fétiche, Catherine Deneuve, « Le Joueur de flûte », « Lady Oscar » sont deux œuvres présentées plus brièvement. Les trois robes portées par la princesse sont présentées dans une présentation somptueuse. Tournant sur elles-mêmes, au centre de la pièce, elles illuminent absolument de tous les spectateurs de passage.

Le parcours se termine de façon plus mystérieuse avec une période plus noire, autour de films où la mort est très présente. (« Une chambre en ville », « Parking », « Trois places pour le 26 »). La dernière partie est consacrée à une petite cinémathèque de la famille et aux tableaux que peignit Jacques Demy à la fin de sa vie.
Un petit clin d’œil ravira ceux qui lèveront la tête lors du passage à la boutique qui se situe à la fin de l’exposition.

Voilà pour le spectaculaire, mais cette exposition propose aussi une partie plus intimiste avec une présentation sous vitrine des carnets et dessins de Demy, mis en scène comme si le public avait une vision exacte de  son cabinet de travail.

Cette enivrante immersion dans un monde musical et coloré se déroule jusqu’au 4 août, temps assez long pour en profiter. Une douce rêverie solitaire qui est aussi à vivre en communauté.

Article précédentMythos 2013, l’enchantement de Birds on the Wire
Article suivantRennes 19-88 jazz club Pym’s, quand le jazz est là…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici