Petit matin brumeux en ce début du mois de mars… Sur le pourtour des halles centrales, les brocanteurs déploient leurs affaires, leur chaise (c’est important pour leur fessier) et leurs stands. Du coin de l’œil, les bouchers observent leur petit manège et saluent bien respectueusement les dénicheurs rennais. « Il fait froid, aujourd’hui », affirme l’un des spécialistes de la découpe des cochons et autres volailles. « J’ai mis mon cuir à doudoune, » lui répond un brocanteur.

Entre les deux métiers, la courtoisie est de rigueur et le café toujours bu ensemble dans l’estaminet de la rue Jules Simon, Chez ma tante. On dit même que les poissonniers viennent parfois leur conter des histoires drôles… » Ce sont des moments de vie que Robert Doisneau, s’il était Rennais, aimerait prendre sur le vif… », convient Yann. « Car admettons-le, les faciès des professionnels des Halles valent bien un cliché et le regard d’un photographe. »

Le rocking-chair du bougon papy

En attendant l’hypothétique résurrection du grand Doisneau sur les terres rennaises, prenons la direction de la brocante pour saluer le plus fidèle des brocanteurs, Thierry de Saint-Martin. Grand spécialiste des verres soufflés, il est une figure connue et appréciée des rendez-vous du jeudi matin… Ancien professionnel de hockey sur glace, cet esprit fin divertit sa clientèle tandis que ses bras moulinent allègrement les airs.

Mais de grâce, n’oublions pas les autres… Femmes et hommes habillés de la tête aux pieds, façon Puces de Saint-Ouen. Le verbe haut, la cigarette au bec, ils ont du talent pour dénicher de vieux objets publicitaires, la vieille chaise lustrée par les fesses de mamie et le rocking-chair apprécié par le bougon papy.

Tous les jeudis matins, la brocante des Halles est devenue le repère des spécialistes des vieux objets. Mais pas uniquement… Entre deux rendez-vous, les travailleurs de la semaine jettent parfois un regard pour acheter un vieux Blondin, une encyclopédie universelle Quillet et un Babar Illustré. Une brocante qui fait le pendant de nos amis les bouquinistes de la place Sainte-Anne et rencontre indéniablement son public.

Jean-Christophe Collet

Le jeudi matin, les brocanteurs des Halles sont les rois

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