C’est en 2011 que Ladylike Lily se révélait au grand public avec son premier EP, On My Own. Après avoir exploré une folk épurée, elle s’orienta vers un registre pop rock, puis inspiré de la pop actuelle dans son dernier album Dans la matière, sorti en 2016. Le 1er mars, elle sortira le livre-CD de son conte musical Echoes, destiné au jeune public. Elle y met en scène le personnage de Lily, une petite fille née dans un monde autrefois baigné de couleurs et brusquement plongé dans le noir et blanc.

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Photo : Julie Oona

Orianne Marsili, chanteuse finistérienne plus connue sous le nom de Ladylike Lily, a suivi une évolution artistique plutôt étonnante. Éveillée à la pratique musicale par sa mère harpiste, elle fut également influencée par des artistes comme Emily Loizeau ou encore Yann Tiersen. Après une expérience passée en groupe, elle se lança en solo sous son pseudonyme de Ladylike Lily. En 2010, naquit son premier EP, intitulé On My Own. Désignée la même année coup de cœur des Transmusicales, elle mena une tournée des festivals marquée entre autres par une prestation aux Vieilles Charrues. D’abord désireuse d’explorer un registre folk en guitare/voix épuré, elle a progressivement enrichi son esthétique d’éléments et d’arrangements plus fournis, issus d’un registre pop rock. Puis elle développa son style avec quelques emprunts à la pop contemporaine avec Blueland en 2014, puis dans l’album Dans la matière, sorti en 2016. Ce dernier est d’ailleurs son premier à être entièrement composé de chansons en français.

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Durant plus d’un an, elle s’est investie dans une tout autre expérience artistique nommée Echoes, conte musical et visuel qui fait déjà l’objet d’une tournée et dont le livre-CD sortira le 1er mars prochain. C’est une histoire qui raconte l’épanouissement d’une petite fille du nom de Lily, née dans un monde auparavant baigné de couleurs qui fut brusquement plongé dans le noir et blanc. N’écoutant que son courage et sa curiosité, elle part alors dans un voyage à la recherche des couleurs qui ont quitté son monde.

Dès la chanson « Il y a », le prologue de cette histoire, la musique composée par Ladylike Lily interpelle, capte notre attention et nous entraîne en immersion dans son univers imaginaire régi par les couleurs. Elle invite alors à suivre le périple de la petite Lily et on découvre en même temps qu’elle toutes ces couleurs. Tout le long de cette odyssée, les spectateurs sont guidés par la musique et le texte du conte, ainsi que les vidéos, les jeux d’ombres et les collages animés que l’artiste a elle-même réalisés. En effet, Ladylike Lily a développé depuis longtemps une activité de plasticienne qu’elle allie avec un talent certain à sa pratique musicale et dans laquelle elle met tout son cœur. On notera également que pour la création de son spectacle, elle a également bénéficié de l’accompagnement de l’association artistique rennaise pour le jeune public L’Armada Productions.

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Scène extraite du spectacle Echoes (photo : source Facebook)

D’un point de vue musical, la dimension bigarrée et onirique du voyage de Lily est parfaitement retranscrite à travers une palette sonore plutôt diversifiée que Ladylike Lily a su exploiter avec sensibilité. Par moments, ses instrumentations conservent le jeu en « picking » délicat et parfois en arpèges, qui la caractérisait depuis le début de sa carrière. Mais en l’occurrence, ce sont surtout les sonorités électroniques des claviers, machines et boîtes à rythmes qui dominent l’espace sonore. Ainsi, les éléments de certaines chansons, lesquelles sont parfois étourdissantes et grisantes par leur densité, évoquent tour à tour les esthétiques new wave et la synth pop des années 80.

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Photo : source Twitter

L’instrumentation de « La danse des étoiles », par exemple, s’apparente aux chansons les plus récentes de Jeanne Added dans ses deux derniers albums. On voyage également d’un paysage et d’une ambiance à l’autre en même temps que la petite Lily, grâce notamment à la diversité des styles et des rythmiques utilisées dans chaque chanson. Ainsi, des titres comme « Vol d’oiseaux » et « Je ne suis pas à toi », aux rythmiques lentes et marquées, s’apparentent à celles du trip-hop de Massive Attack et de Portishead. Dans un registre différent, les chansons « Jaune primaire » et « Monstre bisou » font entendre des rythmiques parfois complexes et chaloupées, réalisées à la batterie, prenant des accents tribaux présents entre autres dans les musiques populaires africaines. Parallèlement à cet aspect instrumental, Ladylike Lily continue d’articuler la création de ses chansons autour de sa voix. Ainsi, ses polyphonies vocales très inspirées nous envoûtent et nous transportent d’autant plus dans son monde multicolore, retranscrivant la contemplation et l’introspection de la petite Lily comme ses moments d’agitation ou d’émerveillements.

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Photo : Nathanne Le Corre

Mais ne nous y trompons pas : si ce conte s’adresse en priorité aux enfants à partir de 5 ans, il trouvera probablement une résonance auprès d’un plus large public. À bien des égards, la portée symbolique de l’histoire imaginée par Ladylike Lily est forte : à travers toutes les situations auxquelles le personnage de Lily est confronté, l’artiste et sa voix candide abordent non seulement l’insouciance, la pureté de l’enfance et la question des émotions (représentées par les couleurs), mais également des problématiques qui sont plus que jamais au centre de nos vies. Ainsi, la chanson « Les fleurs » est un plaidoyer en faveur de la faune et de la flore aujourd’hui menacées. Ladylike Lily décrit également Echoes comme « un cri d’amour aux femmes et un appel à la confiance en soi ». C’est notamment ce que traduit la chanson « Je ne suis pas à toi », dont les paroles affirmées se réfèrent à la condition féminine, souvent soumise à des violences diverses et en constant combat contre l’adversité : « Quand je dis non, c’est non, ça ne veut pas dire oui/ Mon corps a ses raisons, c’est le mien pour la vie ». Quant à la symbolique du monde coloré terni en noir et blanc, elle évoque probablement, outre le repli sur soi, la perte d’innocence et les désillusions auxquels nous sommes tous confrontés au cours de notre existence. C’est pourquoi cette recherche des couleurs dans laquelle se lance la petite Lily est davantage celle des émotions et des valeurs humaines les plus solaires, si nécessaires aux enfants comme aux plus grands.

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Photo : Nathanne Le Corre

Il est certain qu’Echoes occupera une place particulière dans le parcours musical de Ladylike Lily. Avec son regard poétique, cette création allie des expressions artistiques résolument complémentaires et parvient à nous parler à tous, quel que soit notre âge. Pour l’heure, les représentations de son spectacle se poursuivent sous les meilleurs auspices et nous vous invitons d’autant plus à découvrir ce beau conte sensible. En ces temps souvent gris et pour paraphraser Jacques Prévert dans l’un de ses poèmes, il nous est urgent, à l’image de la petite Lily, de « reprendre nos couleurs »… celles de la vie.

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Visuel : Orianne Marsili

Le livre-CD du conte Echoes de Ladylike Lily sortira le 1er mars prochain chez Patchrock/L’autre distribution.

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Le même jour, l’artiste donnera une représentation de ce spectacle au Centre Culturel de la Ville Robert à Pordic (22).

Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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