Le projet de Centre d’Art contemporain qui faisait s’allumer des étoiles dans les yeux de nombreux Rennais a fait long feu ! Après moult rebondissements et atermoiements, la gestion du site de l’ancienne brasserie Kronenbourg (pont Saint-Hélier) va être abandonnée au privé par la municipalité.

« Des années de politique de la carotte pour nous faire bosser sans moyens en nous faisant espérer des lendemains qui chantent, – se lamente Ivanhoé, un acteur de longue date du monde culturel local –  une politique de la carotte qui finit en eau de boudin, c’est vraiment pitoyable ! ».

Le gotha artistique rennais est de nouveau en ébullition. Et pour cause. Après de longs mois passés à faire croire aux associations et aux administrés que la capitale de la Bretagne allait enfin se doter d’un véritable haut-lieu d’art contemporain, les espoirs s’envolent en fumée (voir notre article consacré au regrettable épisode de la Criée).

La Ville a décidé d’abandonner la création et la gestion d’un équipement culturel destiné à la faire sortir de son état de municipalité provinciale sans ambition qui se cantonne à thésauriser son statut de capitale. Que signifie cet abandon au secteur privé du projet ? La fin d’une nécessaire mise en réseau et cohérence de l’éventail des acteurs culturels rennais ; et ce, dans un but commun de construction et de visibilité, loin de l’éparpillement actuel dû à une obscure stratégie de contrôle.

À la place ? Des opérateurs privés vont être conviés dans quelques jours à proposer des projets dans le cadre d’un appel à idées. La liberté de manœuvre qui leur est offerte est très importante. Les contraintes émises par la Mairie sont des plus faibles (en contrepartie, aucun argent public ne viendra en soutien). Seules obligations : une mise en valeur de l’architecture intérieure et extérieure ; que le lieu soit source d’animation pour l’espace public.

On l’aura compris, les chances de voir une activité culturelle se développer se réduisent comme peau de chagrin. Le seul centre culturel envisageable sera à l’image d’un centre… Leclerc. Loin d’une plaisanterie, c’est bien un complexe commercial qui se profile à l’horizon. Certes, un mall doté de quelques activités sportives et culturelles pour donner le change. C’est de bonne logique (froide) avec le développement du territoire Sud gare prévu d’ici à 2020. Même si certains souligneront que Rennes affiche une fréquence déjà trop élevée de roulement des magasins.

Dans cet esprit, voilà que se dresse déjà devant les yeux des Rennais un tableau très contemporain et au flou très artistique : un manège culturo-commercial qui tourne à vide et à vue en escamotant dans son sillage d’artifices la complète illisibilité de la politique culturelle métropolitaine.

Nicolas Roberti

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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