Comme on pouvait s’y attendre, les déclarations maladroites de Christine Lagarde ont créé la polémique. La présidente appelait les Grecs à être solidaires entre eux et à régler leurs impôts pour rembourser ainsi leurs dettes. Indépendamment de la question légitime de la responsabilité des citoyens devant le financement de leur société et État et de la nocivité d’une pararéalité spéculative administrée par des apprentis sorciers, le terme de solidarité dans la bouche du FMI laisse songeur… Ice réfléchit, quant à lui, le problème de cette manière :

La dette publique grecque est-elle imputable à tous les Grecs en raison de leurs mauvaises actions ou seulement à la classe dirigeante et financière ? Autrement dit, le peuple est-il responsable des erreurs de ses dirigeants comme un enfant serait responsable des dettes de ses parents ? Les épargnants doivent-ils payer seuls les erreurs des traders d’une banque ? Le peuple n’est alors qu’un client passant un contrat avec des dirigeants pour une durée limitée…

Car cette solidarité est évidemment à géométrie variable. Ainsi on observe sans vergogne la 4e banque espagnole, Bankia, appeler au secours un État espagnol déjà particulièrement dans le rouge. Pourtant selon la vulgate du FMI et l’échelle de responsabilité libérale ou non, ce devrait être d’abord aux employés de Bankia de payer, puis aux autres banques et aux institutions de contrôle. Les épargnants ne devraient qu’arriver en dernier.

La dette publique désigne « l’ensemble des engagements financiers pris sous forme d’emprunts par l’État, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement ». Cette dette est « possédée » par différents acteurs, extérieurs ou intérieurs, à travers des titres financiers, emprunts, etc. Dans le cas grec, ce serait donc d’abord aux différents gouvernements de payer nominalement leur mauvaise gestion ; charge à eux de se retourner contre les responsables de l’encaissement des impôts, mais aussi faire encaisser les dettes que lui devraient d’autres États ou sociétés (cf. notre article). Ainsi, l’Allemagne ne s’est jamais acquittée de sa dette de guerre – une ardoise d’environ 100 milliards d’euros – au nom du plan Marshall, de la peur du communisme ou de la réunification.

On le voit, cette notion de solidarité est à géométrie variable. Dans le monde de la grande entreprise, ce sont les employés qui trinquent et trop rarement les dirigeants responsables d’une mauvaise gestion (tandis que des milliers de patrons voient leur PME agoniser sous l’oeil cynique des banques et de l’Etat froid). Dans le cas des banques, aucun dirigeant de banque n’a été mis sur la sellette alors que le principal déclencheur de cette crise de la dette est précisément la présence de placements dits toxiques dans les portefeuilles des États et collectivités qui a conduit à l’explosion d’une bulle artificielle.

Alors, si Christine Lagarde aime tant la solidarité, qu’elle la conjugue avec la justice, cela la conduira naturellement à demander des comptes au monde de la finance ! Et celle-ci à des noms connus et même tellement reconnus qu’ils sont toujours en poste.

Ice

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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