Une rentrée littéraire mérite qu’on réfléchisse à son objet. Un objet fabriqué notamment par des éditeurs. Quels sont les intérêts qui gouvernent les mondes de l’édition et quelles craintes doit leur inspirer l’affirmation des nouvelles technologies ? Deux points de vue : celui de Jean-Marc Roberts et d’André Schiffrin.

L’éditeur et essayiste Schiffrin dresse dans une conférence qui s’est tenue le 28 avril 2011 à l’Université de Liège le tableau d’une situation qui laisse peu de place à l’optimisme. Comme toujours, il analyse les menaces qui pèsent sur le monde éditorial et dénonce les phénomènes de globalisation qui touchent le monde de l’édition et des médias.  Regarder la conférence

Il y a 30 ans, Jérôme Lindon s’est battu pour le prix unique. Aujourd’hui, je pense qu’il faut se battre pour le lieu unique. Le lieu unique, c’est la librairie, c’est pas la vente en ligne. La vente en ligne, moi je crois que c’est ça qui peu à peu va détourner le vrai lecteur de son libraire et donc de la littérature.

Telle est la proposition plutôt polémique avancée  sur les ondes d’Europe 1 par Jean-Marc Roberts, directeur des éditions Stock. Il a par la suite nuancé son propos en affirmant ne vouloir s’opposer ni aux grandes surfaces ni à la vente en ligne mais souhaiter rappeler le rôle essentiel de la librairie de proximité.

Un lieu unique, c’est un lieu singulier. La librairie est le seul lieu où l’on vous accueille, où l’on vous conseille, où l’on trouve un choix de littérature sur les tables, qui peut plaire ou déplaire, mais qui est un choix de libraire. Il est bien évident que le lecteur en zone rurale, où la première librairie est à 200 km, va commander sur Internet. Mais si les citadins des grandes, moyennes ou petites villes, où beaucoup de bons libraires vivent encore, préfèrent commander sur Amazon, moi ça me révulse.

Alors, combat d’arrière-garde ou position de principe? On attend avec d’autant plus d’impatience les propositions de vente en ligne émanant de libraires indépendants !

Le défi n’est-il pas aujourd’hui de transposer sur la toile la mission d’accueil, de conseil, de sélection revendiquée à juste titre par Jean-Marc Roberts comme étant l’apanage du « vrai libraire » ? Dans cette veine, Unidivers renvoie ses lecteur au site de 1001 libraires qui a le mérite de constituer un début de réponse et d’action.

Pour info :

400 %, c’est la hausse du marché du livre numérique en Europe en 2010, marché qui ne représente néanmoins que moins de 1 % des achats de livres ;
– pour 2015, les projections prévoient une proportion de 15 % du marché du livre pour les revenus liés à l’ebook ;
– le Royaume-Uni a une longueur d’avance sur le reste de l’Europe avec une perspective de 100 millions £ pour les ventes de livres numériques en 2011 soit 5 % des achats de livres dans le pays ;
– en guise de repère, les chiffres du marché aux USA : en 2010 l’ebook représentait 6,4 % du marché du livre soit 878 millions $ ; ce pourcentage n’était que de 0,6 % en 2008… (Sources : Futuresource Consulting)

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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