Tout au long de La franc-maçonnerie au coeur de la République, Jean-Paul Lefebvre-Filleau tente de montrer les liens étroits qui unissent les francs-maçons et l’Etat depuis les années 1870 à nos jours. Si l’écrivain ne semble présenter que des faits, une message sous-jacent est patent qui condamne cette trop forte collusion.

 Certes, selon l’auteur, les différentes maçonneries ont chacune oeuvré différemment a ce que la société française progresse par la création de libertés inexistantes, voire en repoussant les murs qui délimitaient les frontière de notre démocratie. Le moment historique fondateur par excellence est la Révolution française. Reste à savoir quel maçon et quelle maçonnerie a œuvré dans quelles proportions à son avènement. Et ce, en marge de l’inéluctable affirmation de la bourgeoisie dans la société française qui constitue la principale raison de ce bouleversement politique.

Cela étant, selon l’auteur, il existe une autre face et une autre activité de la maçonnerie. L’auteur la raconte par le menu. Et, de fait, les déviations et les délinquants en cols blancs y sont nombreux. Malheureusement, on regrettera que l’auteur ne s’emploie pas mieux à présenter ce qu’est la maçonnerie en tant que doctrine. En raison d’un réductionnisme factuel et sociologique, il en résulte un ouvrage à charge qui a le défaut d’oublier qu’au final la société maçonnique ressemble à bien d’autres associations, communautés, organisations : le pire cotoie le meilleur, l’affairisme égoïsme et le désir de vaine gloire à côté de l’activité modeste d’honnêtes cherchants de vérité qui désirent édifier, à travers une expérience rituellique, des prisons au vice et des gloires à la vertu.

Un livre intéressant en termes informatifs mais partial en ce qu’il manque plusieurs angles de vue et  parapets critiques.

La franc-maçonnerie au coeur de la République, 1870-2012, de Jean-Paul Lefebvre-Filleau, De Boree, novembre 2012, 480 p, 28€

Quatrième de couverture

Quand on prononce le terme « franc-maçonnerie », peu de gens restent indifférents. Les réactions sont diverses : pour certains, cette association qui a pris naissance, dans sa forme moderne, au début du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne est le défenseur de la démocratie et des libertés républicaines ; pour d’autres, elle constitue une mafia ou un pôle anticlérical. D’aucuns ajoutent : « Et allez donc savoir ce qui se passe dans les réunions maçonniques, dont le déroulement est protégé par un secret absolu ! » Jean-Paul Lefebvre-Filleau s’attache ici à montrer que, dès 1870, les francs-maçons ont activement contribué à l’élaboration et à la défense des valeurs républicaines et sociales, tout en soulignant le danger d’une association dont les membres ont acquis de solides positions jusque dans les plus hautes sphères de l’État. Il révèle également que certains frères sont devenus des délinquants « en col blanc », ce qui a obligé les diverses obédiences maçonniques à déclarer haut et fort que les « brebis galeuses » qui s’étaient introduites dans leurs rangs n’avaient déshonoré qu’elles-mêmes. De la fin du Second Empire aux dernières élections présidentielles, c’est au coeur de presque un siècle et demi de relations entre la franc-maçonnerie et la République française que l’auteur nous invite à plonger.

 

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