La Crypte, la mort de Joseph est la nouvelle pièce d’Henry Le Bal. Ballet mystérieux de personnages et de mots qui ne résonnent plus en surface. Dans la crypte d’une église qui menace de s’effondrer, un ouvrier spécialiste du bois surnommé Joseph vient inspecter les colonnes. Il fait la rencontre d’un homme singulier, reclut dans une barque. Il propose à Joseph une bien étrange activité : écouter et transcrire les voix qui remonte du purgatoire le long d’une colonne, composer un poème salvateur avec les dernières phrases des âmes…

Henry Le Bal lors de la première de la Crypte
Henry Le Bal lors de la première de la Crypte

Henry Le Bal poursuit ainsi sa quête créatrice en forme d’investigation angéologique. Il pointe les interstices silencieux du monde des hommes et de la pensée, explore en spéléologue énergique du verbe les soubassements de l’indicible humain. Sans lampe frontale car, toujours dans les ténébreuses entrailles des plus noirs souterrains brille une très humble lumière.

Inventant (comme on dit d’un chercheur de trésor qu’il est l’inventeur de sa découverte) des biographies contemporaines et oniriques aux personnages bibliques les moins pourvus de perpétuation scripturaire, Henry Le Bal s’attache encore et toujours avec une verve lumineuse et virevoltante à débusquer les infimes cicatrices que les mystères de la beauté (de la souffrance aussi) laissent sur le monde. Alors, toujours, sous des angles différents, mais avec tout le temps une compréhension émue et charitable pour les êtres de chair et de sang, autant que pour les âmes (toutes les âmes), notre auteur sonde les vibrations de la création qui sauve, qui réjouit, qui guérie. Même dans la tristesse, même dans l’effondrement et la ruine.

Après le baroque soliloque d’Insularis, Henry Le Bal, épure son style et parvient à effleurer la sève du mystère. Joseph et l’homme à la barque sont solidement campés dans deux registres différents, savamment taillés dans une langue qui incarne les pleins et les déliés de leurs « personnalités ». Leurs dialogues se tendent et frôlent dans le mystère de l’incompréhension, entrecoupés seulement des interventions révélatrices du sacristain naïf et du curé au langage babélien…

Dans La Crypte, les plus profonds tréfonds s’illuminent des présences comme des absences. Les dialogues du visible et de l’invisible, du blabla pataphysique et du tendre indicible nous prennent par les mains de l’esprit, et nous guident vers tous les chants inextinguibles du mystère. Du fond de La Crypte comme des ruines d’une culture éteinte s’élève le poème mélodieux de la création, de la vie qui enjambe la mort et s’échappe, encore…

La Crypte Henry Le Bal (La mort de Jospeh), L’Âge d’Homme, 2013, 108 pages, 9€

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Crypte de l’Eglise Saint-Sulpice 75006 PARIS Métro Saint-Sulpice
du 25 octobre au 15 décembre 2013, 12/18 €, billetterie sur place.

NOVEMBRE
Vendredi 8 – 20h00
Samedi 9- 20h00
Dimanche 10 – 16 H 00
Vendredi 15 – 20h00
Samedi 16- 20h00
Dimanche 17 – 16 H 00
Vendredi 22 – 20h00
Samedi 23- 20h00
Dimanche 24 – 16 H 00
Vendredi 29- 20h00
Samedi 30- 20h00

DÉCEMBRE

Vendredi 6-  20 H 00
Samedi 7- 20 H 00
Dimanche 8- 16 H 00
Vendredi 13- 20 H 00
Samedi 14 -20 H 00
Dimanche 15 – 16 H 00

 

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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