Terme générique et fourre-tout, le Krautrock ou « Rock Choucroute » est utilisé pour la première fois en 1972 dans le magazine anglais Melody Maker, où il désigne la scène rock allemande en pleine expansion depuis la fin des années 60. À l’origine, un titre du groupe Amon Düül, Mama Düül und Ihre Sauerkrautband, paru en 1969. 

Krautrock - Pochette d'un disque de compilation

Le Krautrock n’est pas un mouvement aussi défini que le rock ou la pop. Sa dynamique est avant tout nourrie par la réaction de créateurs ouest-allemands à un nouvel élan musical. Nous sommes au début des 70’s, l’époque découvre le mouvement psychédélique à travers des groupes comme les Pink Floyd et Jefferson Airplane. Curieux de ce nouveau son, quelques musiciens se l’approprient pour le transcender, mélangeant rock progressif, expérimentations et improvisations. Une recherche d’expressions sonores influencée par la vague hippie, avec pour seule limite créative les 22 minutes par face des 33 tours.

Durant les années 1968 à 1975, le Krautrock insuffle une énergie nouvelle à la musique contemporaine. Les premiers groupes à initier le mouvement sont Organisation (futur Kraftwerk) à Düsseldorf, ainsi que Amon Düül et Popol Vuh à Munich. Ce dernier signera, en outre, l’essentiel des bandes originales des films de Werner Herzog. La scène ouest-berlinoise n’est pas en reste et voit naître deux grands noms qui deviendront aussi des figures de proue de la musique électronique planante : Tangerine Dream et son batteur, Klaus Schulze. Malgré l’influence du mouvement sur la production internationale des années 70, il faudra attendre la chute du Mur de Berlin pour qu’il gagne en notoriété au-delà des frontières de la RFA. Au début des 90’s, une nouvelle génération de musiciens commence alors à redécouvrir la musique de papa et à s’en réclamer. Depuis, les compilations fleurissent. 

Krautrock - Pochette d'un disque de compilation

Les amateurs désireux d’approfondir le sujet doivent impérativement se procurer le livre Krautrock sampler : Guide personnel de la grande kosmische Muzikale, véritable bible signée Julian Cope, chanteur du groupe The Teardrop Explodes. L’ouvrage est incontournable pour découvrir cette impulsion méconnue de la musique allemande. Il existe aussi l’excellent reportage Krautrock : The Rebirth of Germany, accessible sur de nombreuses plate-formes numériques. Le film creuse finement l’influence qu’a pu avoir le mouvement sur le rock anglo-saxon, et sur des artistes majeurs tels David Bowie, Brian Eno, David Byrne ou Iggy Pop. Il explique aussi la nécessité pour toute une génération de s’inventer une nouvelle identité musicale au sein d’une Allemagne encore traumatisée par la guerre.

Aujourd’hui, Munich & Düsseldorf semblent avoir oublié qu’elles furent le berceau d’un des genres musicaux les plus marquants de la culture européenne, et c’est à Berlin que les passionnés trouveront leur bonheur. De nombreux disquaires indépendants proposent un large choix de Krautrock, avec, pour certains, l’aménagement d’un rayon spécifique. Londres, Vienne, Stockholm, Oslo et Copenhague offrent également quelques endroits où les mordus auront cœur à fouiner. Entendu que certains vendeurs ont mis en ligne une partie de leur offre. Alors, affutez vos claviers et à vos moteurs de recherche. 

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Krautrock-Sampler, de Julian Cope - Editions KARGO/L'ECLAT

Krautrock-Sampler : Guide personnel de la grande kosmische Muzikale

Un livre de Julian Cope – Editions de L’éclat

160 pages – 15,50 €

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Introduction au Krautrock ou Rock choucroute

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Jérôme Enez-Vriad
Jérôme Enez-Vriad est blogueur, chroniqueur et romancier. Son dernier roman paru est Shuffle aux Editions Dialogues.

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