Le Joli collectif était nommé à la direction du théâtre L’Aire libre de Saint-Jacques de la Lande en décembre 2022. En janvier 2023, la compagnie qui dirigeait le Théâtre de poche d’Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine) depuis 2010 prend désormais ses quartiers dans son nouveau terrain de jeu, qu’elle occupera pendant cinq ans au moins. Un temps qui, on l’espère, sera suffisant pour mettre en place un projet artistique fondé sur l’accessibilité, la variété des publics et des formes de spectacles.

En plein réaménagement, le hall du théâtre L’Aire libre est quelque peu chamboulé. C’est là que nous retrouvons Élisabeth Bouëtard, Jenny Dodge et Vincent Collet. Avec Enora Boëlle, le quatuor représente le Joli collectif, désormais à la direction de la salle de spectacle jacquolandine. Autour d’un café, les présentations vont bon train. Élisabeth sera responsable du pôle public, c’est-à-dire tout ce qui concerne la billetterie, la communication et l’action culturelle. Jenny s’occupera elle du pôle production et participera à la programmation avec Enora et Vincent, tous deux comédiens, metteurs en scène et fondateurs du Joli collectif en 2002.

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Jenny Dodge, Enora Boëlle, Vincent Collet et Élisabeth Bouëtard © Lise Gaudaire

Celui-ci naît de la rencontre des deux artistes pendant leurs études d’art dramatique à Paris. Il et elle se rejoignent sur « l’envie de prendre en main les choses par soi-même, une envie de mettre en scène nos propres projets », raconte Vincent Collet. Les deux étudiants en théâtre sont alors séduits par les dramaturgies non linéaires et pas complètement naturalistes, telles les œuvres de Copi, Koffi Kwahulé et Franz Xaver Kroetz, « des choses jouissives en termes de jeu », ajoute le dramaturge. 

Avec le temps, ce dernier s’est intéressé à la thématique politique du collectif, comme dans son triptyque, Pouvoir/ou pas, dont le troisième volet, Justice·s, est en cours de création. Quant à Enora Boëlle, elle se tourne assez vite vers des formes d’autofiction, puis, à partir de 2015, vers le seul en scène et les spectacles jeunesse, plus précisément destinés à un public adolescent. Cette dernière particularité doit beaucoup au projet qu’a porté le Joli collectif pendant près de 13 ans, le Théâtre de poche d’Hédé-Bazouges. « On avait un souci commun de porter un axe jeunesse », explique Vincent Collet.

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© Théâtre de poche

De retour en Bretagne après leurs études, Enora Boëlle et Vincent Collet ont le désir de « s’inscrire plus dans le territoire ». Le Joli collectif assure une première résidence mission au centre culturel du Coglais (Ille-et-Vilaine), puis candidatent pour reprendre le théâtre d’Hédé-Bazouges. Porté par une association qui n’avait pas pu perdurer, celui-ci est alors en pleine rénovation et le Joli collectif a l’opportunité de créer de toute pièce un nouveau projet, le Théâtre de poche. Tout est à faire.

Et le Théâtre de poche est d’emblée pensé comme une action globale de soutien à la diffusion et à la création théâtrale, avec une saison annuelle d’une quinzaine de spectacles, un festival bisannuel, des actions culturelles, des résidences artistiques. « On a eu la chance de pouvoir développer un projet en milieu rural et de le voir s’ancrer sur le territoire », affirme Élisabeth Bouëtard, qui rejoint le Théâtre de poche en 2015. Et, en effet, le Joli collectif a réussi à réaliser un projet politique qui préexistait à son arrivée, celui de créer un théâtre intercommunautaire porté par deux communautés de communes, Bretagne romantique et Val d’Ille-Aubigné. « Ça a permis que les communautés de communes inscrivent dans leur fonctionnement l’existence et le soutien au Théâtre de poche », résume Vincent Collet. La DRAC (direction régionale des affaires culturelles) a même créé pour ce projet le label Scène territoire. « La petite échelle des lieux oblige à mettre en œuvre des politiques nouvelles », explique Vincent.

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© Théâtre de poche

C’est donc confiant en l’avenir du Théâtre de poche que le Joli collectif vogue vers de nouvelles aventures qui le conduisent à L’Aire libre de Saint-Jacques de la Lande. Après dix ans de gestion par le CPPC (Centre de production des paroles contemporaines, également à l’origine du festival Mythos et de la salle de concert et guinguette le Mem), la mairie jacquolandine lui confie les clés de la salle. Le Joli collectif a obtenu cette délégation de service public (DSP) pour un contrat de cinq ans renouvelable. 

Pour les porteuses et le porteur du projet, qui assureront à quatre la direction des lieux, ce déménagement répond à l’envie de rencontrer d’autres publics et de découvrir un nouveau territoire. « Dans nos milieux, le changement favorise un élan de se réinventer toujours stimulant » déclare Jenny Dodge. Celle-ci a rejoint le Théâtre de poche en 2022, d’où l’envie d’« écrire tous ensemble une nouvelle histoire », explique-t-elle. La localisation dans la métropole rennaise, la jauge de 276 places (pour une centaine au Théâtre de poche), la possibilité de programmer plus de dates et sur un plus grand plateau de scène représentent des enjeux différents et des défis stimulants.

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© L’Aire libre

La programmation de L’Aire libre restera bien évidemment théâtrale, mais inclura d’autres esthétiques : de la danse, du cirque, des formes hybrides, « des spectacles qui interrogent les formes scéniques », explique Jenny Dodge, « ou qui mettent le réel au centre, avec l’autofiction », ajoute la chargée de production. Elle continue : « J’ai été étudiante à Rennes et à l’époque cette scène était emblématique d’une certaine émergence, d’une prise de risque artistique. On venait ici pour se frotter à des choses inédites ». Le Joli collectif souhaite donc renouer avec cette histoire.

Les principaux apports à la programmation annuelle seront des spectacles à destination de la jeunesse et des familles — selon la logique d’au moins une proposition par tranche d’âge — et trois temps forts, « des moments qui permettent de retrouver des gens de manière plus longue que simplement en allant au spectacle », selon Vincent Collet. La saison débutera en septembre par Vivant·e·s, « un temps rassembleur, et de fête, qui va s’intéresser aux questions inclusives, écologiques, citoyennes », précise Vincent. En mars, Bal sera « un événement dédié aux adolescents, organisé par et pour eux », explique Jenny Dodge. En fin de saison, Monde·s sera l’occasion pour inviter des artistes étrangers, notamment issus du projet Résidences en mouvement, qui réunit des compagnies belges, suisses, italiennes et canadiennes.

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© Théâtre de poche

Au-delà de ce contenu, le Joli collectif souhaite développer à L’Aire libre l’accessibilité, la médiation et le soutien à la création. La grille tarifaire sera réduite de moitié. La programmation jeunesse s’accompagnera de projets d’action culturelle et de résidences artistiques en milieu scolaire ou dans d’autres volets du champ social comme les entreprises ou le milieu hospitalier. Une nouveauté sera aussi la création d’un bureau des compagnies, un centre de ressource destiné aux compagnies émergentes. Dans l’idée de faire vivre le lieu différemment, des ateliers de pratique théâtrale sont envisagés et une librairie, en partenariat avec la Rennaise Nuit des temps, est en cours de confection dans le hall d’entrée chamboulé de l’Aire libre. « On a envie que les habitants prennent leur place dans le projet », affirme Élisabeth Bouëtard.

De janvier à juin 2023, le Joli collectif sera partagé entre la fin de saison au Théâtre de poche et à sa prise de fonction à l’Aire libre. Il accueille ainsi tous les spectacles programmés par son prédécesseur le CPPC, à commencer par Dark Was The Night d’Emmanuel Meirieu et la compagnie Bloc opératoire, les 20 et 21 janvier 2023. « Une grande forme, avec du monde au plateau, très visuelle, sur le mode du récit et dans un univers science-fiction très cinématographique », annonce Jenny Dodge.

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Dark Was The Night

Le Joli collectif vous attend donc à Saint-Jacques pour une grande bouffée d’Aire libre.

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Jean Gueguen
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