J’avais une île de Lorenza Pieri : un séjour sur l’île du Giglio au large de la Toscane à la découverte de la saga d’une famille attachante dont les deux héroïnes, Caterina et Teresa nous invitent à revivre une tranche de vie des années 1970.

J'avais une île Pieri

Caterina et Teresa sont nées dans les années 1970 sur cette petite île, le Giglio, au large de la somptueuse Toscane. Dans une époque quelque peu mouvementée, les deux filles vont grandir entourée d’une famille aux valeurs fortes. C’est le récit d’une saga qui s’étend sur plusieurs décennies.

Les différents personnages plus attachants les uns que les autres (peut-être moins que chez Elena Ferrante, car on ne peut comparer un volume contre quatre chez Ferrante) ; ils présentent tout de même des caractères colorées et chauds comme la réputation qui marque depuis toujours le tempérament des Italiens. Elena, la mère est surnommée « La rouge », pas seulement pour sa chevelure flamboyante, mais avant tout et surtout pour ses idées politiques et l’on sait combien le Parti communiste était vif et influent dans ces seventies italiennes. On avait pris ses distances avec la légendaire Dolce Vita des années 1960.

Normalia, la grand-mère, ne laisse pas non plus sa place et tient bien faire entendre son sens du matriarcat, toujours marquant dans une société pour le moins sexiste et machiste. Cependant, comme nombre de pays méditerranéens, les hommes, souvent forts en gueule, rampent dès la porte de la maison passée, car les femmes commandent chez elles, au-delà des coups qu’elles peuvent prendre quand leurs hommes rentrent au soir, parfois avinés.

Entre les deux sœurs, les choses ne sont pas toujours simples. Comme dans toutes familles, siffleraient des lecteurs de mauvais augure. Il n’empêche, dès qu’on est deux, souvent l’une ou l’un veut prendre l’ascendance sur l’autre. Et dans J‘avais une île, c’est Caterina, l’aînée, qui subjugue et domine Teresa, la cadette, qui, pour prendre son envol et trouver sa propre place, devra mettre de la distance physique et affective avec son île, avec les siens. Grandie, au temps des décisions importantes pour son propre développement, pour son propre équilibre, il faudra savoir prendre la mer pour d’autres ailleurs.

Si Lorenza Pieri est très attachée à ses personnages, soucieuse de nous inviter dans les échanges parfois drôles parfois tendres, parfois cocasses, souvent touchants, elle ne cesse de dépendre les ambiances insulaires tout autant que celles qui marqueront l’Italie des années 1970, une réelle instabilité politique, une lutte sans cesse de la gauche contre une droite très dure et la présence de la mafia qui gangrène jour après jour les relations politico-socio-économiques de ce pays coloré, odoriférant, et si attachant.

« Entre roman d’apprentissage et saga familiale, ce livre magnétique articule avec bio les destins individuels et celui d’un pays, montrant comment l’Histoire afflue partout, jusque sur les côtes d’un petit paradis perdu. »

Une réussite !

J’avais une îleLorenza PIERI. Éditions Préludes – 352 pages. Parution : 4 septembre 2019.16,90 €. Traduit de l’italien par Julia Nannicelli.

Couverture : © Sergio Larrain/Magnum Photos.

LORENZA PIERI

Lorenza PIERI est née à Lugo di Romagna, près de Ravenne, et a grandi sur l’île du Giglio. Après des études à Sienne et à Paris, elle a travaillé quinze ans dans le milieu de l’édition. Elle a contribué à diverses anthologies et revues littéraires. Aujourd’hui traductrice, elle vit aux Etats-Unis. J’avais une île est son premier roman.

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Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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