Un État européen, la Hongrie, contrevient actuellement à toutes les valeurs partagées par les pays du vieux continent rassemblés en une même communauté de destin au sein de l’Union européenne. Le parti au pouvoir, le Fidesz, a fait voter des lois tellement injustes et antidémocratiques qu’on se demande si ce pays a réellement vécu la tragédie de la Seconde Guerre mondiale ou le joug communiste durant un demi-siècle.

La marche en arrière rétrograde, des exemples

 1-  Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán, ancien étudiant progressiste devenu par opportunisme un politicien ultraconservateur, a multiplié les mesures autoritaires. Il y a un an, il faisait adopter une loi controversée sur les médias. Le service public a été transformé en outil de propagande, provoquant ainsi des grèves de la faim de journalistes. De même, l’unique radio d’opposition en Hongrie, Klubradio, a perdu sa fréquence après une décision du Conseil des médias, proche du gouvernement conservateur.

2-   Les milices d’extrême droite pullulent en Hongrie en totale impunité. En total oubli – voire négation – des heures sombres de la période nazie, elles se sont mises à pourchasser les Roms. Dans le village de Gyöngyöspata, dans le nord-est de la Hongrie, deux cent soixante-dix-sept femmes et enfants roms ont fui, le vendredi 22 avril 2011, avant le retour d’une milice d’extrême droite, qui voulait y organiser un « camp d’entraînement ». Dans une autre commune, un service de travail obligatoire a été institué pour les Roms mais pas pour les Hongrois…

3-   Le premier ministre de droite populiste, Victor Orbán, a fait voter une loi assurant à son parti les trois quarts des sièges au Parlement avec seulement 25% des voix.

4-   L’impôt sur le revenu à taux unique (16%), initié par le gouvernement cette année, a été inscrit dans la Constitution (pauvres et riches s’acquittant de manière identique).5-  Après les médias, le parti populiste d’Orbán s’est attaqué à la justice. Une loi a permis la révision des jugements qui condamnent les émeutiers d’extrême droite de 2006. La majorité a ensuite abaissé l’âge de la retraite des juges, de 70 à 62 ans, mettant ainsi à la porte 300 magistrats. Les médias proches du pouvoir les ont traités de «sanguinaires» de l’époque stalinienne. Pourtant, aucun d’entre eux n’exerçait dans les années 50.

6-   Le Parlement hongrois a également adopté, le vendredi 30 décembre, une nouvelle série de lois controversées qui isole encore davantage le pays au sein de l’Europe.

La première d’entre elles accroît l’influence du gouvernement conservateur de Viktor Orban sur la Banque centrale. La loi a été adoptée avec 293 voix pour 4 contre et une abstention, grâce à la majorité des deux tiers dont dispose le parti Fidesz du premier ministre, Viktor Orban.

 La deuxième est une loi sur les religions. Le Parlement a entériné une nouvelle loi sur les religions, qui réduit à 14 – contre à peu près 300 actuellement – le nombre de communautés bénéficiant de subventions publiques.

Puis une loi réduisant à la portion congrue les débats au Parlement et une autre loi sur « les crimes communistes », visant rétroactivement les dirigeants du Parti socialiste (ex-communiste), lesquels dénoncent « la mise en place d’une dictature ».

Ces nouvelles lois sont les dernières d’une longue série qui isole la Hongrie au sein de l’Europe et abîme un peu plus la démocratie hongroise.

Enfin, pour finir sur cette parodie de pays, prenons acte de la dernière mesure protectionniste : le gouvernement hongrois vient d’instaurer une taxe sur les chiens de race non hongroise !

Comment réagir face à ce recul démocratique ?

Tout Européen devrait être scandalisé par ces méthodes d’un autre âge. Pourtant, on entend peu de réactions… La Hongrie régresse petit à petit en catimini sans que l’Europe ne s’exprime ! Au regard de ce qui se passe, il serait même pertinent de sortir ce pays provisoirement de l’Union. Mais rien n’est précisé sur le sujet dans les traités ! Une fois rentré, on pourrait rester à vie dans l’Union, même en cas de mauvais comportement. En revanche, l’Union met des bâtons dans les roues à la candidature d’un pays voisin, la Serbie, qui, elle, multiplie les efforts pour s’intégrer démocratiquement !

Côté réactions, on peut citer celle du gouvernement des États-Unis qui est profondément inquiet à cause de la loi sur les Églises. Il y a eu aussi celle de Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge et président des libéraux au Parlement européen, qui considère la nouvelle Constitution hongroise, aux accents très nationalistes, qui entrera en vigueur au 1er janvier, comme le « cheval de Troie d’un système politique plus autoritaire fondé sur la perpétuation du pouvoir d’un seul parti ».

Sinon, il y a la traditionnelle prise de bec avec Daniel Cohn Bendit au Parlement européen qui ne s’est pas gêné pour se farcir l’Ubu roi des plaines de Pannonie.

On peut regretter qu’il n’y ait pas plus de personnalités et de gouvernement à nous alerter sur cette dégradation de la société hongroise. Car, malgré la volonté de Viktor Orbán de faire ce que bon lui semble dans son petit pays, nous sommes tous concernés par ce problème en tant qu’Européens.

On peut aussi trouver désolant le laisser-faire du peuple hongrois. Comment en effet, ce peuple peut-il revenir à une société totalitaire alors qu’il a vécu de très près la collaboration totale et le joug soviétique ?! On a parfois le sentiment qu’une grande partie de ce peuple ne s’est jamais vraiment remis de la perte de l’influence de l’empire austro-hongrois…

Si les Hongrois veulent conserver leur prétendu prestige, ils feraient mieux de nous démontrer tout de suite qu’ils ne ressemblent pas à cette caricature de pays replié sur lui-même à forte connotation totalitaire.

Et ce n’est pas l’acquittement de Sándor Képíró – complice les 21 et 23 janvier 1942 de la mort de 1200 civils serbes et juifs sur les bords du Danube à Novi Sad – qui va nous rassurer…

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POLITIQUE ÉCONOMIQUE NON ORTHODOXE
La politique économique « non orthodoxe » de Viktor Orban – « taxe de crise » sur les banques, les groupes énergétiques et de télécommunication, nationalisation des caisses de retraite privées – a fait plonger la devise hongroise, le forint, de plus de 20 % par rapport à l’euro au cours des trois derniers mois.

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