À l’heure où le printemps fait enfin son apparition, nous avons besoin de fraicheur et de douceur, et voici un petit roman parfait puisqu’il est empreint d’une légèreté et d’une finesse toute printanière, qui mettra le lecteur en joie et lui procurera un délicieux plaisir de lecture.

Paul vient de perdre sa mère et lors de son enterrement, rencontre sa tante Alice, dont il savait qu’elle existait, mais qu’il n’avait jamais vue et dont ses parents avaient peu parlé devant lui, si ce n’est à demi-mot en commentant quelques lettres reçues.

Un mystère plane donc autour d’Alice qui est devenue une charmante vieille dame, pleine de vie malgré ses soixante-treize ans, et d’une élégance discrète.

Histoire d’Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) – Francis DannemarkAlice a prévu de rester quelques jours dans la région et propose à Paul de se retrouver à son hôtel pour discuter et faire connaissance. Et c’est là tout d’abord, puis dans différents restaurants, salons de thé ou parcs de la ville que tante et neveu vont se rencontrer plusieurs fois de suite, et qu’Alice va raconter son incroyable vie. Elle est partie très jeune de la maison familiale pour se marier et vivre en Angleterre après le décès de ses parents et un autre évènement que le lecteur apprendra en cours de lecture, mais elle s’est malheureusement retrouvée bien vite veuve. Jolie et vive, elle a malgré tout rencontré rapidement une autre âme sœur. Sauf qu’il semble qu’une sorte de malédiction se soit fixée sur la jeune femme, car tous les hommes qu’elle aime et qui deviennent ses maris meurent… Alice est donc plusieurs fois veuve, passant de périodes de bonheur intense avec l’homme de sa vie à des périodes tristes et même de profonde dépression quand celui-ci vient à disparaitre.

Malgré cela, il y a chez cette femme une joie de vivre, une appétence au bonheur incroyable qui chaque fois lui permet de surmonter sa peine, aussi immense soit-elle et… de rencontrer un nouvel homme qui deviendra son futur mari. En plus de se marier de nombreuses fois (et d’être veuve autant), Alice parcourt le monde au bras de l’homme du moment et sillonnera ainsi une bonne partie de la planète : Angleterre, Canada, États-Unis, Inde, Italie… Peu importe le lieu, Alice est heureuse où qu’elle aille tant qu’elle est mariée. Elle garde tout au long de sa vie l’amitié indéfectible de Maggie, sa première belle mère, devenue au fil des ans sa meilleure aime, et qui représente son point d’ancrage, aussi bien physique avec son cottage en Angleterre, qu’affectif quand une fois de plus elle se retrouve veuve.

Cette vie aurait pu tourner à la catastrophe et la jeune femme aurait pu s’aigrir et ne plus du tout avoir envie ni de connaître l’amour, ni de faire de nouvelles connaissances. Bien sûr, à chaque fois qu’un malheur la frappe elle est bouleversée, mais en même temps, c’est une femme qui réfléchit peu et surtout prend les choses comme elles viennent, bonnes ou mauvaises. On la demande en mariage ? C’est « oui » tout de suite, car elle suit son instinct et surtout son cœur (elle ne pense « jamais à rien »). En cela, ce petit livre est extrêmement émouvant, et on s’attache à Alice, ses maris et sa vie atypique, rêvant presque de l’avoir pour grand-mère.

Paul aussi s’attache à sa tante et décide de prendre des notes après ses rencontres avec Alice, pour que le témoignage de sa vie ne se perde pas. Il ne s’étonne pas qu’elle lui fasse découvrir tous ses secrets (même ses petits secrets d’alcôve, la seule chose qui puisse éventuellement faire un peu tiquer le lecteur, car il est difficile d’imaginer une vieille grand-mère aborder le sujet du sexe, d’autant plus quand on comprend à la fin du roman les tenants et aboutissants de l’histoire !). Car Alice qui aime la vie aime aussi le sexe et ne s’en cache pas, mais ses paroles sont toujours tellement empreintes de fraicheur et de délicatesse que rien n’est choquant dans ce récit, ni jamais vulgaire.

Bref, vous l’aurez compris, on se prend d’amour pour cette vieille dame au tempérament incroyable et on prendrait bien exemple sur elle pour rester à ce point positif, en attente des bonheurs que peut procurer la vie, sans s’apitoyer sur les malheurs qu’on subit parfois.

C’est donc une superbe leçon de vie que nous transmet l’adorable Alice, avec de plus un dénouement tout à fait sympathique et plaisant pour ce conte enchanteur qui est une bouffée d’air frais et un concentré de bonne humeur et de tendresse, sans jamais tomber dans la caricature ni le ridicule.

Le lecteur gourmand pourra également se réjouir les papilles avec le chemin culinaire que nous fait parcourir l’auteur, puisque Paul et Alice se retrouvent régulièrement autour d’un repas, ainsi que pour ceux qui parlent anglais, se délecter des remarques d’Alice en anglais dans le texte, quand la vieille dame ne trouve plus les bons mots en français, pourtant sa langue maternelle (mais sans doute que les lecteurs qui ne parlent pas anglais seront désolés de la VO…).

À lire et à offrir à ceux que vous aimez !

Histoire d’Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) – Francis Dannemark, Robert Laffont, avril 2013,184 p.,14 €

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