clochard, riton, rennes, rue Le bastard
Henri dit Riton

Un mois et demi qu’il n’était plus là…un mois et demi que je ne le voyais plus quémander des « millions » auprès des habitués du Marché des Lices. Mon « clodo » préféré avait disparu de la circulation. Volatilisé du paysage et mes sourires avec. Qu’était devenu mon copain Henri ? Était-il parti vers d’autres cieux ? Je craignais le pire.

Mais il est costaud mon Riton. Dur comme de la rocaille bretonne. Il était là samedi matin, à l’angle de la rue de la Monnaie. Il tendait son « capiot » et m’a dit tout simplement : « T’as pas des millions ? » Mais si j’en avais de la mitraille, à ne plus savoir quoi en faire. Pour lui, j’étais prêt à fouiller dans le fond de mes poches et à vider mon portefeuille de piécettes jaunes.

« Ca va ? » lui ai-je demandé. « Oui, oui, cela va mieux, m’a-t-il répondu j’ai failli y passer, tu sais ! Un mois d’hosto et des recommandations du docteur ! » Il ne m’en a dit pas plus, pas moins. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de le tancer : « Tu vas les suivre, au moins ! »

En me retournant quelques mètres plus loin, je l’ai vu remettre son capiot… Il avait la mine des mauvais jours et moi la conscience pas du tout tranquille. Mon copain Riton a failli y passer et je ne l’aurais peut-être jamais su…

Jean-Christophe Collet

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