Une nouvelle mode : le Headbang ou Headbanging ? Mais enfin, de qui se moque-t-on ? Chouette ! Le vieux rocker que je suis ne peut s’empêcher de se réjouir à l’idée d’une nouvelle querelle avec ces petits jeunes, moutards abrutis aux vapeurs délétères d’herbes suspectes d’origine orientale. Et la bière, nom d’un larsen ! C’est quand même mieux que la beuh. Je t’en donnerai moi du Headbanging !…

 

Vous vous posez la raison de cette sainte colère sortie tout droit d’un album de Margerin… C’est simple, la nouvelle génération veut s’emparer d’un des sacro-saints codes du hard rock auquel nous n’avions pas donné de nom et que nous pratiquions avec vigueur. Ces godelureaux sans vergogne et qui n’ont rien inventé l’ont appelé Headbanging.

headbangingBon, bon, je vois à vos yeux écarquillés que l’anglicisme barbare ne vous en dit pas plus long quant à la gestuelle incriminée…  Explication. Vous devez bien parler un peu anglais, non ? Alors head, c’est la tête. Bon jusqu’alors vous ne m’avez pas impressionné. Pour le banging, les grammairiens fascinés par la pudique Albion (mon œil) ne manqueront pas de nous informer que cela vient de « to bang », mais manque de chance cela n’existe pas. Aussi une fois pour toutes laissez-moi vous éclairer, le Headbanging c’est la manière violente qu’ont les musiciens de hard rock et de heavy metal de secouer la tète en accompagnant le rythme efficace des mélodies qu’ils jouent. Le secret d’un Headbanging réussi réside dans le fait de donner l’impression que l’on se tape la tète contre les murs. En esthète, inutile de vous dire que pour obtenir un véritable effet dynamique, il est indispensable de posséder une tignasse à faire pleurer de rage un bataillon de chauves souriants. Camarades quinquas allez fouiller dans votre mémoire et souvenez vous de groupes comme Status Quo, des fabuleux Led Zeppelin, ayez l’œil humide et attendri, en vous souvenant de Deep Purple ou de Van Halen. Si vous préférez aller encore plus loin dans le dur alors parlons de Motörhead, Iron Maiden, Megadeth. Ah ! je vois que vous commencez à secouer la tète d’un air d’approbation, c’est un bon début, aussi permettez-moi de vous rafraîchir les idées avec quelques maîtres du genre qu’ignorent totalement nos ados post-pubères…

Motley Crue, Judas priest, et cerise sur le gâteau (que nous avons préalablement sauvagement piétiné), le délicat et si attachant Alice Cooper  et ses petits camarades de jeu de Sepultura. Et pour se remémorer tout cela, tous ces groupes mythiques, il faut avoir vécu sa jeunesse dans les années 70 à 80, alors franchement pas besoin de développer cette théorie plus longtemps pour démontrer que les jeunots n’ont rien inventé !

Cela dit, n’allez pas penser que nous en soyons sortis indemnes, car par excès d’enthousiasme ou par une pratique prolongée plus que de raison, nos organismes ont quelquefois subi « du temps l’irréparable outrage », et c’est dans certains cas peu de le dire. Le très sérieux journal médical « the lancet », cité dans Blake et Mortimer, donc forcément incontestable, donne l’exemple d’un Allemand de 50 ans se plaignant de maux de tète lancinants après avoir pratiqué un vigoureux Headbanging lors d’un concert de Motörhead. Après examen, c’est un hématome sous dural qui a été diagnostiqué et le virulent Tudesque a du être trépané pour extraire la poche de sang qui s’était formée…

Les traumatismes de la région cervicale, coup du lapin, les dissections de l’artère carotide ou la fracture de la deuxième cervicale sont également fréquents. N’oublions pas que le cerveau est mobile dans la boite crânienne et le secouer comme un panier à salade n’est pas vraiment indispensable si l’on souhaite préserver un esprit clair et une bonne motricité ! Aucune forme de headbanging ne vous met à l’abri, que vous pratiquiez le up and down, le side to side ou le spectaculaire circular wing, il y a toujours un petit risque. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que Jason Newsteed de Métallica a quitté son groupe, mais bien à cause de problèmes physiques. Même combat pour Dave Mustaine, guitariste de Mégadeth en 2011, obligé de quitter sa formation à cause de douleurs causées par de nombreuses années de pratique agressive.

De toute manière si elle n’avait, jusqu’alors, jamais porté de nom, cette pratique relevant de la danse se retrouve dans d’autres cultures. Objectif : atteindre une situation de transe. Pensez  aux épisodes frénétiques du flamenco espagnol ou aux montées en puissance du vaudou ou, encore, de la Santeria. À la fin des comptes, la nouvelle génération n’a fait que mettre un nom sur ce que le monde connaissait depuis bien longtemps. Pas vraiment de quoi s’émouvoir. En un mot comme en cent, le rock c’est nous !

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Rocky Brokenbrain
Notoire pilier des comptoirs culturels, Rocky Brokenbrain pratique avec assiduité depuis des années une danse alambiquée et surnaturelle. Zazou impénitent, il aime le rock'n roll, la guimauve, les grands fauves et, entre deux transes, écrire à l'encre violette sur les musiques et les danses qu'il aime... ou pas.

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