Guillaume Lebeau : Le troisième pôle. 1912, au Cap Nord en Norvège. Un enfant est atrocement sacrifié au nom d’un rituel à Gaïa. 1996, à Jökulsárlón en Islande. Le corps d’une jeune femme nue et entièrement recouvert de tatouages est découvert, emprisonné dans la glace. 

Novembre 2010, à Spitzberg entre la Norvège et le pôle Nord. Smila, une jeune paléoclimatologue française, tente de rejoindre son père, chercheur sur la base de Ny-Ålesund, pour lui apporter une série de documents qu’il lui a demandés.

Mais au moment où elle arrive sur la base, celle-ci est attaquée et mise à sac par un groupe d’hommes surentraînés. Le père de Smila meurt dans l’incendie de Ny-Ålesund avant d’avoir pu lui révéler l’objet de ses recherches. Que cherchait à détruire ce gang ? Quelles recherches menait le père de Smila ? Quels secrets renferment les documents du père de Smila ? Dans cette enquête qui la mènera aux quatre coins du monde, la paléoclimatologue découvrira qu’une sombre organisation cherche à troubler l’ordre mondial…

Norvège, Islande, Sibérie. Les lieux où se déroule l’histoire de ce thriller sont peu exploités par les auteurs français. Guillaume Lebeau, spécialiste de la littérature policière scandinave, fait exception. Il ancre ce polar écologique dans ces terres qui circonscrivent désormais de réels enjeux dans la course au dérèglement climatique.

Dès le début du roman, le lecteur est entraîné au coeur de courts récits se situant à diverses époques :


- en 1912, où l’on suit un groupe sectaire qui effectue un mystérieux rituel, dans le paysage norvégien du Cap Nord.

– en 1996,  où l’on suit des scientifiques qui font une étrange découverte au coeur d’un glacier.
-

en 2010, où l’on fait la connaissance de Smila Sibir, une jeune paléoclimatologue en partance pour rejoindre son père au Spitzberg. 
On le voit, beaucoup de personnages se succèdent ; et cela n’est pas terminé puisqu’une foison de personnages de côtoient tout au long du roman. Un peu difficile parfois de s’y retrouver… mais c’est le reflet d’une problématique mondiale qui concerne un nombre important d’acteurs.

Le personnage principal est Smila Sibir. Cette jeune femme au tempérament affirmé va vivre une aventure qui la dépasse sans toutefois perdre sa répartie et son entrain.

Lorsque son père meurt sur la base scientifique de Ny-Alesund, elle tombe dans un coma profond pendant six mois. Lors de son réveil à Paris, elle fait la connaissance d’Ethan Terrel. Cet agent de la DCRI souhaite savoir ce que sont devenus les documents secrets qu’elle était en passe d’amener à son père lorsque celui-ci est mort. Une amnésie l’empêche de répondre, mais elle ne se doute pas que des instances bien supérieures cherchent également cette information. Sont-ce des politiques ? Des fanatiques ? Un groupe de riches industriels ? Quoi qu’il en soit, le commanditaire doit être un homme influent puisqu’il fait appel à une société militaire privée (SMP) nommée Intelligence Solutions, pour faire parler la paléoclimatologue.


Dès lors, la jeune femme va devoir fuir, sans savoir exactement quel est l’enjeu de cette fuite et pourquoi les documents de son père sont si dangereusement convoités.

Contrairement à beaucoup de thrillers ésotériques où les personnages sont au coeur d’un jeu de piste qui leur fait découvrir des indices concrets tout au long de l’histoire, Smila, dans sa fuite, ne décèle pas l’enjeu que pourraient avoir les travaux de recherche d’un spécialiste de la fonte des glaciers. C’est à la toute fin du livre que l’auteur révèle la problématique. Le lecteur est informé de la piste générale, à savoir le dérèglement climatique, l’effet de serre, les problèmes nucléaires et tout ce qui nuit à la planète et à la vie qui s’y déploie.

Entre militants écologistes, adeptes du culte de Gaïa et industriels véreux dont la fortune ne passe que par les énergies fossiles, ce thriller se veut fortement écologique. Un thème actuel, politique, moral ; et original dans ce genre littéraire.

L’organisation de ce roman est très bien faite. Trois grandes parties, découpées en sous-parties, elles-mêmes scindées en courts chapitres. Une lecture très aisée, un rythme rapide. Le style de l’auteur  est  agréable. Sans parler de l’objet-livre qui est beau.

Un point négatif cependant : la fin se termine trop rapidement. Cela étant dit, Le troisième pôle procure un moment de lecture très sympathique, avec un thème peu exploité dans les thrillers.

A savoir : ce livre est la première aventure de Smila Sibir. L’auteur devrait donc revenir bientôt avec d’autres livres dans la même veine.

 

Guillaume Lebeau Le troisième pôle, Marabout, 512 pages, nov. 2011, 20 €

Guillaume Lebeau est déjà l’auteur d’une vingtaine de romans policiers, pour la plupart parus aux éditions du Masque et chez Phébus : L’Algèbre du besoin (Prix Cognac 1999), L’Agonie des sphères, (Masque de l’année 2000), Cold Gotha.

 

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