Le 24 février 2022, après avoir fait durer un mauvais suspens, Vladimir Poutine autorisait son armée à envahir l’Ukraine pour une opération censée être « éclair ». Un an plus tard, les Ukrainiens, l’Ukraine, Kiev, des villes et des hameaux continuent de résister. Et comme il n’y a pas de guerre propre, le coût humain, les deux camps confondus, approcherait les 300 000 morts et blessés, dont 500 enfants. A cet effroyable bilan s’ajoutent des destructions gigantesques, une économie à genoux et des impacts environnementaux qui prendront des dizaines d’années à être dépassés.

Il y a un an jour pour jour, le président de la Fédération de Russie, annonçait « une opération militaire » lors d’une allocution télévisée jeudi matin. Plusieurs villes d’Ukraine, dont la capitale Kiev, mais aussi Kharkiv, Odessa, Kramatorsk, Marioupol, ont été bombardées.

Devant cette attaque qui exhumait subitement les heures sombres de la stratégie impériale communiste soviétique, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a immédiatement déclaré : « Ce matin, chers citoyens, ce matin est entré dans l’Histoire, mais cette histoire est différente. À la fois pour notre pays et pour la Russie. Nous avons rompu les relations diplomatiques avec la Russie. L’Ukraine se défend et ne renoncera pas à sa liberté, quoi qu’en pense Moscou. Pour les Ukrainiens, l’indépendance et le droit de vivre sur leur terre selon leur volonté sont de la plus haute valeur ».

La guerre éclair s’est éternisée.

À ce jour, selon la Norvège, on décompte environ 180 000 morts ou blessés parmi les soldats russes, 100 000 du côté ukrainien. D’autres sources occidentales évoquent 150 000 pertes dans chaque camp. Fin janvier, l’ONU évaluait à 18 000 le nombre de tués et de blessés, tout en reconnaissant que « les chiffres réels sont considérablement plus élevés ». S’il est donc bien difficile d’obtenir des chiffres fiables, on peut estimer à 250 et 300 000 soldats blessés ou tués. Parmi les morts, environ 500 enfants, selon Kiev.

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Les bombardements russes sont à l’origine de nombreuses pertes civiles comme à Dnipro où, en janvier 2023, une frappe contre un immeuble a fait 50 morts, dont six enfants. Quant aux mines, 30 % du territoire ukrainien est pollué, selon Kiev, qui est aussi accusée par Human Rights Watch HRW d’en avoir émaillé la région d’Izioum. La décontamination des sols après la guerre sera longue…

Et la guerre éclair semble devoir s’étirer encore. Jeudi 23 février, le ministère russe de la Défense a accusé le régime de Kiev de fomenter « une provocation armée contre la république moldave du Dniestr [la Transnistrie, NDLR] dans un avenir proche ». Le Kremlin prétend qu’une « attaque mise en scène (…) depuis le territoire de Transnistrie » par des « unités des forces armées ukrainiennes, y compris le régiment nationaliste Azov » déguisées en militaires russes « servira de prétexte à l’invasion».

Une guerre également terrible contre l’environnement.

« La guerre pollue. C’est une évidence, mais cette pollution est très peu étudiée et documentée. C’est un angle mort », déclarait Bastien Alex, coauteur du livre La Guerre chaude (Presses de Sciences Po), à Reporterre. « Il est très difficile de quantifier à ce jour les dommages environnementaux provoqués par la guerre, notamment car les combats se poursuivent et que plusieurs régions sont encore occupées », déclare Céline Sissler-Bienvenu, représentante d’IFAW France dans un communiqué. « Mais nous savons, grâce aux rapports du ministère, que plus de 300 millions de mètres carrés de terres ukrainiennes ont été pollués, ce qui est délétère pour les animaux et les personnes, et le restera longtemps après la fin de la guerre. » « On manque de données pour recouper certaines informations, mais selon les chiffres délivrés par les autorités ukrainiennes, 3 millions d’hectares de forêts auraient été endommagés », témoignait Yehor Hrynyk, biologiste et membre du Groupe ukrainien de conservation de la nature, dans Reporterre l’été dernier.

Dessin par Michel Heffe

Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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