Le trio rennais Dead est tout sauf moribond ! Son premier album Voices est remuant et crépitant à souhait ! Au cœur d’une scène rock rennaise repue de garage et de post-math shoegaze la machinerie rétro-contemporaine de Dead, bien que fondamentalement sombre, fait un bien fou à l’âme et aux tripes…

 

deadSoutenu depuis ses débuts par le label rennais KdB Records (La STPO, Mein Sohn William, Eyjafjöll…), Dead, après les deux EPs Transmissions (2013) et Verse (2014) s’affirme pleinement avec l’album Voices (sortie nationale le 7 mai 2016). Plus équilibré, nuancé et profond ce premier LP confirme pourtant le sens instinctif de Dead, l’archaïsme primitif de son électro sulfureuse et tranchante vacillant aux frontières d’une cold-wave nourrie d’électro et lorgnant vers un post-punk innervé de noise et d’indus, biberonné à travers les âges par Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire

Dead

Dead (Berne Evol – voix, Brice Delourmel – guitare, Bernard Marie — claviers et programmation) est un projet propulsé par l’envie et, un peu par le hasard. Ainsi que nous le confie Berne le projet débute à l’instinct sans autre but que de produire quelques titres. Avec quelques machines et Brice à la guitare ils s’exercent en quête d’un son, leur son ! C’est avec l’aide active de Bernard Marie (Maria False, et membre éminent du collectif Nøthing, dont Dead est partie prenante) que le duo va trouver son point d’équilibre.

deadUn point d’équilibre sonore et temporel. Disons le tout net : coté rythmique et boite à rythmes le background — et gageons que pour les moins de quarante ans (sic) ça ne dira rien, c’est Front 242, Nitzer Ebb, A Split Second ou le mouvement de l’EBM (electronic body music). Ou, pire encore les sublimes ancêtres de DAF. Mais, et là est le tour de force de Dead, jamais on ne perçoit l’influence ou la référence consciente. Pour le reste Dead c’est donc du Dead ! Séquenceurs et boites à rythmes posent leur mécanique cadence de lave froide laminée, la guitare quant à elle s’élève au rang d’une turbine à sonorités épileptiques incognoscibles, des mélopées éthérées s’en arrachent en grands frissons épidermiques et nerveux. Ça groove, et ça groove grave, mais façon mécanique nucléaire en fusion, tendance Berlin années 1980, la rage noire et désillusionnée de plus de vingt ans de crises en plus. L’ensemble hybridé à la sensuelle furie et au suprême détachement de The Jesus and Mary Chain. La lumière dans tout ça c’est la voix, comme une humanité, déterminée, mais en retrait, de celle à qui nous prendrait l’envie de tendre une main fraternelle gantée de velours noir. La voix, cette voix percluse de bruit blanc, berceuse ou scansion, dominant de sa quasi-absence la noire rumeur incendiaire des machines. Si Dead est mort… alors longue vie à Dead !

Pour la sortie de l’album Voices, Dead sera en concert avec Veil of Light, le 7 mai 2016 au Bar’Hic à Rennes, 21 h, 6 €

Dead Voices LP 10 titres, Maniac Depression Records / KdB Records, digital 8 €, CD 10 € , 12″ vinyl (édition limitée) 15 €,  7 mai 2016

Photos : Jérôme Sevrette, Cyrille Bellec

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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