Le Greenwashing ou « écoblanchiment » signifie la volonté d’associer à sa marque une image éco-responsable par l’intermédiaire du marketing alors que la réalité peut être tout autre (voir notre article). Après les marques de voitures, de lessives, voilà que la politique s’y met.

Ce n’est pas nouveau de mélanger l’écologie et l’environnement à un discours politique. Le fameux Grenelle de l’environnement fut surexposé par le gouvernement avant un reniement progressif des avancées décidées. Il est désormais courant de mettre le « développement durable » à toutes les sauces. Jusqu’à parler de « véhicules propres » quand il s’agit seulement de « véhicules moins polluants ». Les lobbies de l’énergie se gargarisent de leurs recherches sur les énergies nouvelles comme l’éolien, l’hydroélectrique alors, qu’en réalité, les budgets sont largement inférieurs à ceux consacrés au nucléaire – le retard et le manque d’équilibre de la France en la matière sont patents.

Le regard écologique sur le monde n’appartient à aucun parti politique, et surtout pas à ceux qui en revendiquent la paternité par son emploi. Du NPA au Front National, chaque parti développe désormais des idées respectueuses de l’environnement, de la biodiversité et la protection de la planète. Bien sur, le « réalisme économique » reprend souvent le dessus. Arnaud Montebourg l’a rappelé tout récemment en qualifiant le nucléaire de « filière d’avenir ». La politique est faite ainsi : aller chercher des soutiens pour faire progresser au final un autre projet, promettre aux Français des réformes et ne pas les tenir, s’associer les écologistes pour les trahir après coup (mais Cécile Duflot aura eu ce qu’elle voulait).

C’est ainsi, par exemple, que les chasseurs participent à des actions de nettoyage pour redorer leur image au cri de « L’écologie qui agit ». Leur visuel de promotion est des plus suggestifs. Le fusil baissé du chasseur est au service de sa proximité avec tous les animaux qui font partie d’un ensemble naturel symbolisé par l’arbre. Image pacifique, voire idyllique à la façon des témoins de Jéhovah, d’une amitié scellée entre la nature, les humains et les animaux. De quoi faire oublier les accidents de chasse (2 blessés graves, dont un enfant, début décembre), le droit de suite et les violations de propriété malgré le dépôt de recours à la préfecture (voir sur le sujet le livre de l’ancien magistrat Gérard Charollois), le non-respect des quotas de prélèvement des espèces et les rejets de déchets autour des points d’affut ? Campagne de communication et contre-communication remplacent de nos jours le débat.

Certes, les associations de chasse pestent contre la bien-pensance urbaine qui ne comprendrait rien à la vie rurale et arguent qu’« il y a trop de sangliers et qu’il faut réguler cette population”. Leurs détracteurs répondent que la surpopulation d’une espèce entraîne un tarissement des sources de nourriture qui la régule pour finir. La véritable question tiendrait dans le complexe équilibre entre prélèvements d’une espèce et introduction dans un écosystème d’espèces exogènes. Un équilibre qui mériterait de réunir régulièrement autour d’une table l’ensemble des acteurs et spécialistes du milieu. En attendant, le promeneur du dimanche qui sursaute au retentissement d’un coup de feu pourra regretter cette pratique de l’« écologie qui agit ».

 

 

 

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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