Thierry Compain, le réalisateur de Génération Start-up, l’avoue tout de go : c’est un « quinqua 2.0 ». Comprenez qu’à son (grand) âge, le réalisateur breton n’a pas les mêmes facilités avec internet que les djeun’s. C’est peut-être cette relative distanciation qui rend son film Génération Start-up particulièrement clair.

 

Thierry Compain
Thierry Compain

Père d’un ado évidemment plus expert que lui avec les souris, Thierry Compain souhaitait aborder le sujet de la start-up pour son vingtième film. Précisons pour ceux qui sortiraient d’une longue hibernation que ce néologisme désigne une entreprise qui démarre, et qui marchera… ou pas ! Les magazines de société font leurs choux gras de ces boites parties de rien et qui valent maintenant des milliards (Facebook, Instagram…). On parle moins de celles qui se sont plantées. C’est tout le mérite du film de Compain d’aborder la totale réalité, avec pragmatisme. Curieusement, cette idée lui est venue lors d’un week-end à l’Ile-Grande, son havre, un petit bout de terre sur la côte du Trégor qu’il a découverte au début des années 80. Il y observe le monde et en a tiré… 17 documentaires ! Là-bas, pas de wifi, mais la proximité avec Lannion et ses fous de technologie. Et donc la découverte de l’existence d’un Start Up Week-end. Le principe : rassembler des jeunes qui ont des projets avec d’autres qui ont des compétences et, pour dénominateur commun, leurs rêves. Une première demi-journée est consacrée à la présentation des uns et des autres suivie d’une mise en relation selon attractivité et affinités. Le principe a été reconduit l’année suivante à Brest. C’est là que Thierry Compain a décidé de planter sa caméra, « pour s’appuyer sur cet événement qui introduit une dramaturgie ».

Le canal 2.0 de Nantes à Brest 

On découvre ces jeunes, Alice, Steven, Magali, Sébastien, Anne, Corentin (particulièrement brillant dans ses analyses sociétales) et celui qui va faire office de coach, Quentin Adam, dont la start-up Clever Cloud carbure à Nantes. Cheveux longs, barbe fournie, son look cool sent son hipster successful. Par contre, on a un peu envie d’entraîner au grand air Stéphane, le geek rennais maigre et pâlot qui lutte pour la survie de son Fanatic game. Un autre rennais, hors du commun, apparaît dans ce film : victime d’un accident, Nicolas Huchet a mis au point ses prothèses bioniques grâce au Fab Lab. Le cinéaste regrette d’avoir du supprimer au montage le cas de Thibaut avec Ecotic. Pas toujours facile de caser generation-start-up-film-de-thierry-compaintout ce qui a été engrangé comme images dans un 52 minutes ! Construit sur des aller-retour entre Nantes et Brest, le film se termine un an après pour voir ce que sont devenus ces jeunes motivés-motivés. Anne (la lauréate) a été admise à l’école 42, fondée par Xavier Niel pour « former les superstars de l’informatique de demain » ; elle vient de décrocher un gros marché, une appli pour smart phone. Le fauteuil de Magali a trouvé un partenaire fabricant. Nicolas est invité partout dans le monde pour présenter son maker. Après son burn-out, Stéphane se retrouve chez Mac Do, mais se console avec la pérennité de son game.

Entre espoir, joies et échecs, on est face au paradigme de la société contemporaine. Où il apparaît qu’elle évoluera avec ces jeunes qui n’entrent pas « dans la vie active en comptant leurs points retraite », pour reprendre l’expression de Corentin.

Génération Start-up, un documentaire de Thierry Compain, coproduction France Télévisions / Bleu Iroise.

Diffusé le samedi 11 avril 2015 sur France 3 Bretagne, le documentaire sera rediffusé le mardi 12 mai à 8h45.

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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