Futuropolis fait partie des maisons d’édition qui traitent chaque ouvrage comme si c’était le premier. Son logo à lui seul est recommandable. Aujourd’hui deux recensions et deux leçons d’histoire en images : Clichés de Bosnie et Toi au moins tu es mort avant.

 

bande dessinée En 2004, Aurélien Ducoudray est photographe de presse. Des années après la fin de la guerre civile, il choisit de se rendre en Bosnie à la faveur d’un convoi humanitaire dans lequel il obtient une place. C’est l’histoire de cette expédition, mise en images par François Ravard, que propose ce livre troublant aux effets « up & down » : on y éclate de rire avant d’être saisi par une scène dramatique sujette à d’effroyables souvenirs, elle-même aussitôt effacée par un nouvel élan comique. Au fil d’une tragicomédie parfaitement équilibrée afin d’en supporter l’indicible, le lecteur part à la rencontre des survivants qui, après quatre ans de guerre, essayent de reconstruire une paix durable mais fragile. L’épilogue propose une sélection de photos inédites prises en 2004 par Aurélien Ducoudray, ainsi que des croquis de François Ravard réalisés au même endroit quelques années plus tard. Une leçon d’histoire à offrir en remplacement des devoirs de vacances que nos enfants peinent à accomplir.

Clichés de Bosnie, 231 pages N&B – 27 €

bande dessinée1946, la Grèce sort de la Seconde Guerre mondiale pour tomber dans le chaos de la guerre civile. Chronis Missios, jeune communiste de 16 ans, est arrêté et condamné à mort. Gracié au prix d’effroyables conditions, il restera 21 ans prisonnier sous le joug idéologique de ses opposants. Cette bande dessinée est adaptée de son récit paru en 1985 et dans lequel il s’adresse à un ancien camarade qui, « par chance », est mort avant… Le succès du livre fut sans précédent en Grèce, brisant à la fois le tabou de cette « drôle de guerre » rarement évoquée là-bas, mais aussi celui du naufrage des idéaux communistes de toute une génération. Le plus douloureux ne sera ni la torture, ni les humiliations, mais la fin du rêve que ces hommes et femmes avaient projetée à l’aube d’un nouveau monde écroulé sur lui même en 1989. Un récit de Myrto Reiss & Sylvain Ricard, mis en images par Daniel Casenave. Là encore, une tranche d’histoire à partager avec les plus jeunes.

Jérôme Enez-Vriad

Toi au moins tu es mort avant, 187 pages N&B – 24,00 €

Article précédentF.J. Ossang, Mercure Insolent ou l’archaique modernité du cinéma
Article suivantPetit Piéton vomit un coup, La fête de quoi… ?
Jérôme Enez-Vriad
Jérôme Enez-Vriad est blogueur, chroniqueur et romancier. Son dernier roman paru est Shuffle aux Editions Dialogues.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici