600 coups par minute est le deuxième roman du prolifique Frédéric Paulin pour les éditions Goater et leur collection noire (La Grande Peur du Petit Blanc, éditions Goater, octobre 2013). Le titre pourrait donc ici évoquer la force de tir de son auteur ou le rythme de ce récit. Ou encore mieux l’acharnement avec lequel son personnage cherche à réussir, sans prendre le temps d’en questionner le sens d’une réussite sans autre loi que « pour une dent toute la gueule » (du même auteur chez Pascal Galodé éditeur, septembre 2012) la devise du 2e régiment de carabiniers-cycliste belge. Ici, il ne reste d’armée que la déroute, un pays dévasté par la guerre ou un légionnaire à la retraite.

frédéric paulinC’est sur la terre brûlée de l’ex-Yougoslavie que le personnage décide de faire fortune et peau neuve. C’est dans ce double enjeu que se situe l’ambition du héros. Il ne cherche pas à questionner davantage son identité que son ambition. Il veut gagner de l’argent et le respect, ce qui ne lui semble pas possible sans perdre son nom. Sans devenir Le Corse. C’est un des filigranes de ce roman, l’une de ses tensions. On retrouve chez ce héros le naïf et cruel constat du narrateur du Ghône du Chaaba (voir notre entretien avec Azouz Begag) : il n’y a pas d’autre place en France pour les Arabes qu’au fond de la classe et d’autre salut que de jouer au petit Français.

Une fois ces vaisseaux brûlés, il n’y a pas plus de retour que de fin possibles. Il reste le rêve mensonger de la « catéchèse du bandit » : arrêter quand on aura gagné assez, se mettre au vert et construire une famille. Personne ne fait semblant d’y croire et le rythme du roman ne nous en laisse pas le temps ni l’espace pour autre chose que le chagrin et la pitié. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, une tragédie, écrite sur les cadavres de l’Histoire. Celle de l’ex-Yougoslavie, qui n’offre ici que peu d’espoirs parmi les traumatismes et la corruption, sinon aux habituels charognards. Est-ce parce qu’il est la victime collatérale d’une Histoire de France aussi peu glorieuse, que « le Corse » n’aura aucun remords à en faire partie ?

Nathalie Burel 

Frédéric Paulin 600 coups par minute,  Goater éditions, Illustration de couverture : Morvandiau, novembre 2014,  480 pages, 18 €

Frédéric Paulin est en dédicace au Café littéraire de Rennes, le dimanche 21 décembre

Quatrième de couverture :

600 coups par minute. C’est la cadence de tir d’une Kalachnikov AK-47. Farid Laïfaoui, dit Le Corse, a vite compris que le trafic d’armes lui rapportera bien plus que son petit commerce de came dans la banlieue parisienne. De hasards en rencontres, de compromissions en fusillades, il va devenir l’un des plus importants pourvoyeurs d’armes du milieu et des banlieues d’Europe de l’Ouest. La mafia croate lui fournit les armes ; lui les revend en France, en Allemagne ou ailleurs. Toujours plus, toujours plus vite.
Jusqu’à ce que la mécanique s’enraye…

Présentation de l’auteur :

Frédéric Paulin est l’auteur qui monte dans le paysage du polar. Après 6 romans, « 600 coups par minute » est une bombe. Très efficace, implacable. Lauréat en 2014 du Grand prix du roman Produit en Bretagne pour La Grande peur du petit blanc, un prix délivré par les libraires de Bretagne à l’unanimité, nul doute que cette nouveauté confirmera la naissance de ce nouveau grand du polar.

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