Au Parc des Princes, le match-test a tourné à la leçon. Sur le papier, le Paris Saint-Germain restait favori ; sur le terrain, il a terrassé le Stade Rennais (5-0) au terme d’une soirée où réalisme parisien, efficacité offensive et limites rennaises ont été exposés avec une cruauté clinique.
Safonov titularisé, Rennes bute sur un PSG sans faille
L’une des interrogations portait sur le poste de gardien parisien. Finalement, Matvey Safonov a été titularisé et a parfaitement tenu son rang. Le Russe a été peu sollicité sur la durée, mais il a répondu présent dans les rares moments chauds, notamment sur cette frappe d’Esteban Lepaul qui finit sur le poteau avant de déboucher, en contre, sur l’ouverture du score parisienne. Dans les vestiaires, l’attaquant rennais saluera d’ailleurs « un très bel arrêt » et un gardien qui « a fait ce qu’il fallait quand il a été sollicité ».
Ce détail résume la soirée : Rennes a payé cash chaque approximation, quand Paris a, au contraire, maximisé toutes ses situations. Pour une défense bretonne déjà en souffrance sur la gestion de la profondeur et des un-contre-un, l’adversité proposée par le champion d’Europe en titre s’est révélée trop haute.
Un début de match ambitieux… puis la sanction
Le paradoxe, c’est que Rennes ne commence pas ce match en victime résignée. Habib Beye avait annoncé l’intention « d’aller les chercher » et de jouer avec personnalité : pendant une grosse demi-heure, son équipe applique le plan. Circulation propre, ballons récupérés haut, quelques décalages intéressants, une frappe de Lepaul qui vient mourir sur le montant… Sur ce temps fort, les Bretons peuvent légitimement espérer ouvrir le score.
Mais la bascule se fait sur ce que l’entraîneur rennais décrira comme un manque d’expérience : sur la première transition parisienne, Rennes se découvre, ne fait pas faute, et se fait punir. Kvaratskhelia ouvre le score, puis double la mise plus tard dans la partie, Mayulu, Mbaye et Ramos complétant le festival offensif. À 2-0, puis après le troisième but offert par une relance manquée de Samba, la rencontre bascule définitivement.
Habib Beye le résumera en conférence : son équipe a bien démarré, mais « manque de qualité dans la surface » et « paie très cher » ses approximations contre une formation de ce niveau. Avec, en toile de fond, ce rappel : la défense rennaise aligne des profils très jeunes, encore en apprentissage face à ce calibre d’adversité.
Rennes : une identité assumée, une addition lourde
Le score est sans appel : 5-0 pour Paris. Il met fin à une série de quatre victoires consécutives rennaises et plombe un goal-average jusque-là plutôt maîtrisé. Pour autant, ni le staff ni une partie des supporters ne veulent tout jeter : beaucoup soulignent une première demi-heure cohérente, un plan de jeu ambitieux et une volonté de ne pas subir.
Reste que la marche est apparue très haute. Plusieurs éléments ressortent de cette défaite :
– Un déficit de réalisme offensif : quand Rennes touche le poteau ou manque la dernière passe, le PSG marque sur sa première transition dangereuse. – Une fragilité structurelle dès que l’équipe subit : après la demi-heure de jeu, les Bretons n’arrivent plus à contenir les vagues parisiennes et reculent trop bas. – Une influence déterminante des erreurs individuelles : relance manquée de Samba sur le troisième but, expulsions, fautes d’attention dans la gestion du pressing et des transitions. – Un apprentissage accéléré pour une défense très jeune, qui a parfois tenu en un-contre-un, mais a fini par céder sous la répétition des efforts et la qualité technique adverse.
Habib Beye insiste sur cette dimension d’apprentissage : on progresse aussi en se confrontant à ce « très, très haut niveau » et en mesurant, sur 90 minutes, la marge qui sépare encore le Stade Rennais du champion d’Europe.
Pour Paris, un message envoyé ; pour Rennes, un rappel à l’ordre
Au-delà des trois points, ce PSG–Rennes prend une forte valeur symbolique. Pour le PSG, la réponse est nette après la défaite à Monaco : une victoire large, un duo Kvaratskhelia–Mayulu étincelant, un Parc des Princes rassuré et un retour à un point de Lens en tête du classement. Luis Enrique peut parler de « soirée presque parfaite », même s’il rappellera que les standards d’exigence restent élevés.
Pour Rennes, le message est plus contrasté. Le plan de jeu – aller chercher haut, jouer son football – a été assumé, mais il débouche sur une correction qui marque les corps et les têtes. Cette défaite rappelle plusieurs évidences :
– On ne peut pas se contenter de « bien jouer » par séquences contre ce Paris-là : l’intensité doit être maintenue, sans trous d’air. – Le niveau d’exigence dans la surface, des deux côtés du terrain, reste insuffisant pour prétendre bousculer durablement un cador. – Le projet rennais est encore en construction : une série de bons résultats ne suffit pas à combler en quelques semaines un écart de plusieurs années en termes de profondeur d’effectif, d’automatismes et d’habitude des grands rendez-vous.
Dans les tribunes comme sur les forums, beaucoup de supporters parlent d’« une bonne fessée pour se remettre les idées en place ». L’expression est crue, mais elle traduit l’idée que ce 5-0 peut servir de point de repère : un coup d’arrêt, plus qu’une remise en cause totale, à condition de réagir dès le prochain match, notamment face à Brest, où il faudra montrer que ce naufrage parisien ne laisse pas de traces durables.
Une soirée qui rebat les cartes mentales
Avant la rencontre, on imaginait plusieurs scénarios possibles : une victoire parisienne étriquée, un nul accroché ou même un exploit rennais. C’est finalement la version la plus dure pour Rennes qui s’est imposée : un PSG qui coche toutes les cases de la « victoire logique » et ajoute, en plus, l’ampleur du score. La dynamique mentale en sort inversée : Paris retrouve de la confiance, Rennes perd un peu de souffle et doit reconstruire son récit.
Mais cette affiche laisse aussi une autre lecture : en assumant de jouer, le Stade Rennais s’expose à des soirées de ce type, où l’addition peut être lourde. C’est le prix d’une ambition : vouloir regarder les gros dans les yeux, accepter le risque, et parfois encaisser la sanction. La question, désormais, n’est plus de savoir si ce 5-0 est sévère – il l’est – mais de voir ce que le groupe en fera.
Si Rennes veut continuer à exister dans le haut du tableau, ce déplacement au Parc des Princes devra rester autre chose qu’une gifle de plus dans l’histoire des confrontations avec Paris : un marqueur, un rappel des exigences du très haut niveau, et un point de départ pour corriger ce qui doit l’être. C’est dans les semaines à venir, plus que dans les commentaires d’après-match, que l’on saura si cette défaite a servi de leçon.
