Nicolas Bedos revient à l’écran avec le film Mascarade actuellement à l’affiche. Son dernier succès sur grand écran en 2019 s’intitulait « La Belle Époque ». Le film fut onze fois nominé au César 2020 et son mérite indéniable valut à son auteur le prix du meilleur scénario original. Pour autant, « Mascarade« , son tout nouvel opus qu’il a écrit et réalisé, déçoit.

Depuis plusieurs années, le trublion Nicolas Bedos, fils du non moins humoriste satirique Guy Bedos, nous a habitué à nous divertir avec son impertinente désinvolture de jeune dandy vibrillonnant, sa verve narrative et précise, son phrasé épicé l’air de rien vitriolique et dont l’impudence flirte avec le scandaleux sans jamais l’atteindre. Il a d’ailleurs de qui tenir lorsque les plus anciens d’entre nous se souviennent de tous les fameux sketchs grinçants et provocateurs, mais tellement drôles de feu son père qui nous ont amusés durant plusieurs décennies.

La plume du fils ne manque pas de séduire aussi bien la critique que le public. Et son parcours est déjà assez élogieux pour prétendre réaliser un film à la hauteur de son talent. Car il l’a de nombreuses fois prouvé en s’illustrant notamment à la radio, dans des émissions télévisuelles et des productions tant théâtrales que cinématographiques.

film mascarade nicolas bedos

Après la remarquable Belle Époque, il revient avec son quatrième long-métrage, le film Mascarade », qui n’est pas à la hauteur du précédent. Mais avant d’en décortiquer les malfaçons, retenons trois points a priori positifs :

  • un casting d’acteurs appréciés : Emmanuelle Devos, François Cluzet, Pierre Niney, Marine Vacth, sans oublier, bien sûr, Isabelle Adjani.
  • des décors et des costumes plus que soignés, même si le clinquant est un tantinet « bras court » par rapport à la superbe du rendu recherché.
  • le cadre épique et enchanteur de la Côte d’Azur.
film mascarade nicolas bedos

Ce film Mascarade, qui pourrait aussi s’appeler « Chronique d’une histoire interminable » (134 min), est un amoncellement de pâles clichés dont l’énumération n’a d’intérêt que d’enfoncer davantage la désespérance du spectacle qu’il suscite.

Le jeune gigolo beau et fringant est campé par une Pierre Niney pas crédible pour un sou (tant il est absent du rôle qu’il est censé incarné) auprès d’une riche comédienne sur le retour (Isabelle Adjani fait tout ce qu’elle peut pour convaincre, mais passe à côté du personnage d’amoureuse lascive éprise dudit jeune homme qu’elle entretient). Quant au vieux beau, c’est François Cluzet en promoteur immobilier bien installé qui se laisse séduire par une jeune et jolie femme, Marine Vacth (la prestation la plus fraiche et surtout la moins fade), qui joue assez bien la belle pauvresse un peu paumée dans un monde de « fric ».

Ce petit monde est scénarisé autour d’un procès pour le moins tiré par les cheveux parce que l’argumentaire ne tient pas la route ; les acteurs ne sont pas plus convaincants que ceux d’une opérette invraisemblable et inconséquente. Ce procès se déroule au présent et fait successivement miroiter, en flashback, des épisodes de cette histoire soi-disant… d’amour ? Dans le box des accusés, l’auteur du drame (François Cluzet) respire l’absurdité même de son mobile qui aurait été d’avoir voulu tuer la jeune femme (Marine Vacth) parce qu’elle le trompait avec le jeune gigolo (Pierre Niney). Non, ça ne fonctionne pas.

Nicolas Bedos livre avec Mascarade un long-métrage approximatif, brouillon, mal ficelé et qui frôle des écueils de vulgarité. Pourtant, il aurait pu en faire un film iconique, peut-être même un somptueux film choral, en rendant un hommage à une « Isabelle Adjani nationale » qui sait toujours jouer de son regard bleu marine. Avec sa mascarade Nicolas Bedos ressemble à un vaillant garçon talentueux qui a manqué sa cible. Après avoir donné le bal à sa Mascarade, gageons que son prochain opus orchestrera un bal digne de celui du comte d’Orgel.

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