cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesC’était l’un des films les plus attendus de la rentrée. En cette année de célébration de Martin Luther King. Le Majordome, l’histoire vraie d’un majordome noir à la maison blanche qui partagea l’intimité de 7 présidents américains. Attente récompensée ?

 

Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau ovale.

le_majordomeLe réalisateur Lee Daniels (Precious, Paperboy) se retrouve dans le genre très codé du biopic ou adaptation biographique. Est-ce cela qui a tué sa créativité ? Pas forcément, mais il a sans doute voulu trop bien faire. Le sujet et le contexte imposent un côté revendicatif et politique dans un carcan très hollywoodien. Daniels oppose et lie la vie de Cecil Gaines à celle de son fils Louis, militant de la cause noire. Pendant qu’il décrit par des anecdotes la vie de Cecil Gaines (Eugene Allen en réalité), il ajoute, avec le scénariste Danny Strong, celle d’un fils (qui n’a pas réellement existé). Ce dernier suit  Martin Luther King, Malcom X, les Black Panthers et la suite des mouvements des droits civiques jusqu’à Mandela ou Obama. Le Majordome prend alors les allures d’un docu-fiction pompeux et bâclé.

Pour servir son histoire, il dispose du merveilleux Forest Whitaker, très investi dans le rôle de Cecil mais s’est embarrassé d’une Oprah Winfrey pour le rôle de sa femme Gloria. Si son jeu d’actrice n’est pas critiquable, elle ne parvient pas à se débarrasser de son aura télévisuelle. Il en est de même pour Lenny Kravitz dans un rôle de majordome. Le pire reste le choix de James Marsden dans le rôle de Kennedy. Si la ressemblance n’est pas le critère de choix pour les présidents, le métier de John Cusack (Nixon) et de Alan Rickman (Reagan) fait le reste.

Le Majordome n’est pas aussi bavard ou documentaire que le Lincoln de Spielberg, mais l’ennui reste similaire pendant 2h05. On voit les acteurs vieillir avec force maquillage, les présidents défiler et parler de la cause noire sous les yeux (et les oreilles) du majordome. Rien d’autre que cela d’ailleurs, le réalisateur et son scénariste ayant décidé de se concentrer sur ce thème. Les amateurs d’histoire et de géopolitique en seront pour leur frais. L’ennui général se trouve renforcé par une conclusion attendue et qui sonne faux. Un film peut être plus dédié au marché américain qu’à l’export, alors que le sujet permettait d’être plus universel.

Dommage. Mais en voulant couvrir toute la vie de ce majordome, comment pouvait-il en être autrement ? C’est souvent le piège du biopic. Ne couvrir qu’une partie n’est pas forcément une solution. Le spectateur attend forcément des détails, attend des surprises sur un sujet déjà défriché. Ici, elles tiennent en dix minutes. Par contre les scènes fortes du film, rajoutées par rapport au livre de base, auraient mérité un autre film : celui du parcours d’un activiste de la cause noire. Un parcours qui va de l’inspiration de Gandhi à la violence des Black Panthers. Mais cela sera pour une prochaine fois. Peut être.

Le Majordome
Date de sortie
11 septembre 2013, (2h 10min)
Réalisé par
Lee Daniels
Avec
Forest Whitaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey, Jane Fonda
Genre
Drame, Biopic
Nationalité
Américain

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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