A l’heure où la mondialisation transforme tout en bien de consommation, le « commerce » humain n’y échappe pas. Né parfois du déséquilibre des sexes – en Inde, en Chine…. D’autre fois du manque d’attrait pour un mode de vie peu « glamour » – on se souvient du film « Je vous trouve très beau ». Après avoir goûté à la congaï, l’Américain moyen se tourne vers la denrée slave, servie il est vrai par une plastique exceptionnelle, véhiculée par des top models affriolants, et des filles « qui ont passé plus de temps à s’appliquer du maquillage qu’à s’appliquer à l’école ».
Ancienne porte de la liberté pour des milliers de Russes fuyant le bolchevisme, Odessa en est un des lieux d’exportation privilégiés. La « plus jolie ville du monde », selon ses habitants, s’enorgueillit de prestigieux théâtres, d’un mythique Opéra, du spectaculaire escalier Potemkine, et d’une mer qui n’a de noir que le nom. Mais la médaille a un revers : chômage, salaires de misère, corruption endémique, mafia omniprésente. Comment s’étonner que les belles pépées ukrainiennes écument les boites de nuit et les sites de rencontre à la recherche d’un « visa-fiancé » ? Nous voilà donc au cœur d’un système qui répond au postulat de base de l’économie capitaliste : l’offre et la demande. D’un côté, des rêves d’évasion et de confort. De l’autre, la recherche d’un être docile qui assure le ménage, la cuisine… et le sexe.

Ne vous attendez pas à une bluette du genre « C’est un beau roman, c’est une belle histoaaaaare » répété à l’envi par Michel Fugain. Portée par Janet Skeslien Charles, Américaine originaire du Montana qui a vécu deux ans à Odessa, cette romance d’aujourd’hui, fine et narquoise, nous embarque dans la complexité des rapports humains, et nous rappelle que « l’amour est enfant de Bohême – mais çà, on le savait déjà !
Marie-Christine Biet
Les Fiancées d’Odessa, Janet Skeslien Charles (Auteur), Adélaïde Pralon (Traduction), Editions Liana Levi, 450 pages, 212 p., 13,50 €.
