La première journée du festival breton les Vieilles Charrues a tenu ses promesses à travers des concerts d’une grande diversité. Avec un Soprano inégal, un Muse puissant mais sans prise de risque, la palme de la soirée revient à Brodinski juste avant la séduisante Anna Calvi.

 

Aux Vieilles Charrues, le jeudi est traditionnellement la journée la moins chargée en terme de programmation. Cette année, du fait de la présence de Muse, les organisateurs avaient prévu uniquement quatre concerts tant la performance du groupe rock alternatif britannique était attendue par les festivaliers, et donc suffisante pour attirer un public éclectique.

Avant même le concert d’Anna Calvi, programmé à 18h45, on pouvait déjà voir les fans les plus fidèles du groupe anglais s’installer devant la scène Glenmor, prêts à patienter des heures pour assister au live dans les meilleures conditions.

vieilles charrues 2015 anna calviIls ont choisi de ne pas assister à la performance classe et intense de la jeune chanteuse britannique. Portée par sa voix grave et profonde,ainsi que par son jeu de guitare virtuose et sensuel, la rockeuse a su conquérir rapidement le public de la scène Kerouac, en mélangeant habilement les morceaux tirés de ses deux premiers albums. Avec une grande élégance, Anna Calvi a alterné entre les ballades et des morceaux plus énergiques, en se livrant régulièrement à d’impressionnants solos de guitare. On regrettera néanmoins le départ prématuré de la chanteuse, quinze minutes avant la fin programmée du concert, laissant sur leur faim les spectateurs qui espéraient un rappel…

vieilles charrues 2015Une heure plus tard, c’est Soprano, chanteur de R’n’B, qui a fait son entrée sur la scène Kerouac, pour un concert radicalement différent de celui de la chanteuse britannique. Avec un enthousiasme communicatif, Soprano et ses quatre danseurs ont livré une performance qui s’apparentait parfois à un spectacle agrémenté de quelques morceaux de musique. Manifestement, le chanteur cherchait à procurer un court moment d’euphorie à son public : « Je suis riche de vos sourires ce soir » a-t-il affirmé entre deux morceaux. Soprano a donc repris plusieurs des morceaux qui ont fait son succès, entrecoupés de prises de paroles souvent un peu mièvres sur l’amour filial, l’extrémisme religieux ou le Front national. On pourra également lui reprocher d’avoir un peu trop souvent utilisé des morceaux d’autres artistes pendant son concert (Macklemore, Juicie J…) quand il se proposait de « faire la fête » avec le public. Au final, on retiendra l’énergie folle investie par le chanteur dans son live. Il aura été capable de séduire aussi bien ses fans de la première heure que ceux qui le découvraient ici.

vieilles charrues 2015Bien évidemment, dans l’optique d’être bien placés pour assister au live le plus attendu du festival, de nombreux spectateurs ont quitté en avance le concert de Soprano, pour se diriger vers la scène Glenmor. Le concert du groupe britannique aura finalement été le moins surprenant de ce jeudi. Avec la grandiloquence qu’on leur connaît, les trois membres de Muse ont livré un concert long et boursouflé, qui a ravi les fans au plus haut point, mais probablement laissé sur la touche tous les spectateurs un peu moins convaincus de l’intérêt du groupe. Sur plus d’une heure trente, les trois Anglais ont enchaîné les morceaux qui ont fait leurs succès dans le passé (Starlight, Hysteria, Uprising…) et ceux extraits de leur nouvel album, Drones (Psycho, Dead Inside…), au milieu de jeux de lumière impressionnants. La maîtrise du groupe, assez sidérante, laisse néanmoins, peu de place aux surprises. On saluera tout de même l’engagement total de Matthew Bellamy et de ses acolytes, qui semblaient tous satisfaits d’être là.

Le concert final aura de très loin été le plus réussi de cette première journée. Le jeune Brodinski, DJ et producteur de musique électronique, était venu présenter son premier album, Brava, sorti en février dernier. Ce disque, très impressionnant, proposait une hybridation très cohérente du rap et de la musique techno que Brodinski réinvente depuis plusieurs années. Le risque était de se livrer à une performance fade qui aurait consisté à jouer aléatoirement tous les morceaux de l’album sans les adapter à la scène, comme a pu le faire Kavinsky l’année dernière en présentant Outrun. On en était très loin hier soir. Brodinski, conscient des exigences du public en matière d’électro, a proposé un véritable DJ set très homogène, dans lequel les morceaux de son album les plus adaptés à la scène se voyaient étirés et remixés de manière à se rapprocher très étroitement d’un véritable concert techno. Brodinski n’a pas manqué de nous surprendre, en proposant un remix audacieux de Control Movement, morceau de son ami Gesaffelstein, ou un jouant une nouvelle version de Let The Beat Control Your Body, l’un des morceaux qui l’a rendu célèbre. Avec une très grande classe, Brodinski a donc réussi à adapter son album à la scène, en clôturant parfaitement cette première journée des Vieilles Charrues.


Jeudi 17 juillet au Festival des Vieilles Charrues : Anna Calvi, Soprano, Muse et Brodinski !

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Valentin Denis
Normalien (ULM) et étudiant en philosophie, Valentin Denis est notamment passionné par le 7e art et la musique.

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