La deuxième édition du festival Rivage, organisée par l’association Turtle Corporation, s’est déroulée dans la commune de Chasné-sur-Illet (35) du 31 mai au 2 juin 2019. Pendant trois jours ensoleillés, festivaliers et artistes étaient accueillis dans la bonne humeur et l’esprit de camaraderie qui caractérise la scène électro rennaise. Unidivers a rencontré les organisateurs du festival pour un bilan souriant.

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De gauche à droite : Christophe Féron (père d’un des organisateurs), Dorian Cueff (co-président de Turtle Corporation), Julien Féron (co-président), Antoine Robin (DJ résident et bénévole de choc), Boris Nouyoux (animateur d’Électro Lab sur radio C lab et bénévole de secours).

UNIDIVERS – Pour commencer, pourriez-vous nous présenter l’association Turtle Corporation, son historique et ses activités ?

DORIAN CUEFF – On a créé Turtle avec Julien en mars 2017, dans l’optique de lancer le premier événement Rivage. Pour réaliser ce projet, on s’est entourés d’un bureau stable puis de DJs qui mixaient déjà depuis quelques temps mais qui n’avaient pas encore eu l’opportunité de jouer en public. On a fait deux petits événements en bar pour faire connaître l’asso au public rennais et on a directement enchaîné sur la première édition de Rivage en septembre 2017. Ça a été une franche réussite puisqu’on a fait complet. C’était un format différent de cette année, de 18h à 10h du matin, avec deux scènes, l’une dédiée aux DJs de l’asso, l’autre à des collectifs locaux.

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Le succès de cette première édition nous a donné davantage de visibilité et on a continué sur cette lancée pour proposer différents événements, à La Contrescarpe à Rennes, à La Suite à Brest, etc. On a aussi décidé de développer davantage le côté artistique, puisqu’on était connus pour nos événements mais pas forcément pour nos DJs. Quand on a décidé d’organiser une deuxième édition de Rivage, on s’est organisés différemment. Julien s’occupe désormais de l’organisation de Rivage, et moi du développement artistique de l’asso.

UNIDIVERS – Quels artistes mettez-vous en avant ?

DORIAN CUEFF – On a voulu valoriser l’originalité présente dans l’asso. Je pense à DsTnQ, notre premier « liver », qui mélange house, techno et trance. En septembre dernier on a aussi intégré un nouveau « liver », Threat Level Midnight, une petite perle qu’on tient à mettre en avant et qui nous a beaucoup aidé sur le festival. À côté de ça, les DJs de l’asso, Antoine ici présent, alias Trauma, Chab’, Sosh ont pu développer leur univers personnel et gagner de la pratique en jouant sur différentes scènes. Julien (Omnis) et moi (Joad) avons aussi créer un nouveau projet, Emileavekun S, deux DJs, et un danseur-performeur !

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Figurant parmi les gagnants du tremplin d’Astropolis, JOAD aura la chance d’assurer le warm up dans la Cours avant Kiddy Smile, le samedi 6 juillet.

UNIDIVERS – Pour votre festival, vous avez fait le choix de mettre à l’honneur la scène locale. Comment expliquez-vous ce choix ?

JULIEN FÉRON – Il y a beaucoup de festivals de qualité en Bretagne. Au lieu d’inviter des têtes d’affiche, notre idée était de rassembler les copains, pour organiser une grande fête ! Au début, on n’avait pas vraiment les finances de monter un tel projet, ça a donc marché sur la confiance auprès des artistes et des prestataires, et ça a très bien fonctionné.  C’était important pour nous de ne pas miser que sur l’artistique, mais sur l’accueil des festivaliers : la mise en place du site, des toilettes propres, qu’il n’y ait pas d’attente au bar, des bières à pas cher, de la déco.

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Crédit : Laura Paradize
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Crédit : Laura Paradize

On invite les copains des collectifs locaux parce qu’on leur fait totalement confiance pour l’artistique, on sait que ce sont de bons DJs. Nous, on met à disposition des scènes, des décors, un espace pour que les gens puissent s’amuser et les artistes se produire. Et on ne booke pas un artiste en particulier mais des projets associatifs. On offre un créneau pour leur proposition.

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Crédit : Laura Paradize

DORIAN CUEFF – On avait l’envie de mettre en avant la scène rennaise. Ces gars-là ont du talent, et c’est aussi bien que d’avoir une tête d’affiche. Et puis inviter les copains permet de créer une ambiance familiale sur le site du festival, tu connais la moitié des personnes qui y sont, c’est que des bons moments ensemble.

 Rivage illustre que les asso de la scène rennaise marchent ensemble.

ANTOINE ROBIN, DJ de TURTLE CORPORATION

JULIEN FÉRON – C’est ce qu’il faut retenir : tous les artistes à être venus étaient contents d’être là avec leurs copains. Et on espère pouvoir en inviter d’autres encore pour de prochaines éditions.

DORIAN CUEFF – Et c’est totalement faisable parce que la scène rennaise, et bretonne globalement, est très riche, et qu’il y a toujours plein de nouveaux projets associatifs ou artistiques à naître.

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On avait la deuxième édition en tête depuis un moment mais on a pris le temps de réfléchir à comment on pouvait faire mieux.

UNIDIVERS – Quelles étaient vos aspirations pour cette nouvelle édition, en quoi le projet s’est-il développé ?

DORIAN CUEFF – Le bilan du premier Rivage nous a permis d’identifier les faiblesses et de travailler avec de nouvelles directives. Cette année on a fait un gros travail sur l’éclairage du site, qui avait manqué à la première édition.

JULIEN FÉRON – Le format teuf, all night long, qu’on voit beaucoup dans la région, ne nous plaisait plus vraiment. On voulait quelque chose qui débute en journée, pour que les gens puissent en profiter quel que soit leur emploi du temps.

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Crédit : Laura Paradize

DORIAN CUEFF – On voulait vraiment faire passer l’événement du format teuf à celui d’un festival.

JULIEN FÉRON – On a aussi mis en place un camping, pour que les gens puissent se poser à la fermeture du site. On a aussi mis le paquet sur la déco, que les gens apprécient beaucoup. Ils nous l’ont bien rendu et ont été hyper respectueux avec tout ce qui avait été mis en place.

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Crédit : Laura Paradize
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Crédit : Laura Paradize

UNIDIVERS – Une des particularités de cette édition était d’étendre l’événement sur trois jours…

JULIEN FÉRON – On était très contents de ce nouveau format, mais c’était peut-être une mauvaise idée de changer de site. On voulait proposer plusieurs lieux pour montrer que la commune est ouverte et soutient le projet. Si on en vient à une troisième édition, on gardera sans doute le même format mais sur un seul et même site, ce qui nous épargnerait beaucoup de soucis logistiques.

UNIDIVERS – Votre dialogue avec la mairie et la commune de Chasné-sur-Illet s’est renforcé cette année ?

JULIEN FÉRON – Il y a vraiment un échange. Bien sûr, Rivage restera toujours une émanation de Turtle Corporation mais peut-être que le projet deviendra plus communal en travaillant avec les asso locales par exemple. Le maire et la gendarmerie nous ont félicité, ils sont à fond derrière le projet. On aimerait élargir le public et pas proposer  un événement adressé uniquement aux Rennais, montrer dans la commune que la musique électronique c’est pas que de la teuf. Le vendredi soir au bar Le Chasné, on a joué de la disco, de la funk, les gens se sont déplacés pour danser. Alors qu’ils n’ont pas forcément oser venir sur le site le samedi, en pensant que c’était de la musique pour les jeunes…

DORIAN CUEFF – Alors que certains parents des membres de l’asso sont venus aider sur le site dès l’après-midi et ont apprécié la musique. Même si c’est de la musique électronique, ça peut être ouvert à un grand public. Si on arrive à faire découvrir quelque chose aux autre générations, qui peuvent avoir des réserves sur ces styles de musique, c’est génial.

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Joad et Omnis. Crédit : Laura Paradize

UNIDIVERS – Rivage est aussi une histoire de famille. Non seulement le gros de l’événement a lieu sur un terrain familial, mais vous avez aussi reçu un soutien de vos proches durant l’événement…

 Mes parents ont tenu le bar avec mon petit frère. ils étaient tous motivés ! ils nous voient nous épanouir dans ce projet et c’est un plaisir pour eux de nous aider.

DORIAN CUEFF

ANTOINE ROBIN – Les parents ont aidé pendant toute la préparation du festival, les parents de Julien nous ont hébergé pendant deux semaines. Ses grands-parents, a qui appartient le site du festival, ont été très présents aussi. Ils ont compris que ce n’était pas un événement ciblant un public précis et qui se voulait ouvert à toutes les générations.

DORIAN CUEFF – On n’est pas juste arrivé pour poser du son et se barrer, on a voulu faire vivre la communauté locale, on a bossé avec la boulangerie du coin, le restaurant…

JULIEN FÉRON – Si on est amenés à une prochaine édition, on travaillera encore plus avec la commune et ses habitants, ils sont tous motivés. Il y avait nos parents, mais aussi des proches de nos familles, les potes du coin de mon père qui étaient ravis de participer à une fête dans le village, ils ont fait des galettes saucisse toute la soirée…

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Benoît Michot, maire de Chasné-sur-Illet, Bernard et Jacqueline Baunot, grands-parents d’un organisateur et propriétaires du terrain, aux micros de l’équipe d’Électro Lab en direct sur radio C lab (88.4 FM) pendant le festival.

UNIDIVERS – Cette année, 23 collectifs ou projets musicaux étaient programmés, ils jouaient bénévolement ?

JULIEN FÉRON – L’idée était de créer quelque chose de participatif, pour intégrer les artistes dans le projet. 50 % de nos bénéfices devaient être redistribués aux artistes. Ils viennent plutôt sur la promesse d’un bon moment que pour un cachet. On met le paquet sur l’accueil pour compenser, que ce soit le plus confortable possible pour eux. Mais ça fait plaisir de proposer une collaboration inter associative et qu’ils nous disent tous oui.

On a aussi pu compter sur Hermine Records et LENA pour leurs systèmes son. Ils ont fourni un travail incroyable avec le sourire ! Les gars de Kepler ont assuré la gestion du bar. Le dimanche, les asso Comme ça et La Tangente montaient une deuxième scène dans le bourg de Chasné.

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La Bise (Comme ça) et Ronod (La Tangente). Crédit : Laura Paradize

UNIDIVERS – Des artistes ont marqué par leur performance ?

DORIAN CUEFF – Pour nous c’était compliqué d’apprécier la musique alors qu’on court partout. Mais d’après les retours qu’on a eu, le nouveau live de Nucléus a beaucoup plu, et on a beaucoup entendu parler du passage de l’asso Silteplay, et notamment le closing par le taulier Azano… J’ai quand même pris le temps d’aller voir le nouveau live de 440Hz, j’ai pris une sacrée claque !

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Nucléus. Crédit : Laura Paradize

Soundcloud

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Azano, collectif Silteplay. Crédit : Laura Paradize

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440 Hz, label Charbon. Crédit : Laura Paradize

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UNIDIVERS – Quel bilan tirez-vous de cette seconde édition ?

JULIEN FÉRON – Malheureusement, nous sommes légèrement déficitaires sur l’événement, on a eu des soucis avec des cautions qui ont sauté, et un peu moins de monde que ce qu’on espérait. C’est dommage, mais on apprend de nos erreurs : diminuer les prix au maximum, augmenter la jauge dans un site plus grand pour ne pas être à l’étroit. Peut-être plus de scènes encore. On veut quelque chose d’attractif !

UNIDIVERS – Comment faire pour ré-équilibrer le budget et proposer de nouveau quelque chose ?

JULIEN FÉRON – On a la chance d’avoir des prestataires bienveillants avec nous et quelques artistes à proposer dont les cachets peuvent aider. Le soutien de la commune pourrait être une source de financement, on pense à monter des projets inter associatifs. Si on est amenés à faire une troisième édition, on pourra poser les bases d’un réel projet. On a reçu plein de messages positifs qui nous rassurent dans ce sens et qui nous aident à nous remettre de nos émotions.

UNIDIVERS – Un moment marquant dont vous vous souviendrez ?

JULIEN FÉRON – Voir mes grands-mères danser sur de la techno !

DORIAN CUEFF – Eddy Tertrais, qui filmait l’événement avec son équipe, nous a envoyé des extraits. Ce que j’ai vu, c’est les sourires, rien que ça c’est gagné ! Dès qu’on voit des sourires, c’est bon !

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Jola et Lalou (Second Degré). Crédit : Laura Paradize

UNIDIVERS – Merci à vous, et au prochain rivage !

  • Le podcast de l’émission réalisée en direct depuis le festival par l’équipe d’Électro Lab (C lab) est à retrouver en cliquant ici !
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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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