J’aime Paimpol, dit la chanson ! Et l’air du grand large gonfle les voiles venues se réunir du 11 au 14 août 2017 à l’appel du Festival du chant de marin dans Paimpol, l’un des plus beaux ports bretons. « Toutes voiles dehors », résume bien l’esprit de cette manifestation qui a le vent en poupe. Tous les deux ans, les esthétiques et les sonorités redessinent à Paimpol l’horizon des liens entre peuples, cultures et langues. La ville et le port se métamorphosent durant trois jours pour accueillir plus de 155 000 personnes, sur les quais, à bord des bateaux. Pas moins de 7 scènes à gérer, 160 groupes, 2000 musiciens à accueillir et à nourrir. Après avoir vu sa fréquentation multipliée par trois en deux décennies, le festival du chant de marin de Paimpol semble avoir trouvé son rythme de croisière.

L’esprit d’une belle fête maritime sert ici d’improbable décor à ce qui est devenu le 4e événement du genre après les Vieilles Charrues, le Festival Interceltique et le Hellfest. Qui l’eut cru ? Des chants de gabiers des premières éditions à l’hymne métissé aux couleurs de toutes les musiques, de Bretagne et d’ailleurs, les bénévoles veillent au grain dans les mâts de cette organisation orchestrée depuis plus de 20 ans par Pierre Morvan. Ça ne chôme pas sur le pont, mais l’ambiance est calme et sereine. Unidivers se devait d’accompagner le lever de rideau de cette invitation au voyage qui vous convie d’abord à jeter l’ancre du 11 au 13 août, en Bretagne, sur a-walc’h (bien sûr).

Ce qui frappe d’abord dans la programmation de chacune des éditions, c’est l’originalité, l’audace aussi. À Paimpol, régaler un public, éclectique, curieux et gourmand doit être la règle, tant l’offre incroyablement atypique salue avec un égal respect l’engagement artistique des groupes et des troupes invités à partager leur énergie, leur univers. Mieux vaut vous faire un programme maison avant de venir, si vous voulez profiter à plein des concerts, à condition de ne pas fermer la porte à l’imprévu. C’est souvent là que se nichent les plus belles découvertes.

Car le festival continue son œuvre de découvreur de talents, autour du thème retenu cette année : les routes de l’Orient. Attention, ça va déambuler sur le port : les « Vaches Sacrées » de la Compagnie Paris Bénarès, la « Parade éléphantesque » de la Compagnie Korbo, et « Varnahtaka » de la Compagnie Cycloplume…

Voilà cependant parmi les noms à l’affiche, certains de ceux qu’on ne présente plus, Alan Stivell, Gilles Servat, Titi Robin, Malicorne, Kassav’ ou encore Tinariwen, qui va distiller dans nos oreilles la beauté du blues du désert et la litanie des chants du peuple touareg lors de la soirée de clôture de dimanche. C’est la première fois que ce groupe mythique du Sahara se produit à Paimpol.

Tinariwen est une institution au Sahara. Symbole d’une relève, d’un héritage, Mohamed et Abdallah prennent la pose lors de l’enregistrement du dernier album à M’hamid el Ghizlane.

C’est aussi l’occasion de venir applaudir cette grande dame, par son talent et par son âge, que tous les festivals s’arrachent : Calypso Rose, une immense artiste récompensée en octobre 2016 par le WOMEX, le plus grand salon international dédié aux musiques du monde, et en février 2017 aux Victoires de la Musique pour son album « Far from home », auquel Manu Chao a fortement contribué.

Vous n’étiez pas né que cette petite bonne femme des Caraïbes brûlait déjà les planches. Son dernier album est sorti en 2016. Respect.

Pour les accros invétérés du chant de marin, le panel reste très attractif. Sur les 160 groupes réunis du 11 au 13 août à Paimpol, un tiers sont des adeptes des mélodies et refrains propres à ce répertoire traditionnel qui a fait le tour du monde bien avant l’ère des satellites et du numérique. D’ailleurs c’est bien simple, et c’est Pierre Morvan qui le dit, si le festival marche du tonnerre, c’est surtout, encore aujourd’hui, grâce au bouche à oreille. Alors qu’on se le dise, ce week-end, c’est à Paimpol que ça se passe.

Côté «vieux gréements», 200 bateaux du patrimoine ont annoncé leur présence. A côté des habitués que sont le Marité, la Belle Poule, la Recouvrance, le Phœnix, le Lys Noir, on pourra admirer de nouveaux venus tels que la Nao Victoria, réplique de la caravelle de Magellan, la Granvillaise, le Boa Esperenza, le boutre d’Oman Nizwa, ou encore l’Hydrograaf, ancien navire hydrographique à vapeur…

Alors sur quelle route de l’Orient allez-vous embarquer ? Japon, Inde, Corée du Sud, Chine, Mongolie, à moins que vous ne soyez plus attiré par l’Iran, le Liban ?

Coup de coeur d’Unidivers: deux rendez-vous en amont du festival à l’occasion de la venue de Tinariwen sont organisés par l’association Timilin et l’Arbre-Lyre à Lanleff, grâce à l’accueil en résidence d’artiste du 9 au 14 août de Attaher Cisse, forgeron et créateur touareg de Tombouctou.

10 à 17h, démonstration de savoir-faire touareg, art, tradition et rôle du forgeron dans la société touarègue, présentation de bijoux réalisés par Attaher au Mali, création en direct de bijoux à partir de cuillères et fourchettes collectées par les bénévoles en Bretagne.

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Francoise Ramel
La vie est un voyage, je la vois comme telle avec ses escales, ses ports d’attache, ses caps, jusqu’à cet horizon où réel et imaginaire s’embrassent entre les lignes : l’écriture. Françoise Ramel vit en Bretagne au cœur de l’Argoat.

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