Arts de l’Islam, un passé pour un présent, est une exposition de 180 oeuvres qui se déroule du 20 novembre 2021 au 27 mars 2022 dans 18 villes à la fois, notamment Rennes et Nantes. Elle est co-produite par la réunion des musées nationaux – Grand Palais et le musée du Louvre. L’occasion de découvrir des œuvres d’art islamique et les laisser raconter leurs histoires.

Le ministère de la Culture s’est mobilisé en demandant au musée du Louvre et à la Réunion des musées nationaux – Grand Palais d’organiser à l’automne 2021 un projet destiné à un très large public, et aux jeunes générations en particulier, pour poser un nouveau regard sur les arts et les cultures de l’Islam.

Du 20 novembre 2021 au 27 mars 2022, 18 expositions dans autant de villes de France seront ainsi présentées au public, dans un musée, une médiathèque, une bibliothèque, un espace culturel. En dialoguant, elles donnent à voir la pluralité du monde islamique et des arts de l’Islam.

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Foyers artistiques du monde islamique © RmnGP 2021

Lorsque l’Islam se déploie à partir de 650, il vient s’étendre sur des civilisations déjà existantes ce qui créé une superposition et un enchevêtrement culturel très fort. Le génie de l’Islam sera de donner une unité à un ensemble si diversifié, occasion d’un métissage permanent. Le monde islamique ce sont aussi des lieux de route avec la route de la soie, de l’encens, de la porcelaine ou bien encore des épices. Un empire qui répondra en conséquence à des logiques de circulation et de routes qui expliquent cette transmission et ce métissage des différentes formes d’art et de culture. Ces expositions relatent cette fabrique d’une unité dans une diversité écrasante, en présentant des objets de productions issues de ce vaste territoire du monde islamique peuplé de musulmans, et de non-musulmans, notamment chrétiens et juifs, en témoignant d’une réalité autre.

Elles nous emmènent parfois au gré des époques, aux confins de l’Inde ou de la Chine, au cœur de l’Iran ou de la péninsule arabique, ou sur le pourtour de la Méditerranée. Les foyers artistiques qui produisent ces œuvres se développent aussi dans des régions frontalières de ce cœur artistique, en Sicile, vers les rives de la Volga, en Europe orientale, au-delà du Sahara en Afrique centrale et orientale et dans les nombreuses communautés musulmanes chinoises. Yannick Lintz, Conservatrice et Directrice du département des arts de l’Islam au musée du Louvre, Commissaire Générale de l’exposition témoignait :

 » Finalement on n’est pas, comme on le dit depuis quelques années si facilement, dans un choc de civilisations. Ce qu’on veut montrer c’est aussi le dialogue et de montrer le lien qu’il y a eu depuis le début, depuis le Moyen Âge entre l’Europe et ce monde islamique. Il est aussi important de parler, d’une certaine manière avec cet héritage français, d’un islam de France.  »

18 expositions pour faire la lumière sur le lien qui existe très tôt entre l’Église chrétienne, dès le Moyen Âge, et les pays orientaux. Toute la chrétienté a été fascinée par les objets de luxe que pouvaient produire les ateliers royaux, les ateliers de sultans. Cet engouement pour l’Orient qu’ont les Européens tirent son origine des voyages, mais aussi des fameuses Expositions universelles, dès la fin du XVIIIe siècle.

Les arts de l’Islam au musée des Beaux-arts de Rennes

L’initiative de cette exposition étendue à tout le territoire français est l’occasion pour le musée des Beaux-arts de Rennes de mettre en valeur des œuvres issues de ces collections auxquelles viennent se greffer quelques œuvres du musée du Louvre. Ayant eu jusqu’ici peu l’occasion de représenter les arts de l’Islam, le musée des Beaux-arts de Rennes prévoit de puiser dans la richesse de ses propres collections, pour faire connaître quelques œuvres d’art islamique de son fonds en vue aussi de le valoriser dans le futur.

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Le riche cabinet de Christophe-Paul de Robien, magistrat, historien, naturaliste et collectionneur d’art français, conseiller au Parlement de Bretagne au XVIIIe siècle en constitue le fonds important. Cette collection est intéressante pour mesurer la place de l’Orient dans les collections françaises avant la grande mode de l’orientalisme au XIXe siècle. Ce siècle des Lumières, riche en relations diplomatiques avec les empires modernes du monde islamique (ottoman, iranien, et indien) connaît un premier engouement des collectionneurs pour ces arts « orientaux » pas encore appelés « islamiques »

Le Louvre en garde le souvenir avec la collection de jades ottomans de Louis XIV ou le fonds de miniatures indiennes de Napoléon. Nous trouvons donc ici une belle sélection de miniatures indiennes portraiturant les sultans et vizirs de l’empire islamique moghol. Les étuis à arcs en velours brodés de prestige de la collection de Rennes sont enrichis avec un prêt prestigieux du musée de l’Armée. Il s’agit d’un étui à arc en velours et pierres précieuses, cadeau diplomatique offert au roi de France Louis XV en 1742 par l’ambassadeur ottoman Saïd Pacha. Il fut prélevé dans le trésor du palais de Topkapi. Inventorié avec les Joyaux de la Couronne de France, il est saisi à la Révolution comme l’ensemble des collections royales et est affecté au musée d’Artillerie, ancêtre du musée de l’Armée.

Œuvres choisies

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Cerf et paon, Iran, 2eme moitié XIXe acier, décor ciselé et superficiellement damasquiné d’or

Les deux premières œuvres exposées au musée des Beaux-arts de Rennes sont un cerf et un paon, en provenance d’Iran, et datant de la seconde moitié du XIXe siècle. Fabriqués en acier damassé et damasquiné d’or et d’argent, ce deux objets d’art sont un type de sculpture animalière confectionné en Iran, en particulier dans la ville d’Ispahan. Les animaux fonctionnent généralement par paire et ont une dimension symbolique, souvent religieuse. En effet, ces sculptures jouent un rôle dans les grandes processions du mois de Muharram, qui commémorent pour les Chiites la mort du petit-fils du Prophète : fichées sur des étendards dévotionnels (alam), elles renvoient aux saints personnages du chiisme. Le cerf, ici, est le symbole de l’imam caché, le Madhi, qui selon les Chiites, réapparaîtra à la fin des temps. Le paon représente l’imam Reza, l’un des principaux imams du chiisme.

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Casque, Iran probablement 19e siècle

Est également exposé un casque, en provenance d’Iran et daté probablement du XIXe siècle. Il présente un décor gravé de motifs végétaux qui se déploient dans des compartiments géométriques. Dans le monde iranien, les armes et armures étaient mises en scène lors de processions ou de Tazieh, un théâtre religieux où les acteurs rejouent le martyre de l’imam Hussein, fils d’Ali et petit-fils du prophète Mahomet. Ces rituels sont caractéristiques du chiisme. Ce casque est entré au musée en 1936. Cet objet représente un vrai travail d’orfèvre, avec de l’argent incrusté dans de l’acier.

Grâce au démontage des vis il a été possible de voir la bonne conservation du métal en-dessous ce qui a servi de guide pour le reste de la restauration.

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Crosseron à décor animalier, Sicile, 12e ou 13e siècle

Un crosseron à décor animalier, originaire de Sicile, des XIIe ou XIIIe siècle est une œuvre d’une très grande qualité. Le bâton pastoral est un symbole de pouvoir, généralement attribué à un évêque ou un abbé. Il s’agit d’une longue perche avec une extrémité recourbée ou une spirale (crosseron). Le décor animalier de celui-ci mêle des éléments du répertoire oriental, comme la gazelle attaquée par un félin, et d’autres issus d’une tradition du nord de l’Europe, telle la tête de dragon à l’extrémité du crosseron. Ce type d’objet en ivoire décoré de peintures colorées était probablement fabriqué dans la Sicile musulmane des XIIe et XIIIe siècles ; on en retrouve dans plusieurs trésors ou collections muséales de l’Occident latin. L’exemplaire ici présenté provient de la cathédrale de Vannes.

Cette œuvre, comme les superbes plats de céramiques lustrées d’ateliers espagnols des XIVe ou XVe siècles, montrent l’impact de la culture islamique au-delà même de la présence arabe sur ce territoire. L’occident islamique, selon la formule retenue pour les productions espagnoles ou siciliennes est aussi brillamment représenté dans le parcours de cette exposition.

Sous l’impulsion de l’empereur moghol Akbar, qui règne de 1556 à 1605, apparaît en Inde un art du portrait qui perdure jusqu’au XIXe siècle. Il concerne principalement les souverains, des hauts dignitaires et certaines grandes figures spirituelles de l’empire. Pour chacun s’impose un portrait type, normatif mais individualisé, circulant sous forme de peintures de petit format sur papier. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ces représentations faites sur commande attisent la curiosité des Européens de passage ou installés en Inde. Rapportées en Europe, elles y servent de modèles aux peintres et graveurs. Un ensemble, dont nous avons ici le témoignage, fut envoyé au marquis de Robien depuis le Bengale, dans la première moitié du XVIIIe siècle.

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BLUE LINEN Hassan SHARIF 2015 Peinture, lin, aluminium et corde de coton 198 x 135 x 11 cm Collection Frac Bretagne © Hassan Sharif Estate – Courtesy Galerie gb agency, Paris

Pour les 18 expositions a été fait le choix d’exposer des artistes contemporains divers issus de deux générations : celle des artistes reconnus, comme l’artiste émirien Hassan Sharif (exposé au musée des Beaux-arts de Rennes), mais aussi une génération plus jeune d’artiste, celle en plein épanouissement aujourd’hui, avec des artistes tels que Katia Kameli ou encore Lena Merhej.

Un espace consacré à un format audiovisuel complète l’exposition avec de magnifiques images issues de villes où ont fleuri les arts de l’Islam. Une invitation au voyage qui conclut le parcours de l’exposition.

« Le présent peut, quand on sait le regarder et quand on veut le voir, peut être aussi glorieux et autant source de fierté que le passé de cette civilisation », Yannick Lintz

Ces 18 expositions visibles jusqu’au 27 mars 2022, serviront à montrer que l’Islam et la culture arabe, contrairement aux préjugés, c’est aussi l’Iran, la Turquie, les fameuses oasis comme Samarcande et Boukhara en Asie Centrale et c’est bien sûr aussi l’Afrique. L’art islamique, comme l’art français, comme l’art européen, peut être de l’art religieux, mais peut être aussi de l’art profane quand il vient des décors de palais.

La présentation faite de ces expositions rajoutait :  » Face aux fanatismes religieux et aux a priori, la culture se doit d’être sans relâche un rempart et un levier pour transmettre, ouvrir à l’autre, redonner des clés de compréhension de passés croisés pour construire un avenir partagé. « 

18 expositions dans 18 lieux: Angoulême, Blois, Clermont- Ferrand, Dijon, Figeac, Limoges, Mantes-la-Jolie, Marseille, Nancy, Nantes, Narbonne, Rennes, Rillieux-la-Pape, Rouen, Saint-Denis, Saint-Louis (La Réunion), Toulouse, Tourcoing.

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Publication

À l’occasion de l’exposition Arts de l’Islam, un passé pour un présent, présente dans 18 lieux, est paru un ouvrage éponyme. Il comporte 96 pages, 60 illustrations, et son prix de vente public est de 13,50€. Coédition Réunion des musées nationaux – Grand Palais / Musée du Louvre

Les partenaires du projet

L’École du Louvre, la Fondation Islam de France, L’Institut du monde arabe, Platform, le musée de l’Armée.

Infos pratiques

Musée des beaux-arts, 20 quai Émile Zola 35000 Rennes Tel. : 02 23 62 17 45

Contact : 02 23 62 17 45 / museebeauxarts@ville-rennes.fr / mba.rennes.fr

Horaires d’ouverture

Du mardi au vendredi : 10h – 17h Samedi et dimanche : 10h – 18h Fermé le lundi et les jours fériés Tarifs

Collection permanente : gratuit

Exposition temporaire : plein tarif 4€ tarif réduit 2€

Réservations

Réservation pour les groupes à partir de 10 personnes et pour les groupes scolaires : 02 23 62 17 41 ou mba-reservations@ville-rennes.fr lundi : 8h30 – 12h mardi : 13h45 -16h15 mercredi : 8h30 -12h jeudi : 8h30 -12h + 14h30 -16h15 vendredi : 8h30 -12h + 13h45 -16h15

Accès

Métro A arrêt République Bus arrêt « Musée beaux-arts » : C4, C6, 40ex, 50, 64, 67, N Bus arrêt « Lycée Zola » : 12 Vélo STAR : station avenue Janvier Places pour vélo devant le musée Stationnement réservé aux personnes en situation de handicap, rue Léonard de Vinci > Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduite. Rampe d’accès, ascenseur et bancs sont à votre disposition. Des cannes-sièges sont prêtées sur simple demande à l’accueil pour les visites commentées.

Dans le cadre de l’exposition « Arts de l’islam, un passé pour un présent », un cycle de conférences est proposé (sur inscription):

Mercredi 24 novembre 2021 – Conférence: Qu’appelle-t-on ’arts de l’Islam’?


Mercredi 08 décembre 2021 – Conférence: La figuration dans les arts de l’Islam

Mercredi 26 janvier 2022 – Conférence: Calligraphie. Arts de l’islam, un passé pour un présent

> Mercredi 23 février 2022 – Conférence: Inde et Chine dans l’art islamique

> Mercredi 09 mars 2022 – Conférence: Les arts de l’Islam au contact de l’Europe

> Jeudi 24 mars 2022 – Conférence: Les arts de l’Islam dans la création contemporaine

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