Nord Sud Est Ouest est une installation in situ de l’artiste Thomas Monin sur le plan d’eau de Betton du 1er décembre 2020 au 1er septembre 2021. Légèrement luminescente à la nuit tombée, cette œuvre installée à la surface du plan d’eau de Betton est composée de huit têtes de loup monumentales aux attitudes expressives variées qui décrivent une rose des vents. Par effet de miroir, l’œuvre interroge la place que nous occupons dans la nature et les rapports profonds que nous entretenons avec notre propre sensibilité.

expo betton

Huit têtes de loup

Huit têtes de loup sont disposées en cercle sur le plan d’eau de Betton. Hautes de 2,50 m, elles ont chacune une attitude différente. Disposée dans une direction précise, Nord, Sud, Est, Ouest, Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest, l’ensemble de l’installation forme les huit points cardinaux. Les têtes sont faites d’une trame de tiges métalliques gainées de silicone phosphorescent et sont éclairées de nuit, chacune à l’aide d’un spot de lumière noire. Elles apparaissent ainsi lumineuses, voire fantomatiques…

Cette meute a l’air de surgir du fond de l’eau. Il y a celui qui semble rire, celui qui semble soumis, celui qui agresse. Il y a le stoïque, le provocateur, le hurleur à la lune, celui qui grogne, celui qui n’en pense pas moins… Autant d’émotions qui balayent toutes les directions. Autant d’adresses au reste du monde, autant d’interactions possibles… C’est par l’expression de l’émotion de l’animal que nous percevons sa sensibilité. Le loup, symbole multiple, oscillant entre objet de peur populaire, exutoire de l’angoisse qu’il génère et figure positive et protectrice nous accompagne depuis toujours et aujourd’hui, peut-être, plus que jamais.

« L’installation Nord Sud Est Ouest, comme une union étroite entre ce que nous sommes et ce dont nous sommes, invite à l’exploration des rapports intimes dont nous sommes faits avec la matière vivante, et voudrait masser à la fois le corps et la pensée »

THOMAS MONIN

Reste à savoir dans quelle direction vous irez ?

thomas monin expo

Thomas Monin en quelques lignes

Thomas Monin est né en 1973. Il vit et travaille dans le centre de la France. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nancy, il fut l’assistant principal de l’artiste chinois Chen Zhen de 1994 à 2000. Il expose son travail depuis plus de trente ans au sein d’expositions personnelles ou de groupe comme Intervalle, La Rochelle 2019-20 / Aurora. Docks village. Marseille 2016 / Horizons, Art Nature en Sancy 2014 / et des œuvres publiques permanentes : Apis Mellifica au Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle.

Betton, exo Nord Sud Est Ouest Thomas Monin du 1er décembre 2020 au 1er septembre 2021

Présentation par Thomas Monin

Thomas Monin
Thomas Monin

« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. » (Edmond Rostand. Chantecler)

Huit têtes de loups monumentales sont disposées en cercle à la surface du lac de la ville de Betton. Elles mesurent chacune environ 2,50 m de hauteur et ont chacune une attitude expressive différente. Disposée dans une direction précise, Nord, Sud, Est, ouest, Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest, l’ensemble de l’installation forme une sorte de rose des vents. Les huit têtes sont faites d’une trame de tiges métalliques gainées de silicone phosphorescent et sont éclairées de nuit, chacune à l’aide d’un spot de lumière noire. Elles apparaissent ainsi luminescentes, voire fantomatiques…

En union étroite avec le lieu et son contexte, cette meute fantôme semble surgir du fond du lac, en son milieu, comme ces animaux qui choisissent le milieu des champs et les endroits dégagés pour mieux voir d’où viennent les chasseurs, mais qui, de fait, s’exposent mieux à leurs tirs…

Il y a celui qui semble rire, celui qui semble soumis, celui qui agresse. Il y a le stoïque, le provocateur, le hurleur à la Lune, celui qui grogne, celui qui n’en pense pas moins… C’est par l’expression de l’émotion de l’animal, que nous percevons sa sensibilité. Et sa sensibilité interagit avec la nôtre même.

Nous, les simiesques, nous qui tenons du singe, nous qui nous roulons dans notre propre image, comme le basset artésien découvrant la déjection d’un confrère, nous, les crâneurs autolâtres qui avons artificialisé, sous-naturalisé le monde, nous nous demandons à présent, dans nos milieux exsangues, où est passée la clé des champs. Mais elle est là, la clé des champs. A portée de symbiose, à quelques encablures à peine : la coexistence pacifique avec le monde sauvage. Dans le regard que la nature consent parfois à poser sur nous…

Multiple symbole oscillant dans toutes les cultures du monde entre valorisations positives, autant que négatives, le loup nous accompagne depuis toujours et aujourd’hui, peut-être, plus que jamais. L’antinomie du chien, le loup-garou ou le grand méchant loup, diable incarné, dont la gueule surgit de nuit comme la mort, se révèle régulateur biologique des écosystèmes. Mais l’opposition farouche d’une partie des humains à la présence de Canis Lupus – celle de certains éleveurs d’ovins, ainsi qu’une large frange plutôt conservatrice de la population -, n’est pas sans rappeler que la présence du loup et son hurlement provoque encore l’effroi, après des millénaires d’histoires et de contes mystérieux. Hélas pour lui, le loup cristallise encore bel et bien nos excès d’émotion, à l’instar du fantôme, entre peur et fascination.

Alors, ces huit têtes de loups sont-elles autre chose qu’une hallucination collective ? Que craignons-nous d’elles, sinon, peut-être, d’avoir à faire face à notre propre sauvagerie ? Voilà une œuvre à double face, tant diurne que nocturne, qui entend peut-être nous permettre d’accéder à ce auquel nous n’avions pas encore eu accès, certains territoires de nous-mêmes, de l’autre, de l’univers. A l’heure du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, alors que notre rapport à la nature doit être réinventé sous peine de mort, le loup nous accompagne toujours, comme un frère de sang, une âme sœur… Ici, l’anthropocentrisme n’est pas de rigueur, et l’expression ne relève pas de la cosmétique. Ici, l’objectif est de soutenir un contre-feu face à ce qui semble aller contre la perpétuation de la vie.

Il s’agit avant tout de ne pas concevoir l’humanité comme une maladie incurable de la matière vivante. Tenter d’inventer un art animal, en sécrétant un dispositif orienté vers l’acceptation de l’animalité dans tous ses lieux de déploiement, y compris dans la conscience elle-même. Il manquait peut-être à l’In Situ la conscience des liens entre systèmes biologiques et processus culturels. Ebloui par la symbiose, je voudrais atteindre ce point d’association entre ces organismes ne pouvant vivre les uns sans les autres, chacun d’eux tirant bénéfice de cette association. L’installation Nord Sud Est Ouest, comme une union étroite entre ce que nous sommes et ce dont nous sommes, invite à l’exploration des rapports intimes que nous entretenons avec la matière vivante, et voudrait masser à la fois le corps et la pensée.

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