Cet été, l’abbaye Saint-André accueille l’univers organique joyeux et coloré de l’artiste Muriel Kerba du 2 juin au 5 septembre, ouvrant le 2e volet de sa trilogie sur le foisonnement de la vie. Incisions, superpositions de supports, la nature ne s’offre pas aux premiers regards dans le travail de Muriel Kerba.

MURIEL KERBA

Une nature mise à nu à travers la vibration de la couleur, le passage par l’infiniment petit pour aller vers la lumière. Sérigraphies mille-feuilles dans la série Spécimens, papiers ajourés puis recourbés délicatement dans sa collection des Canopées, véritable mantille dans ses nouveaux Achromes et, à la source de ce bestiaire organique, des dessins à la mine de plomb réunis en un recueil de curiosités, les Fruits confinés dans lequel tous les jours une forme inconnue éclot.

MURIEL KERBA

Une œuvre qui épouse avec volupté la rigueur des arts graphiques et qui interroge nos sens autant que notre imaginaire. Selon une pulsation de vie intrigante, qui alterne le chaud et le froid, au cœur d’une matrice chimérique et réconfortante. À découvrir dans Éclosion.

MURIEL KERBA

Un alphabet cellulaire imaginaire

Les premiers prototypes de la matrice poétique de Muriel Kerba résident en ses petits dessins, exécutés compulsivement à la mine de plomb, quotidiennement sur son carnet de croquis : Fruits confinés. Comme autant de formes vivantes qui forment l’alphabet de cette passionnée d’imagerie biologique et d’esthétique botanique. Première pulsion de vie, encore en noir & blanc. Ce cosmos végétal fourmille de cellules en développement prenant la forme de bulbes, germes, racines ou ramifications. La couleur vient ensuite en touches vibratoires dans la série des Spécimens. Des sérigraphies où s’accumulent patiemment les strates jusqu’à 17 passages ! Après la superposition infinie de couleurs, il fallait inciser, entailler cette matière, à la source de la vie, afin qu’elle se déploie en Canopées pour faire place à la lumière. Papier ajouré puis recourbé telles des écailles colorées ou des ouïes en cascade.

MURIEL KERBA

Une approche expérimentale

Comme une scientifique penchée sur son microscope, Muriel Kerba observe à la loupe ses travaux, scrutant chaque bavure, petits grains, chaque imperfection devenant à son tour une piste de travail. Le papier étant désormais la pièce maîtresse de ces allers-retours. Chaque rebut de fabrication pouvant devenir la matière première d’un futur projet artistique chez cette artiste. C’est ainsi que d’un simple typon de dentelles est née la nouvelle collection des Achromes.

MURIEL KERBA

Concrètement, un papier blanc encré sur son revers puis ciselé. Grâce à ce jeu de découpe, la réflexion lumineuse de la couleur dans un univers totalement blanc donne l’impression d’un dessin en relief. Ainsi par le biais d’une illusion d’optique, les ombres portées s’animent tout en se colorant, ici, dans des tons turquoise et rose.

MURIEL KERBA
Photo issue de la page Facebook de Muriel Kerba.

« Le spectateur devient actif malgré lui »

Donner à voir, mais aussi à ressentir. Le frémissement des fines ombres portées, des touches subtiles de couleur; il suffit d’un léger mouvement et le tout prend vie dans un bruissement de papier. Les surfaces se hérissent, s’irisent, ondulent sous notre regard.

Un travail minutieux dans l’épure

Paradoxe de cette approche, c’est par cette accumulation de formes que Muriel Kerba arrive à l’épure, à la fibre essentielle. Un travail de précision, mais ne lui parlez pas de découpe au laser, de sérigraphie industrielle, ici la main façonne la matière de bout en bout, tel un orfèvre du papier. Un travail monacal nécessaire qui libère sa création. « J’entame un travail de chercheuse solitaire, addictif et ressourçant, portée par une approche empirique et expérimentale », explique cette artiste exigeante. Lors de la découpe de papier, pas de repentir possible. Une seule arme son scalpel de graphiste pour lequel elle use quotidiennement de très nombreuses lames. Un seul médium : un papier semi- épais qui doit garder souplesse et légère granulosité. C’est la technique qui donne le la ! À Muriel Kerba de faire surgir les silhouettes. Une recherche de textures, de couleurs, de mise en relief ou en abîme, selon des architectures végétales. Ainsi ses sérigraphies épousent la règle de la symétrie si présente dans la nature, alors que le travail de découpe va puiser les nervures d’une écorce, les vaisseaux d’un être marin, les imbrications d’une géologie. Des réminiscences qui tissent son œuvre.

Une artiste qui s’affranchit des arts graphiques avec jubilation…

Née en 1971, diplômée de Penninghen, elle devient graphiste avant de se consacrer à l’illustration jeunesse. Parallèlement à cette activité très codifiée, un désir de recherche artistique personnelle émerge doucement. Et c’est en 2010 qu’elle assume pleinement cette voie. Elle explore des médiums aussi variés que la céramique ou la sérigraphie. Deux axes de créations faits d’exigence et de patience dont elle repousse sans cesse les limites. Désormais, c’est le papier qu’elle malmène, écorche avec minutie : une véritable fascination. Ses inspirations ? La nature, bien entendu, celle qui se cache, qui s’exhume, qui s’ausculte à la loupe, un émerveillement constant depuis son plus jeune âge. Mais aussi des artistes comme les talentueux maîtres verriers allemands Léopold et Rudolf Blaschka qui ont créé une féerie de sculptures marine et fleurs de verre à la fin du XIXe siècle subjuguant déjà leurs contemporains ; ou l’étonnant photographe, allemand lui aussi, Karl Blossfeldt, qui offre au début du XXe siècle un herbier d’une modernité inégalée. Sans oublier ses boîtes à trésors, car rien n’est jeté dans son atelier parisien. Elle mène toujours plusieurs pistes de front, apportant la maturation nécessaire, la fermentation si l’on parle végétal.

« J’ai besoin d’explorer plusieurs directions, de tourner autour du pot dans lequel poussent toutes les plantes de ma canopée personnelle. », résume cette infatigable chercheuse de formes. Le travail de création faisant surgir l’idée de la prochaine éclosion de papier.

Plus d’infos et galeries sur le site de Muriel Kerba du 2 juin au 5 septembre 2021

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Nouveau « Site Accueil Vélo » ! Ouverture 2021* du 2 mars au 31 octobre sauf les lundis. Ouvert les jours fériés. Horaires* : De mai à septembre : de 10h à 18h. En octobre 10h-13h et 14h-17h. *Durant la pandémie les horaires et jours sont susceptibles de changer, à vérifier sur le site.

Tarifs : Visite des Jardins + exposition temporaire (comprenant les 2ha de jardins et circuit historique avec vidéo) : Tarif : 7 € – tarif réduit : 6 €, gratuit moins de 8 ans – tarif famille (enfant de 8 à 17 ans) : 2 adultes + 1 enfant 17€ ou 2 adultes + 2 enfants et plus 23 € – tarif handicapé : 5 € (carnet en gros caractères et en braille et application audio FALC). Tarif solidaire Abbaye pour soutenir l’abbaye en temps de Covid : 10 €. Tarifs : Visite guidée du palais abbatial + visite des Jardins + exposition temporaire : Tarif : 14 € – tarif réduit : 13 €, gratuit – de 8 ans, sur réservation, 8 € avec Pass. Tous les jeudis à 11h. Visite guidée des jardins, tous les vendredis à 10h, sur réservation : 14€, tarif réduit 13 €. (8€ avec Pass). Pass Jardins/Expos : 25€/pers l’année, entrées illimitées, 60€/famille (2 adultes + enfants -17 ans). Patrimoine de Villeneuve : billet groupé à 17 €, Avignon City Pass ou Vaucluse Provence Pass

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