Mais non, Unidivers n’oserait ni braver l’interdiction de publication des résultats avant terme ni tenter d’influencer ses lecteurs. Seulement, voilà un peu de politique-fiction à quelques jours des résultats. Après tout, cela fait des mois que sondages, peur d’un remake de 2002, matraquage du bipartisme, candidats proclamés vainqueurs avant l’heure, fausses promesses et autres inconsidérées, mensonges en pagaille, déloyautés en tous genres, émaillent cette pitoyable campagne qui finit de disqualifier un appareil politique centré ses intérêts partisans et clientélistes.

 

Allez, c’est parti, il est 19 h ! Et le premier chiffre, c’est l’abstention : elle atteint des records comparables à 2002. Mais pourquoi si peu d’intérêt pour la campagne alors qu’il était des plus vifs en 2007 ? Peut-être que les Français ont l’impression que la victoire de l’un ou l’autre des deux candidats est à peu près égale, voire qu’elle ne changera rien… Peut-être aussi que la performance d’un candidat secondaire modifie la perception de la campagne…

Soudain, un commentateur invité tente une analyse : « Le fait que le parlement ait voté le traité de Lisbonne après un référendum négatif semble laisser une trace profonde dans l’esprit des votants : celle d’un refus de l’expression démocratique par l’appareil politique. L’abstention interdirait d’émettre la moindre plainte, avait-on assené… On voit le résultat : une grande partie des Français a le sentiment d’une démocratie confisquée. » Mais le voilà aussitôt contredit par ses collègues : « Non, il faut chercher ailleurs… dans le contenu des programmes, peut-être ? » ou « Dans un manque de confiance en l’avenir remonté par les sondeurs officiels ? »…

Ah, voici une première estimation avec une surprise, oui… François Hollande remporte ce premier tour supplantant Nicolas Sarkozy par 3 % de voix. Mais c’est bien une percée des candidats Front national et Front de gauche qui marque cette campagne, en faisant des arbitres incontournables du second tour.

Les candidats aux idées plus modérées que sont François Bayrou et Eva Joly régresseraient même avec 8,5% pour le premier et 3% pour la seconde qui n’atteint pas la barre fatidique des 5%. Derrière, c’est finalement Nicolas Dupont-Aignan et Philippe Poutou qui remportent le match des petits. On parle de vote protestataire, des thèmes qui n’ont pas su trouver de place, d’envie de mutation modérée, voire de conservatisme dominant, du repli sur soi que représenteraient les votes des 2 fronts. Éditorialistes et commentateurs s’en donnent à cœur joie.

Ah, mais voilà déjà les invités qui envahissent les coulisses. Aussitôt les leaders des deux principaux partis prennent d’assaut les plateaux, le PS disant avoir entendu aussi les électeurs du front de Gauche et regretter cette montée du front national aidé par les discours de la droite. À l’opposé, d’une même voix, les tribuns de la droite accusent le PS de mentir aux électeurs de Mélenchon en affirmant les entendre alors qu’ils ont préféré reprendre des idées dangereuses et démagogiques qu’ils n’appliqueront pas comme l’a démontré l’accord avec EELV. Mais évidemment, eux, ne trahiront pas la France.

Les éditorialistes patentés regrettent que les thèmes n’aient pas été débattus durant cette première partie de campagne… Ils donnent rendez-vous pour le débat d’entre deux tours. Chacun y va de son petit clin d’œil à son favori de cœur ; les uns parlant de changement, les autres de garder le cap dans la tempête. Les résultats définitifs tombent peu à peu et les journalistes attendent les déclarations de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, coupant même les déclarations attristées de François Bayrou ou Eva Joly pour mieux donner la parole à l’un des caciques de l’UMP ou du PS.

La soirée se termine. Et vous, lecteurs, vous vous dîtes que… la soirée de dimanche pourrait bien ressembler à ce compte-rendu fictif. Et comme nous, vous vous en désolez. Que faire ?

Ice et Nicolas Roberti

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