Grand chantier du quinquennat, la réforme de l’éducation commence par plusieurs annonces. Si les Français s’attendaient à une évolution profonde, c’est raté… Comme depuis 1975 !

Les premières pistes sont éloquentes : semaine de quatre jours et demi, réforme de la notation, augmentation du nombre d’enseignants. Attendez, il ne manque pas quelque chose là ? Ah si, bien sûr, le contenu des programmes !

De fait, les mesures présentées ne s’attaquent qu’aux problèmes du rythme scolaire et du nombre d’élèves par classe. Objectif louable ? Une meilleure assimilation des programmes par nos chères enfants. Quant à réforme de la notation, elle tourne encore et encore autour de la question de « l’humiliation de la note ». Comme si une seule méthode d’enseignement devait convenir à tout le monde. Comme si tous les enfants étaient identiques et l’école un cocon juste, pacifique et adapté à chacun. La large majorité des enseignants et des parents d’élèves concernés savent pertinemment que c’est faux. Et depuis longtemps.

Pourtant, comme personne – ministère de l’Éducation en tête – n’a le courage de lancer une véritable réflexion sur l’instruction, on préfère ne rien faire. Et surtout pas s’en prendre au dinosaure qui nourrit tant d’intérêts catégoriels en France. Alors, ministères et rectorats font croire depuis trente ans que les programmes sont de plus en plus parfaits à coups de petites réformes cosmétiques, voire de coupes sombres.

Reste un problème de fond : l’adéquation des programmes et des filières de l’enseignement au monde du travail. Ce qui reste tout de même la finalité pour la large majorité des lycéens et étudiants. Les barèmes internationaux pointent un véritable effondrement de la France dans les matières scientifiques, les langues vivantes (le retard ne date pas d’hier…), sans parler de la maîtrise de notre belle langue française (rares sont les copies de bac dénuées de fautes d’orthographes, ce qui arrive encore souvent dans les écrits des enseignants…). Certains n’en ont cure, partant du principe que ces versants du savoir ne sont pas si fondamentaux.

Pourtant, à regarder de près les étudiants en BTS, DUT ou école d’ingénieur qui rejoignent en alternance les entreprises, les formateurs et tuteurs constatent les carences dans ces domaines. Leurs conséquences ? Un affaiblissement des bases du raisonnement. Entre l’écriture littéraire et l’écriture descriptive propre au monde du travail, il y a déjà un monde que les cursus techniques – voire désormais généraux – comblent insuffisamment. (L’exemple du programme informatique des années 80, avec le ridicule des ordinateurs Thomson et du logo n’est pourtant pas si caricatural, car il apportait des bases techniques et pouvait servir de retour d’expériences.)

Le mauvais traitement apporté à ces questions a des conséquences directes sur la fameuse ‘compétitivité’ de la France à l’échelle internationale. À l’intérieur de l’hexagone, on ne s’étonnera pas de voir débouler dans nos entreprises de plus en plus d’alternants d’origine étrangère : ils maîtrisent plusieurs langues et présentent une ouverture d’esprit et un bagage technique souvent supérieurs à nos concitoyens. Le chemin inverse est bien plus rare…

Comme toujours, encore et encore, ce grand chantier de l’éducation et de l’instruction est débattu par des personnes qui sont pour beaucoup coupées du monde réel. Il suffit d’observer comment le gouvernement rustine de « nouveaux emplois jeunes » pour comprendre ce décalage. Gauche comme droite, même combat : une impéritie poltronne déguisée en communication. Le monde du travail et le monde de l’enseignement travailleront-ils un jour vraiment ensemble ? Il faudrait que les politiques françaises acceptent d’avoir recours à ce que son élite pédagogique traditionnellement refuse : une bonne dose de pragmatisme.

Didier Ackermann et Nicolas Roberti

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Didier Acker
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