Le 5 mai 2016 s’ouvre une exposition des sculptures d’Édouard Martinet à la Sladmore Contemporary de Londres. Pendant un mois, cet artiste français, enseignant de design graphique à LISAA de Rennes, présentera son bestiaire d’objets récupérés.

Édouard Martinet sculptureÀ l’école primaire, un enseignant entomologiste le passionne avec les insectes. À la fin des années 80, Édouard Martinet commence un travail de sculpture… étonnant. Tout un bestiaire sort de son atelier de Cesson-Sévigné. Crapauds, poissons, mantes religieuses, grenouilles, fourmis, coccinelles… Entre art et artisanat, Édouard Martinet donne vie à ces animaux en redonnant vie à des objets. La récupération comme un art, en somme. Quelques contraintes conditionnent son travail depuis deux décennies : pas de soudures, seulement quelques vis et un système d’emboîtement. Ces sculptures présentent deux niveaux de lecture : de loin, elles représentent un animal, de près elles jouent sur l’échelle en grossissant le détail. Au préalable, Édouard Martinet écume les brocantes, antiquaires et casses du coin. Dans son monde mécanique et fantasmagorique, les arêtes se font fourchettes, les pattes tiges de machine à écrire, les antennes chaînes de vélos. Si Édouard Martinet travaille à LISAA depuis sa création, il expose peu en France. C’est outre-Manche, particulièrement à la Sladmore Contemporary de Londres, que l’artiste a trouvé le succès. Rencontre, en son pays, avec le prophète du bestiaire mécanique !

Unidivers : Comment votre travail a-t-il commencé ?

Édouard Martinet  : J’ai commencé mon travail à Paris. Finalement, je suis revenu à Rennes. J’étais à l’école à Rennes, étudiant à Paris. J’ai commencé mon travail de sculpture en sortant de l’école. J’ai été graphiste. J’ai fait ma première exposition en 90. Puis j’ai fait les vitrines d’Hermès.

Édouard Martinet sculptureU. : À cette époque, votre travail était-il semblable à maintenant ?

Édouard Martinet  : La même chose, de la récup.

U. : Comment qualifiez-vous votre travail ?

Édouard Martinet  : C’est difficile. De la sculpture. Au lieu d’enlever de la matière, je l’assemble. De la sculpture, c’est un objet en volume qui ne sert à rien. C’est seulement décoratif, non ?

U. : Est-ce que vous avez une idée préconçue de la sculpture ou vous laissez vous guider par les objets récupérés ?

Édouard Martinet sculptureÉdouard Martinet  : Les deux. Je peux avoir envie de faire un truc, ou je peux tomber sur un objet inspirant. Par exemple, la mante religieuse. Je suivais une vieille 404, j’ai vu les phares derrière : c’est vraiment un cul de mante religieuse.

U. : Est-ce qu’il y a des objets qui reviennent régulièrement ?

Édouard Martinet  : Oui, je cherche toujours le même genre d’objets. Par exemple la chaîne de vélos, des freins avec des charnières. C’est un peu, disons, comme la typographie. Certaines formes reviennent régulièrement.

U. : Est-ce que vous vous renseignez au préalable sur l’anatomie de ces animaux ?

Édouard Martinet sculptureÉdouard Martinet  : Oui et non. Il faut d’abord faire avec l’idée qu’on a des choses. Un poisson, c’est un poisson. Après, il faut se renseigner parce que la nature fait bien les choses. Par exemple, pour les arêtes, j’utilise des couverts.

U. : De quoi votre bestiaire est-il composé ?

Édouard Martinet  : J’aime bien ce qui est moche. Par contre, je déteste toucher un poisson ou attraper un oiseau. Les insectes, je les trouve beaux. Mon travail consiste en un agrandissement interprété.

U. : Au niveau des couleurs, qu’est-ce que vous utilisez ?

Édouard Martinet  : La rouille, par exemple. Quand il n’y en a pas assez, j’en rajoute.

Édouard Martinet sculptureU. : Est-ce que vous êtes inspirés ou influencés par des artistes antérieurs ?

Édouard Martinet  : Oui, sûrement, mais je ne vois pas lesquels. J’aimais bien Picasso et sa tête de veau avec une selle et un guidon. J’aime bien Damien Hirst.

U. : En somme, vous redonnez vie à ces animaux, non ?

Édouard Martinet  : Je redonne vie à des objets qui ont déjà vécu. Le but, c’est de leur donner un regard. Tout est dans l’œil. L’œil, l’attitude et puis la position. Ça les rend vivants. Il y a un poisson en particulier, quand tu passes à côté, tu as l’impression qu’il te suit. Ses yeux, ce sont des loupes avec des réflecteurs derrière.

Édouard Martinet, LISAA Rennes, Sladmore Contemporary

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