Les bonnes est une pièce écrite en 1947 par Jean Genet, même si l’auteur en a nié au début la paternité. Le texte est inspiré de l’affaire des soeurs Papin, deux employées de maison qui commirent – dans des circonstances atroces – le meurtre de leur patronne. La pièce est construite autour de trois personnages : Claire et Solange, deux soeurs, et Madame, leur patronne. La mise en scène de Jacques Vincey s’écarte quelque peu des didascalies, mais respecte scrupuleusement le texte de Jean Genet. Mise en scène qui révèle une extraordinaire cohésion avec les comédiennes.

 

La beauté de mon crime devait racheter la pauvreté de mon chagrin.

 

En effet, c’est avant tout une ambiance, un climat, qui s’installe d’emblée. Décor atypique, froid, sur plusieurs niveaux, le spectateur est instantanément perturbé par l’approche retenue. S’y révèle la première comédienne – l’extraordinaire Hélène Alexandridris. Le jeu avec les gants de vaisselle accompagné d’un petit chant fluet ancre le ton instauré par Jacques Vincey. La pièce gardera cette dimension décalée mais profondément subtile donnée au texte de Genet. Le duo des deux soeurs – la seconde étant la moins extraordinaire Marilù Marini – est un grand moment de théâtre.

En effet, il convient de s’intéresser de plus près à ce lien qui unit les deux comédiennes. Physiquement, textuellement, les deux soeurs fictives sont liées. Liées bonnes, jean genetd’une façon belle  juste dans une relation qui influence le travail d’acteur. Le spectateur  s’engouffre littéralement dans ce magma de mots, dans cette désinhibition franche et incarnée, dans ces positions souvent comiques qu’adoptent les deux comédiennes. Jacques Vincey n’aurait pu rêver meilleur choix. La patronne – incarnée brillamment par Myrto Procopiou –  confère un enjeu supplémentaire à l’adaptation.

C’est une mise en scène incarnée et très recherchée des Bonnes que livre Jacques Vincey. Armé de trois talentueuses comédiennes, il emporte instantanément le spectateur à travers une face du théâtre contemporain, subtile mais accessible à tous.

Les Bonnes de Jean Genet, mise en scène de Jacques Vincey avec Hélène Alexandridis, Marilù Marini, Myrto Procopiou et la participation de Vanasay Khamphommala, collaboration artistique :  Paillette • scénographie, costumes et maquillages : Pierre-André Weitz • lumières : Bertrand Killy • musique et son : Alexandre Meyer, Frédéric Minière • assistant à la mise en scène et chant : Vanasay Khamphommala • assistante aux costumes : Nathalie Bègue

 

 

Les Bonnes, de Jean Genet

Mise en scène : Jacques Vincey

Avec : Hélène Alexandridis, Marilù Marini,Myrto Procopiou
Avec la participation de : Vanasay Khamphommala

Collaboration artistique : Paillette • scénographie, costumes et maquillages : Pierre-André Weitz • Lumières : Bertrand Killy • Musique et son : Alexandre Meyer, Frédéric Minière • Assistant à la mise en scène et chant :Vanasay Khamphommala • Assistante aux costumes : Nathalie Bègue

Sortie DVD (Copat) : septembre 2012

Filmé en avril 2012 au Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois

Durée : 1h42

 

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