Souvent, les néophytes dans le monde du jeu de société demandent si tout n’a pas déjà été inventé, si les limites de ce que peut être un jeu de société n’ont pas déjà été atteintes. Un peu comme un monde clos, fini, où tout aurait été déjà exploré.  Avec la publication de Dixit en 2008, dans une première version richement illustrée par Marie Cardouat, un véritable ovni débarquait. Un petite révolution dans l’univers ludique.

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La création de Dixit et sa publication, c’est avant tout l’histoire d’un parcours difficile et laborieux. Jean Louis Roubira, pédopsychiatre à Poitiers s’occupe d’ateliers pour jeunes en difficulté. Peu à peu, il y met en place un jeu à l’aide d’images qu’il souhaite oniriques et poétiques.

Lorsqu’en 2002, l’auteur propose son jeu aux maisons d’édition, toutes le refusent. Elles ne souhaitent pas prendre le risque d’un jeu trop différent, trop original, voire intello ; ce que ne manquera pas de noter par la suite son auteur dans de nombreuses interviews.

dixit jeuUne opportune rencontre avec Régis Bonnessé, universitaire poitevin également, lui permet de publier son jeu. Ce dernier créée pour l’occasion une nouvelle maison d’édition, Libellud, dont Dixit sera le premier titre. Ensemble, ils contactent Marie Cardouat qui, en sept mois, illustre à merveille ce jeu de cartes : 84 illustrations sur le thème de l’enfermement et de la liberté, des relations adultes-enfants, de la poésie ou encore de l’amour. Les références artistiques sont nombreuses, de Magritte à Dali en passant par Lewis Caroll (les pions pour compter les points sont des lapins, en hommage au Lapin Blanc d’Alice).

Et le succès est immédiat. Côté public, le jeu est traduit aujourd’hui en plus d’une dizaine de langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Côté critique, avec de nombreuses récompenses françaises, tel l’As d’Or en 2009, et internationales, dont le Spiel des Jarhes, prix allemand le plus prestigieux en Europe en 2010.

Mais qu’en est-il du jeu et de ses règles ?

dixit jeuChaque joueur a six cartes en main, toutes différentes les unes des autres et richement illustrées. À tour de rôle, un joueur actif, appelé Conteur, dit un mot ou une phrase que lui inspire une de ses cartes. Le Conteur pose alors cette carte face cachée sur la table. Les autres joueurs font de même pour illustrer au mieux le thème annoncé. Le Conteur mélange ensuite les cartes, puis les révèle. Le but ? Trouver celle du Conteur.
Si tout le monde trouve, le Conteur ne marque pas de point. Si personne ne trouve, il ne marque rien non plus. Mais si une partie seulement des joueurs identifie la bonne carte, le conteur marque des points ainsi que les joueurs ayant trouvé.

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Dixit Daydream

Le mécanisme de comptage des points est particulièrement fin puisqu’il interdit de tomber dans la facilité : le joueur qui donne trop d’indices est le seul à ne pas marquer de points, et il en est de même si sa phrase est tellement peu comprise que personne ne retrouve la carte de départ.

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Dixit Daydream

Les sensations de jeu et les ressentis sont essentiels pour apprécier Dixit dans toute son essence. Pour pénétrer cet univers onirique et libre de cadre défini, il convient de se laisser guider naturellement, spontanément, par ses pensées quand vient son tour de s’exprimer. Quant aux autres joueurs, ils devront tenter de comprendre un message souvent court et sibyllin afin de décrypter, avec leurs clés, l’imaginaire collectif et singulier du Conteur, afin de choisir une carte qui conviendrait parfaitement pour illustrer le thème annoncé.

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Dixit Daydream

Et c’est bien là que se ressent la patte du psychiatre à l’origine du jeu. Au fil du jeu, les références culturelles se font nombreuses. Dans un premier temps par la description d’un élément des cartes, puis pas métaphore et extrapolation jusqu’à des liens avec le cinéma, les arts visuels, le théâtre ou encore la littérature. Il faut alors faire preuve d’empathie pour décoder et comprendre ce qu’a voulu dire le Conteur.

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Dixit Daydream

Depuis le lancement du jeu, quatre extensions ont été publiées. Elles offrent la possibilité de renouveler le jeu en proposant de nouvelles cartes illustrées par une personne différente. Cette année, Dixit 5 « DayDreams » est conçu par Franck Dion, un illustrateur connu dans le monde du jeu depuis la fin des années 90 (pour son travail sur Fantasy ou Level up). Il a aussi travaillé dans l’univers de la littérature jeunesse et dans l’animation avec en 2012 le court métrage « Edmond était un âne ».

DIXIT 5 DayDreams – une extension pour le jeu Dixit, Jean-Louis Roubira, illustré par Franck Dion, édité par Libellud. Nombre de joueurs : 3 –  6 joueurs. Durée de partie : 30 – 45 minutes. Public : tout public et familial, dès 8 ans.

Ce jeu est disponible à l’achat à Rennes à Terres de jeu et en accès libre à L’heure du jeu.

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Dixit

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