lun 20 mars 2023

Danse. Avec Distro et Barrez, revivez l’ambiance du bistrot à travers la danse

Le festival de danse Waterproof, du 28 janvier au 5 février 2023 à Rennes, est l’occasion pour les amateurs du 6e art de découvrir des artistes aux styles très variés. Parmi eux, Pauline Sonnic et Nolwenn Ferry de la compagnie Ch’oari présenteront leurs créations Distro et Barrez, respectivement au Triangle et au bar associatif de l’université Rennes 2. Avec un style qui associe danse contemporaine et danse bretonne, elles reconstituent l’ambiance des bistrots authentiques de Bretagne. 

Pauline Sonnic et Nolwenn Ferry, les fondatrices de la Compagnie Ch’oari (« jeu » en breton) installée à Lorient, sont actuellement en tournée dans toute la France pour présenter leur dernier projet intitulé Distroainsi que Barrez, un spectacle complémentaire proposé dans les bistrots. À l’occasion du festival Waterproof, elles font une halte à Rennes où elles se produiront le 31 janvier et le 2 février prochain. À la fois chorégraphes et interprètes, les deux jeunes femmes ont créé un style unique, à mi-chemin entre la danse bretonne et la danse contemporaine.

Tsef Zone compagnie Ch'oari
Création Tsef Zon(e), compagnie Ch’oari © Mikhael Brun

Toutes deux d’origine bretonne, Pauline et Nolwenn se rendaient régulièrement à des fest-noz (soirées festives où l’on pratique les danses traditionnelles de Bretagne) en famille dans leur enfance. C’est au Centre National de Danse Contemporaine (CNDC) d’Angers, où elles ont étudié entre 2015 et 2017, que les deux danseuses se rencontrent. Au cours de leur formation, elles s’aperçoivent que les étudiants de leur promotion et leurs professeurs viennent tous d’horizons différents. « Une richesse culturelle incroyable », comme le souligne Pauline Sonnic, ce qui les pousse à se questionner sur leurs origines. Dans ce contexte, Pauline crée un solo autour du Pach’pi, variante bretonne de la danse traditionnelle Passepied, afin de voir comment on peut le détourner. Nolwenn a été son « regard extérieur » pour cette première création et de là naît le début de leur collaboration. Puis l’envie de réaliser d’autres projets en commun se développe.

Elles créent la compagnie Ch’oari en 2018 et par la suite leur premier spectacle intitulé Tsef Zon(e). Pour cela, elles se remettent au fest-noz qu’elles avaient laissé de côté à l’adolescence. En effet, la danse est selon elles la façon la plus simple d’accéder à la culture bretonne. « Ça nous paraissait évident d’aller aux fest-noz. Et touchées par les rencontres qu’on a faites, on a décidé d’en faire un spectacle », déclare la chorégraphe. Elles y abordent des thèmes que l’on retrouve de façon récurrente au sein du fest-noz : la rencontre, la solidarité, l’intergénérationnel, la transmission… 

« La danse bretonne est un moyen de questionner des valeurs qui sont importantes pour nous. » 

Pauline Sonnic

En 2020, Pauline et Nolwenn font une tournée des bars de Bretagne en camion aménagé pour « collecter des témoignages, des mouvements, voir comment les gens bougent et se rencontrent ». Elles commencent par cibler les bistrots dans les milieux ruraux avant de finalement de se focaliser sur les bars authentiques de façon générale. Au cours de cette expérience, elles vont notamment à la rencontre de personnes isolées, qui viennent dans les bistrots « par nécessité » de rencontrer du monde.

Elles se demandent d’abord ce qu’elles vont faire de ces témoignages, puis l’idée leur vient un jour où elles se retrouvent dans un bar qu’elles affectionnent de Lorient. Ce bar très authentique, dans lequel Pauline a travaillé pendant 6 ans, est fortement imprégné de la culture bretonne : produits alimentaires, musique, etc. En observant les gens, Nolwenn et Pauline se rendent compte qu’il y a un peu « de tout » : des habitués, des salariés, des étudiants ou encore des familles. Comme dans les fest-noz, toutes les générations et catégories sociales sont représentées. C’est ainsi que, progressivement, leur nouveau projet Distro voit le jour. Dans la continuité de Tsef Zon(e), il explore les espaces de convivialité en Bretagne, ici les bars. Chose curieuse, le nom Distro est à double sens : il est à la fois un mot breton qui signifie « retour » et un jeu de mots entre « bistro » et « danse ».

Distro compagnie Ch'oari
Distro. © Mikhael Brun

« L’enjeu, c’était de créer notre bar à nous, qui nous ressemble, en référence à ce qu’on a vu et vécu. »

Pauline Sonnic

N’ayant pas trouvé beaucoup de gestes inspirants dans les bistrots, la création chorégraphique s’avère difficile au départ. Les danseuses choisissent donc de se focaliser sur les rapports sociaux, les émotions et les comportements. En reconstituant l’ambiance des bars authentiques, elles jouent ainsi sur l’euphorie, les réactions exacerbées par l’alcool qui provoquent des comportements extrêmes, etc. Sur la solitude aussi, car elles ont vu au cours de leurs expériences beaucoup de personnes seules dans certains bars, notamment ceux en milieu rural. 

Pour ce qui est du répertoire musical, il reprend surtout des enregistrements collectés dans les bars ainsi que de la musique bretonne, irlandaise… l’affirmation selon laquelle il y a beaucoup de pubs en Bretagne est bien vraie !

En parallèle de Distro, le duo présentera également Barrez (« bourru » en breton) au bar associatif de l’université Rennes 2 et sera rejoint par un troisième interprète, Alexandre Artaud. Le spectacle reprend en partie des éléments de Distro tout en incluant davantage les spectateurs : il en « tire de la matière », comme l’explique Pauline. Cette idée de partage avec le public leur est venue en remarquant que les gens dansaient peu dans les bistrots malgré la musique. En investissant ainsi les bars, elles y proposent une ouverture à la danse contemporaine. Une façon aussi d’inciter ceux qui n’ont pas l’habitude des spectacles à voir Distro, et inversement, d’inciter les habitués du théâtre à aller dans les bars : « On voulait créer un pont entre le théâtre, les festivals d’art de rue et les bistrots ».

Barrez compagnie Ch'oari
Barrez. © Mikhael Brun

Des projets futurs, Nolwenn et Pauline en ont plein. À commencer par une exposition autour de leur vécu dans les bars, pour cela elles réfléchissent encore à la forme qu’elles veulent lui donner. Elles voudraient s’ouvrir à d’autres pratiques artistiques comme la photographie ou la poésie, tout en continuant à chercher des témoignages. Elles ont également d’autres idées de créations pour plus tard. Mais en attendant, elles continuent la diffusion de Distro et Barrez, dans plusieurs villes en Bretagne et dans le reste de la France. Alors si vous comptez faire un tour au festival Waterproof et que vous êtes amateur de danse bretonne et contemporaine, n’hésitez pas à aller voir leur spectacle !

Infos pratiques : 

Barrez : mardi 31 janvier à 16 h 30, au bar associatif de l’Université Rennes 2 (campus de Villejean) – place Recteur Henri Le Moal, 35000 Rennes. Gratuit, sans réservation. 

Distro : jeudi 2 février à 20 h 30 au Triangle, cité de la Danse – Boulevard de Yougoslavie, 35200 Rennes. Tarif unique : 12€, Waterpass : 8€, tarif SORTIR : 4€, tarif enfant : 2€.

Billetterie : au Triangle ou sur https://festival-waterproof.fr

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