Parmi la trentaine de groupes sanguins qui existent, deux petits nouveaux viennent d’intégrer la liste, comme l’explique Janlou Chaput de Futura-Sciences. Nommés Junior et Langereis, ils concerneraient peu de gens mais pourraient expliquer quelques-unes des difficultés consécutives à des transfusions sanguines, le rejet de certaines greffes ainsi que des incompatibilités entre une mère et son enfant à naître.

Un groupe sanguin consiste en une classification du sang en fonction de l’absence ou de la présence de substances antigéniques à la surface des globules rouges, c’est-à-dire des molécules qui peuvent être reconnues par les anticorps du système immunitaire. Le plus célèbre d’entre tous est le système ABO, devant le système rhésus. La Société internationale de transfusion sanguine dénombre aujourd’hui très précisément 29 groupes sanguins différents, qu’on ignore bien souvent.
Il faudra en ajouter deux petits nouveaux, découverts très récemment par une collaboration internationale de chercheurs, dont de nombreux scientifiques français de l’Institut national de la transfusion sanguine. Révélés dans la revue Nature Genetics, ils se nomment Junior et Langereis.
À l’origine de ces nouveaux groupes, deux protéines nommées ABCB6 et ABCG2, appartenant au vaste ensemble des transporteurs ABC (ATP-binding cassette), dont le rôle est de faire traverser la membrane plasmique à un certain nombre de substances. Ces deux molécules sont également en ligne de mire dans la résistance aux traitements contre le cancer.
Les protéines ont dans un premier temps été purifiées, puis identifiées. Les chercheurs ont utilisé les antigènes des deux groupes et ont pu constater que certains échantillons de sang dont ils disposaient présentaient les anticorps spécifiques. Cette réaction immunitaire révèle donc la présence de deux nouveaux groupes sanguins, puisqu’il y a discrimination des cellules du sang. Des mutations dans les gènes concernés ont même été retrouvées.

Deux nouveaux groupes sanguins, plus de transfusions réussies
Les problèmes associés à ces groupes sanguins sont très rares, mais il existe malgré tout quelques populations à risque, parmi lesquelles une partie de la population japonaise et les Gitans d’Europe. Pour ces personnes, le danger est que certaines greffes ou transfusions pourraient ne pas prendre, ou qu’une incompatibilité apparaisse entre une mère et son fœtus.
Les rejets de greffe ou de sang dépendent de la réaction immunitaire de l’organisme puisque, pour se protéger, celui-ci cherche à distinguer les éléments qui le constituent de ceux qui composent des agresseurs extérieurs, dont il va chercher à se débarrasser. Certains rejets restent encore inexpliqués, et les auteurs de l’étude pensent que ces protéines pourraient parfois être les coupables.
Prenons l’exemple d’un patient Langereis négatif. Cela signifie que ses cellules sanguines ne présentent pas la protéine ABCB6 à leur surface. L’organisme peut alors fabriquer des anticorps visant spécifiquement cette protéine, puisqu’elle n’est pas associée aux molécules présentes naturellement dans le corps. Ainsi, lors d’une transfusion avec du sang Langereis positif, le système immunitaire va percevoir ce sang injecté comme étranger, et les cellules qu’il contient vont être détruites.
Après cette découverte, les chercheurs ne comptent pas en rester là et vont tenter de trouver de nouveaux groupes sanguins. Ils estiment qu’il en reste dix ou quinze qui n’ont pas encore été identifiés. S’ils viennent d’en révéler deux simultanément, le dernier mis au jour datait d’une petite dizaine d’années. L’entreprise dans laquelle ils se lancent risque donc de les occuper durant un long moment encore…

Janlou Chaput sur Futura-Sciences

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