Depuis l’été 2018 à Vannes, l’ancien bâtiment de la DDE s’est transformé en tiers-lieu artistique et culturel. Le projet DéDalE, propulsé par l’association L’Art prend la rue, a rassemblé 119 artistes, reflet de la diversité de l’art urbain. Parmi eux, les Rennais Mat Elbé et Tarek Ben Yakhlef qui invitent le public à pénétrer dans leurs têtes, entre pochoir et acrylique, pop culture et art pariétal.

Abrité dans les anciens locaux de la DDE (Direction Départementale des Équipements) sur le port de Vannes, le projet DéDalEDes Expériences, Des Artistes, Lieu Éphémère – cherche à montrer toute la diversité de l’art et des cultures urbaines. Depuis 2018, ce sont 119 artistes, seuls ou en équipes, qui ont investi les lieux.

Propulsé par l’association l’Art Prend la Rue, le site est devenu un lieu de création et de culture, construit au fur et à mesure, chaque étage avec un thème. Une première fois peint en 2018, le rez-de-chaussée a été recouvert afin d’accueillir une nouvelle édition en 2020. Le premier étage a conservé les créations de 2018. Visibles jusqu’au 31 décembre 2021, les productions donneront lieu à la publication d’un livre d’art, avant la destruction du bâtiment.

Les Rennais Tarek Ben Yakhlef et Mat Elbé, artistes invités, avaient rejoint l’aventure pour une création à quatre mains. Une expérience qui n’était pas leur premier coup d’essai en tant que binôme.

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Mat Elbé et Tarek Ben Yakhlef lors de leur création à Dédale, Vannes © Maks Leyso

Amis de longue date, leur rencontre remonte à l’armée, à Damas en Syrie, en 1995. Leurs chemins se sont croisés à ce carrefour inattendu et ils deviendront de véritables compagnons de route. Une route pavée de création artistique. « J’ai commencé le graffiti très jeune, au milieu des années 80 et Mat est ingénieur de formation. Il n’avait aucune idée de ce qui allait advenir de cette rencontre », raconte Tarek, artiste peintre et scénariste de bande-dessinée. « Intérieurement, il avait une veine artistique. Il aimait la photo et voulait écrire des livres. »

À leur retour en France, en 1997, l’un découvre le milieu de l’autre et vice versa. Avec Tarek, Mat découvre l’univers de la bande dessinée. Auteur du livre Paris Tonkar (1991), ce premier avait mis le graff et la peinture de côté afin de percer dans la bande dessinée. « Je ne voulais pas que mon travail de scénariste de bd écrase mon travail de peintre et inversement. »

Il y revient en 2010. L’envie de ressortir Paris Tonkar et les conseils de Yann Cherruault, directeur de la publication d’International Hip Hop Magazine, le rappellent à ses premières amours. Il crée Paris Tonkar Magazine dans lequel Mat devient photographe. « C’est à ce moment que je me suis remis à peindre et à faire de l’illégal, comme des collages la nuit », explique-t-il. « Mat découvre cet univers. Il nous suit, prend des photos, et un jour, je lui propose de coller. » Ce dernier ne sortira pas indemne de la montée d’adrénaline ressenti cette nuit-là. Il se lance dans le pochoir en 2013-2014, en parallèle de son métier, « d’une manière très pro, pour arriver à un niveau monstrueux ! »

Depuis, Mat utilise ses propres photographies, ou des images de culture pop, et crée des pochoirs qu’il superpose, parfois par dizaines. « Mat est un bon photographe, mais il ne dessine et ne peint pas. Le pochoir peut être une technique qui pallie ce manque », précise Tarek. « Mais il a transformé sa manière de faire du pochoir en fréquentant des peintres et des dessinateurs. Il travaille beaucoup plus la couleur, les compositions, comme un peintre, tout en ayant le pochoir comme base. »

Contacté en 2017 par Laurent Sanchez, président et fondateur de l’association L’Art prend la rue, Tarek rejoint le projet avec une idée en tête : une collaboration avec Mat.

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Tarek lors de la création à Dédale, Vannes © Maks Leyso

DéDalE : Dans la tête de Mat Elbé et Tarek Ben Yakhlef

La thématique de l’immersion a inspiré les artistes. « Au lieu de faire une pièce chacun, j’ai choisi deux pièces qui se suivent. On a condamné une porte pour que le public soit obligé de passer par la même entrée et ainsi voir les deux pièces d’une traite. »

Pensées comme une œuvre d’art, les deux pièces se révèlent le miroir de leurs psychés. Leurs pratiques et techniques – spray et acrylique pour Tarek, pochoir pour Mat – se mélangent jusqu’à former une unité picturale. « J’avais déjà une idée de la mise en scène. Comme je fais de la bande dessinée, j’aime raconter des histoires. » Ainsi, des inscriptions blanches apparaissent sur les murs bleutés et côtoient les références aux univers qui influencent les deux artistes, dadaïsme et surréalisme en tête. L’écho à l’œuvre de Marcel Duchamp résonne avec les portraits de Charles Baudelaire ou d’un chef amérindien, et l’armée de stormstroopers, pochés par Mat.

Dans un angle, une infirmière nippone aguichante collée par Mat fait de l’œil au masque aborigène stylisé de Tarek, une de ses marques de fabrique. « Au début, j’aimais les masques pour l’objet, mais très rapidement, je m’y suis intéressé d’un point de vue philosophique : comment est-il utilisé ? À quoi sert-il ? Le masque dans les sociétés, etc. »

« Dédale à ce moment-là, c’était l’endroit où il fallait être. »

Les 119 artistes invités, dont certains à la renommée internationale, ont rapidement donné une visibilité nationale à cet événement vannetais. Une consécration dans la carrière de Mat, une bascule dans celle de Tarek. « Mat a produit de belles œuvres qui ont beaucoup plu. C’était la première fois qu’il se retrouvait à un événement aussi important. On savait qu’il y aurait des publications et en cela, il passait un cap. »

Dans un re-questionnement permanent de la création et de l’art, l’expérience Dédale a été un laboratoire artistique pour Tarek. S’interrogeant sur l’espace d’exposition et l’expérience du visiteur, le projet l’a obligé à repenser son travail sur grand format in situ. « Après Dédale, peindre à la bombe m’a démangé à nouveau. »

« dans la création. On apprend rapidement qu’on ne crée pas, mais qu’on modifie la réalité. Ce qu’on crée est en relation avec le monde dans lequel on est, en connexion avec lui, à un moment ou à un autre », tarek Ben Yakhlef

Fin novembre 2021, le livre DéDalE paraîtra, consacrant au passage toutes les œuvres éphémères des artistes étant passés par le vieux bâtiment du port de Vannes. « De notre travail, il ne restera que des photos. Dédale c’était l’endroit où il fallait être à ce moment-là », conclut Tarek.

Un dernier conseil : Ne tardez pas à (re)découvrir ce lieu éphémère !

Site DéDalE

Pour précommander le livre

INFOS PRATIQUE

Lieu : 8 rue du Commerce, 56000 VANNES

La partie « Exposition » de DÉDALE est ouverte gratuitement au public, sur réservation uniquement. L’association mettra en ligne les derniers billets pour les visites, le lundi 23 août 2021, à 20 h.

Restez connecté à leur fil d’actualités pour connaître les dates d’ouverture.

VISITES

Merci de présenter votre billet imprimé ou sur votre smartphone à l’entrée de la visite.

Se présenter au plus tard, 5 min avant le début de la séance, en cas de non présentation, l’organisation se réserve le droit de libérer les places pour d’autres visiteurs.

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INFO COVID

À partir du lundi 9 août, l’ensemble des visiteurs de lieux culturels devront présenter un pass sanitaire ou le résultat d’un test COVID négatif de moins de 72h. La jauge de tolérance de 50 personnes vient d’être supprimée par le nouveau décret. Nous vous invitons donc à venir muni, soit de votre pass sanitaire, soit le résultat de votre test COVID, pour visiter Dédale.

Si vous ne pouvez présenter ni l’un ni l’autre, nous vous remercions de bien vouloir annuler vos billets (instruction sur le billet) pour donner une chance à d’autres personnes de visiter Dédale.

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