Depuis le 19 juillet, tout le monde en parle en Bretagne. « C’est quoi ce truc qui est tombé sur nos têtes, » demande-t-on ici, où là. Ce jeudi 24 novembre, aux Champs Libres de Rennes, Priscillia Abraham est venue dire qu’il s’agissait bien d’une météorite. Au XIXe siècle dernier, une petite ville de Normandie avait connu pareil phénomène. Il était à notre égard important de revenir sur cette affaire.

 

 Au commencement de sa conférence, l’universitaire n’a pas hésité à dire : « Quand un tel évènement survient dans le ciel, on crie toujours à la magie. Dans les temps anciens, on pensait même que c’était un signe du Seigneur. » Une telle idée traversa l’esprit de nos amis de L’Aigle et de Normandie. En ce jour du 26 avril 1803 (6 floréal de l’An XI), les paysans normands et les bêtes vivent la frayeur de leur vie. Ils reçoivent sur leur tête une pluie de pierres, composée de 2000 à 5000 fragments.

Dans toute la Normandie, de nombreux témoins évoquent cet étrange phénomène. Tant à Caen qu’à Falaise, en passant par Alençon et Avranches, ils sont plus que précis dans leur témoignage. Tous parlent d’un globe de feu, accompagné d’un grand coup de canon et de roulement de tambour pendant plus de cinq minutes. Seuls les habitants du Nord Ouest de L’Aigle entendent un sifflement de projectiles.

Prévenu par les autorités locales, le Ministère de l’Intérieur prend très au sérieux l’affaire. Il dépêche aussitôt sur les lieux le plus jeune membre de l’Académie des Sciences, Jean-Baptiste Biot. Sur place, le scientifique mène une grande enquête, n’oubliant aucun interrogatoire et recoupant toutes les informations.

Après quelques semaines passés en Normandie, il revient à Paris avec seulement quelques échantillons récoltés ici ou là. Dans le Pays de l’Aigle, on garde jalousement ces « étrangetés fumantes » qui sentent le soufre… Encore aujourd’hui, une stèle commémore cet évènement dans la cour du château de Fontenil, à Saint-Sulpice.

 Encadré : Une météorite de 37 kilos

La météorite de L’Aigle, pesant 37 kilos, est classée parmi les chondrites ordinaires composant le groupe L6 (faible teneur en nickel-fer). En arrivant dans l’atmosphère, elle s’est disloquée en milliers de pierres. Beaucoup d’échantillons sont présents dans les collections de musées dans le monde entier : Moscou, Oxford, Dublin, Paris et L’aigle. Ils sont aujourd’hui très prisés des collectionneurs (entre 120 et 150 euros le gramme). L’origine de cette météorite remonterait à la création du système solaire. Mais rien ne dit en revanche qu’elle se serait séparée de l’astéroïde géocroiseur 433 Eros.

Pratique : la météorite de L’Aigle, Musée municipal de L’Aigle, Dépendances du château, 61 300 L’Aigle. Ouverture du 14 mai au mois d’octobre, les mardis de 10 h à 12 h et les mardis, mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18 h. Toute l’année sur rendez-vous. Tarifs adultes : 3, 50 euros.

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