Au Bord du corps waterproof
Au Bord du corps, Eugénie Hersant-Prévert © Yoann Royer

Waterproof revient pour une cinquième édition du 1er au 16 février 2024. Dans cette nouvelle invitation à plonger dans la danse, le festival étend sa présence dans le Pays de Rennes et offre une programmation pointue et qualitative, riche de nouvelles créations. Il assoit ainsi sa valeur dans le paysage culturel du territoire et le circuit professionnel de l’art chorégraphique. Pendant 15 jours, 80 rendez-vous, dont 26 spectacles et performances, révéleront la diversité de la danse. Aperçu du programme.

Le festival dédié à la danse et tous ses visages – spectacles, performances, expositions, dancefloor, etc. – revient pour une cinquième édition dans huit villes du Pays de Rennes. Objectif : révéler la pluralité de l’art chorégraphie et son croisement avec les autres disciplines. « La programmation donne à voir des chorégraphes en devenir et d’envergure, des toutes premières étapes de projets d’artistes en émergence aux créations d’artistes plus reconnus », introduit Patrice Le Floch, directeur du Triangle. Des générations d’artistes se croiseront pendant 15 jours dans des lieux d’art et de culture, mais aussi de vie et de convivialité.

Copiloté par Danse à tous les étages – scène de territoire danse, le Triangle – Cité de la danse, L’Intervalle – Scène de territoire de Noyal-sur-Vilaine et l’Opéra de Rennes, Waterproof rassemblera cette année 26 partenaires dont six nouveaux : le théâtre La Paillette à Rennes, le théâtre L’Aire Libre et l’association des arts du cirque Ay-Roop à Saint-Jacques de la Lande, le centre culturel Agora au Rheu, Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne et le Pont des Arts de Cesson-Sévigné. « Au-delà de l’intégration de nouveaux partenaires, il y a aussi un développement à l’échelle du Pays de Rennes et de la Métropole », souligne Natacha Le Fresne, directrice de Danse à tous les étages.

Le festival s’ouvrira en performance et en déambulation à l’Hotel Pasteur avec le collectif Les Rugissantes – composé de Bruce Chiefare, Nadine Beaulieu, Lucien Reynes, Yoann Pencolé et Magali Julien. Cette année, Waterproof ancre de manière plus prononcée sa volonté de devenir une vitrine professionnelle pour les chorégraphes, et favorise les rencontres à l’échelle régionale et nationale entre artistes, programmateurs et programmatrices. Dans la programmation, huit spectacles seront ainsi des créations 2023-2024, des œuvres potentiellement programmées la saison prochaine.

Maldone waterfproof
Maldone, Leïla Ka © Nora Houguuenade

Maldone, première création de groupe de Leïla Ka, est l’une d’entre elles. Dans cette pièce conçue pour cinq interprètes féminines, la chorégraphe reviendra sur ces moments intimes de partage et d’amitiés féminines sur le plateau du TNB. « Leïla Ka est une chorégraphe qui travaille une gestuelle déphasée, elle a un langage corporel original et maîtrisé », informe Natacha Le Fresne. « Elle vient à la fois du hip-hop et de la danse contemporaine, ce qui donne une spécificité à son écriture chorégraphique. » Nouvelle création aussi d’Eugénie Hersant-Prévert de la compagnie Le Long Raccourci. La chorégraphe se dévoile dans Au Bord du corps, spectacle à mi-chemin entre la danse et le cirque présenté dans le nouveau lieu d’Ay-Roop à Saint-Jacques de la Lande. « Elle y parle de son corps de façon très intime et sincère. À travers le sien, c’est notre propre corps qui nous est raconté. »

Place aux compagnies du territoire avec Saïdou Lehlouh de compagnie Black Sheep qui présentera sa dernière création, Témoin au TNB. « Il travaille depuis peu avec des danseurs issus du breakdance, des B-boys, mais aussi des danseurs issus d’autres disciplines autour de cette esthétique très spécifique », nous apprend-elle. « Il a développé une gestuelle particulière, le toucher félin, quelque chose de très doux dans l’approche. » Témoin, c’est tant l’apparition du collectif que le surgissement des individualités. Dans la même dynamique, le chorégraphe rennais Bruce Chiefare, artiste associé du Triangle, se produira sur la scène de la cité de la danse avec Break. Issu du breakdance, « il a tiré son fil artistique de la rencontre entre le hip-hop et la nature, notamment l’art du Bonsaï qu’il pratique depuis des années ». Ses mouvements traduisent une pratique tout en douceur et lenteur, inspirée du végétal.

  • Témoin Waterproof
  • Bruce Chiefare waterproof
  • Au Bord du corps waterproof
  • Concha waterproof
  • Ophelon waterproof

À l’image de cette sensibilité pour la nature, les structures pilotes ont constaté l’apparition de thèmes sociétaux pendant la construction collégiale de la programmation. Les créations se font le reflet des préoccupations qui animent les artistes d’aujourd’hui. Des problématiques que l’équipe du festival elle-même prend à bras le corps, notamment sur les questions de parité. Au programme donc : 8 chorégraphes femmes, 8 hommes et 10 équipes mixtes.

Plusieurs créations abordent notamment le féminisme et la sororité. Parmi elles, Concha, histoires d’écoute d’Hortense Belhôte, Gérald Kurdian et Marcela Santander Corvalàn (Tambour, Université Rennes 2). « Le mot Concha fait référence à un coquillage, mais aussi à une insulte en Amérique latine qui désigne la vulve. » La forme artistique hybride croisera la danse, la conférence performée et la musique live. Également, Ophelon de Nadine Beaulieu au Musée des Beaux-Arts. Le solo créé pour Bruce Chiefare a été imaginé à partir de la figure Ophélie, personnage féminin de la tragédie d’Hamlet de Shakespeare.

Plusieurs spectacles sur la thématique de l’inclusion et de l’identité se dégagent aussi, notamment Attitudes habillées de Balkis Moutashar. Traitant d’une certaine histoire du vêtement, quatre soli seront présentés devant des œuvres au Musée des Beaux-Arts. Kid#1, création 2023-2024 de Joachim Maudet, aborde quant à elle le passage de l’enfance à l’adolescence à travers la question du harcèlement. « Ce qui fait la particularité du travail de Joachim, c’est une dissociation corps et voix », précise Patrice Le Floch. Entre danse et ventriloquie, il interprétera tous les personnages tour à tour, dans un seul corps.

Au Théâtre de Poche à Hédé-Bazouge, Press, pièce historique de la compagnie de Pierre Rigal, traitera du monde de l’entreprise, un monde moderne dans lequel le performeur cherche à trouver sa place et à s’exprimer dans un espace dans lequel il sera de plus en plus contraint. « À travers cette métaphore de notre société d’aujourd’hui, il ressort pour trouver les moyens de sortir de cette compression. » Aux grands maux les grands moyens, la morosité ambiante ne doit pour autant pas se révéler un frein aux épisodes de joie et de partage. Le spectacle Cépages dansants de la compagnie La Grive (Salle Leprestre à la mairie de Chateaugiron) est de cette trempe-là.

« Le paradis existe. Nous allons voir de la danse et boire du vin en même temps », s’amuse Magali Julien, directrice de L’Intervalle de Noyal-sur-Vilaine. Le chorégraphe fait ici un parallèle avec les sensations du vin et de la danse. Avec un vocabulaire commun au vin et au corps, le sommelier racontera le vin et les deux danseurs vont l’interpréter.

Cépages dansants waterproof
Cépages dansants © Théâtre Les 3 chênes

L’envie de collectif se prolonge avec les invitations à danser. Au-delà des propositions traditionnelles tels le Marathon de la danse et Let’s dance, celle des Tombées de la nuit, toute en générosité, réserve une belle et douce surprise. En Attendant le grand soir de la compagnie Le doux supplice dans une des halles Martenot est « un hommage à la question du bal et de la participation, avec des artistes à la frontière de la danse et des acrobaties, et toujours avec la générosité des propositions des Tombées de la nuit », comme Matthieu Rietzler, directeur de l’Opéra de Rennes. Après les performances techniques des artistes, le public se retrouvera au milieu de la scène à danser.

Il en ira de même avec Kamuyot du chorégraphe israélien Ohad Naharin, repris par le Ballet de l’Opéra national du Rhin. Le public retrouvera ici le côté jouissif d’une pièce de groupe dans ce spectacle écrit pour être présenté dans des gymnases, en quadrilfrontal. « C’est une pièce extrêmement enthousiaste, un hymne à la jeunesse et à la joie », affirme-t-il. « On retrouve la danse très ancrée au sol d’Ohad Naharin. Au départ, les artistes sont autour de nous, ils se lèvent les uns après les autres et nous emmènent dans une heure de danse totalement débridée. »

Enthousiasme, joie et partage sont également des mots qui pourraient définir le festival Waterproof et sa conception afin d’inviter tous les publics à entrer et plonger dans la danse avec tous les acteurs culturels et artistes à l’oeuvre.

Festival Waterproof, du 1er au 16 février 2024, Pays de Rennes.

Dès jeudi 14 décembre 2023, 14h30, toutes les infos, la billetterie et la programmation seront en ligne sur le site web du festival.

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