Depuis sa création en 1928, l’Opus Dei fascine autant qu’il inquiète. Pendant treize ans, Véronique Duborgel – recrutée à l’âge de vingt ans – en a subi la loi rigoureuse sous la pression de son mari et de son entourage : endoctrinement, remontrances, «corrections fraternelles» de la part d’une hiérarchie qui refuse d’entendre sa souffrance de femme battue. C’est lorsqu’elle se décide à rompre que l’organisation se retourne contre elle… À travers son témoignage accablant, nous pénétrons le monde opaque de l’Opus Dei, organisation catholique la plus secrète et la plus controversée. Un monde où l’obéissance et le châtiment tiennent lieu de dogme.

 

Quoi de plus fascinant qu’une secte vu de l’intérieure par une personne qui y a vécu et qui en est sortie ? Parce que l’Opus Dei, bien que dépendant de l’Eglise catholique (ne devant des comptes qu’au pape lui-même), présentent toutes les caractéristiques d’une secte d’après la description qu’en donne Véronique Duborgel.
Le récit n’est pas linéaire. L’auteure a choisit de nous donner des « morceaux de vie » selon ses mots. Premier paradoxe passionnant : dès le début, elle n’a pas aimé faire partie de cette institution. Et là repose toute l’ambiguïté du récit. Au moment même où elle « siffle », c’est-à-dire où elle devient « opusienne », elle ne comprend pas pourquoi elle fait cela. Dès lors, une espèce de schizophrénie se développe chez la elle. La jeune femme montre une image d’elle-même à l’extérieur parfaitement conforme alors qu’en son for intérieur elle ne supporte pas les dictats qui lui sont imposés.

En fait, c’est toute sa vie qui est régulée par sa directrice spirituelle et par les prêtres. En tant que surnuméraire (membre marié, opposé au numéraire qui fait voeu de chasteté, notamment), elle doit avoir beaucoup d’enfants. Son intérieur doit être bien tenu, elle doit s’habiller en jupe ou robe sans pantalon, sans décolleté, sans sous-vêtement affriolant. Elle doit être bien coiffée, ne doit ni parler ni penser si son mari est là et accorder un temps important à la prière. Elle subit, et doit faire subir, des corrections fraternelles par et pour ses soeurs qui ne respecterait pas une des règles : trop d’émotion, pas assez d’enfants, un intérieur mal entretenu – tout cela et tant d’autres entre en compte pour ses fameuses corrections qui confinent parfois à l’humiliation.
Finalement, Véronique Duborgel  décrit une vie d’apparence : son mari la bat ? Tant pis, il faut montrer un couple « lumineux et joyeux » lui répondent les membres et prêtres ! Ce qui va la perturber également, c’est que Dieu là-dedans n’est presque pas présent : c’est le fondateur, le « Père » que l’on idolâtre, Josemaria Escrivà.
En outre, il y a l’isolement complet des membres. Les conjoints ne peuvent pas parler de ce qu’ils vivent dans leur « cercle », aucun des rassemblements n’étant mixte hormis à Noël. Une situation qui créé un mur dans le couple. Mais surtout, les amitiés intimes sont interdites ! Il ne faut parler que de religion, s’il on parle avec une personne qui ne fait pas partie de l’Opus Dei, c’est pour la recruter. Sinon, ce n’est pas la peine. Le plus terrible demeure le fruit pourri de cette manipulation mentale : la culpabilité de Véronique Duborgel. C’est elle qui fait que, pendant treize ans, elle n’a pas réussi à quitter l’Opus Dei. C’est dire l’influence néfaste sur sa conscience et son libre-arbitre.

Bref, un récit vraiment stupéfiant, qui montre une institution toute puissante qui dépersonnifie ses membres. Elle les isole, leur apprend à mentir pour soi-disant de bonnes raisons, à leur soutirer de l’argent… Enfin, à la lecture de ce livre, on s’étonne que l’Opus Dei ne soit pas considéré comme une secte par le rapport parlementaire Vivien.

Marylin Millon

 

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