Film suédois écrit et réalisé par Tarik Saleh, La conspiration du Caire a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes de mai 2022 et a remporté le prix du meilleur scénario et le prix François-Chalais.

Sans l’humour décalé, l’ironie et le sarcasme de René Goscinny (scénariste) et Jean Tabary (dessinateur), car La Conspiration du Caire de Tarik Saleh est un film sérieux, voire grave, nous sommes néanmoins plongés dans l’univers exotique et familier de la bande dessinée d’Iznogoud, même si celle-ci se déroule à Bagdad, et pas au Caire. On y retrouve tous les ingrédients de l’intrigue – caricaturaux et drolatiques dans la BD, subtiles et sans concession dans le film – avec notamment : les vils ambitions, la défiance, le complot, le mensonge, l’infiltration, la trahison, la cruauté.

Dans la bande dessinée, l’anti-héros, le terrible et cynique vizir Iznogoud veut « être calife à la place du calife ». Au contraire, le héros du film Adam est un jeune homme issu d’une simple famille de pêcheurs d’un petit village. Naïf, mais pas crédule pour autant, ce dernier est témoin de la guerre que se livrent les pouvoirs politiques et religieux. Car l’un et l’autre – d’un côté, la Sûreté du pouvoir d’Etat, de l’autre, les Frères musulmans – veulent imposer son homme lige à la tête de la célèbre et non moins prestigieuse institution, Al-Azhar.

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La Conspiration du Caire est un thriller politico-religieux qui invite le spectateur à entrer dans le milieu très fermé et occulte d’Al-Azhar, institution sunnite qui culmine le monde musulman, installée au Caire. Cette dernière dépend de l’État égyptien. Elle est constituée de l’université Al-Azhar, un des plus anciens lieux d’enseignement islamique exclusivement réservé aux hommes, de l’académie islamique et de la mosquée Al-Azhar dirigée par un érudit, le Cheikh Al-Azhar. Le imam de la mosquée, la plus haute autorité de l’Islam sunnite en Égypte, meurt. Débute une guerre sans merci pour trouver un successeur…

On assiste à un chassé-croisé d’imams. Le Cheikh Ngem, aveugle et charismatique, est emprisonné après avoir été accusé à tort et d’une façon peu crédible d’avoir assassiné l’étudiant Zizo, l’indic du colonel Ibrahim de la Sûreté de l’État. Ce dernier enrôle alors le jeune Adam pour intégrer l’institution Al-Azhar et remplacer Zizo dans l’espionnage des étudiants proches des Frères musulmans. Puis, le colonel Ibrahim s’arrange pour qu’Adam devienne l’assistant du Cheikh Al Durani, lequel détient la ressemblance et la perfidie d’Iznogoud. Il est chargé d’espionner ce candidat proche des Frères musulmans et de recueillir des informations compromettantes le concernant.

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Or, Adam découvre que celui-ci s’est marié en secret avec une jeune femme et qu’il est le père d’un enfant… À noter que le milieu musulman dans lequel évolue Adam est un monde essentiellement composé d’hommes. Les femmes sont nettement mises à l’écart de la vie sociale. On suppose qu’elles sont vouées à une existence en retrait, cantonnées le plus souvent à l’espace intime de la maison et, la plupart d’entre-elles, soumises aux exigences de la gente masculine. L’histoire n’indique d’ailleurs rien à propos d’une éventuelle intrigue amoureuse du jeune héros. Le colonel Ibrahim compte se servir de cette révélation pour disqualifier le sournois compétiteur…

Tarik Saleh s’est inspiré du roman Le Nom de la rose d’Umberto Eco pour écrire son scénario. La sobriété et la justesse du jeu des acteurs ajoutées à une tension vive et vibrante maintenue tout le long du film confère à celui-ci une force étonnante et une parfaite crédibilité à son écriture et à sa réalisation. La conspiration du Caire est un film poignant et authentique d’une grande qualité cinématographique.

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