C’est dans le cadre feutré de l’amphithéâtre du diapason que l’OSUR (Orchestre symphonique universitaire de Rennes) avait convié son public pour un concert autour de lieders de Gustav Malher, de chansons de Henry Duparc et de la quatrième symphonie de Schumann en intégralité. Tout devait donc être huilé, bien rodé, bien réglé ! La réalité a été un peu différente… Mais pas d’inquiétude !

 

Franck Alexis
Franck Alexis

Si on compare quelquefois le père de famille à un héros des temps moderne – et c’est justifié, – le rôle de chef d’un orchestre universitaire devrait en toute logique s’attirer les mêmes louanges. Imaginez le travail que peut représenter le bon fonctionnement d’un ensemble dont un tiers des membres quitte le navire chaque année. Cela n’a pas l’air de trop inquiéter Franck Alexis. S’appuyant sur une base de « permanents » issus du corps enseignant et d’anciens élèves, tel Pénélope, il retisse chaque année la trame de son orchestre.

C’est par trois lieder de Gustav Malher que l’OSUR entame son concert. Franck Alexis encadre avec la réserve qui convient la mezzo Josiane Cavalier. Cette dernière, digne d’éloges, offre une interprétation plutôt plaisante où elle démontre une vraie compréhension de cette musique souvent complexe. Ce qu’on pourrait appeler « l’esprit » de Malher est sobrement restitué et laisse une agréable impression.

N’ayant pas vraiment choisi, avec de la musique française, la facilité, la soprano Françoise Tettamanti, propose deux chansons de Henry Duparc dont les textes, issus de poèmes de Charles Baudelaire, doivent résonner comme des souvenirs pas si lointains à la mémoire de la très jeune assistance venue apporter son soutien à l’OSUR :

Mon enfant ma sœur
songe à la douceur
d’aller là-bas vivre ensemble
aimer à loisir, aimer et mourir…
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté.

Une véritable invitation au voyage.

C’est par une œuvre plus spécifiquement symphonique que continue l’orchestre en interprétant la très fameuse quatrième de Schumann. S’il y a quelques remarques à apporter, elles sont plutôt attendues de la part d’un ensemble composé d’amateurs passionnés. Quelques attaques sont un peu poussives et les instrumentistes peu expérimentés seraient bien inspirés de lever le nez de leur partition pour suivre les indications du chef. On notera également quelques problèmes d’unisson. Mais, peu à peu, les craintes s’estompent ; au fur à mesure de la progression de l’œuvre, le groupe devient plus cohérent, s’abandonne à la musique et réussit à nous faire ressentir le souffle épique qui est l’essence même de cette symphonie.

Aussi les applaudissements nourris d’une assistance acquise viennent récompenser le réel travail d’un groupe très estimable. Tout aurait pu en rester là, mais le bis proposé pour remercier le public présent vient tout chambouler et c’est le moment de faire connaissance avec Victor Josse, la divine surprise de la soirée. C’est en effet deux des tableaux d’une œuvre de ce jeune auteur qui vont nous être proposés et vont nous laisser « scotchés ».

Mais laissez-nous vous présenter Victor Josse : actuellement élève en master 1 de Lettres, il a cependant déjà un vrai passé musical. Disciple de l’école de musique de Dinan, c’est avec l’insolence propre à cet âge qu’il écrit sa première œuvre et la fait jouer alors qu’il affiche à peine 15 ans. Continuant sa trajectoire, il entreprend pendant trois ans des études d’écriture au conservatoire sous la houlette de David Lamaz. Son projet : le monde du cinéma. Mais pas forcément celui de la musique de film, même s’il ne cache pas son admiration pour John Williams dont les mélodies puissantes ont rendu immortels Indiana Jones et Luc Skywalker.

trio karénine
Le Trio Karénine

Tirés de la suite NEVERLAND, qui raconte l’histoire de Peter Pan et de ses compagnons, les deux tableaux diffèrent de manière assez étonnante. Dans le premier, l’influence de John Williams est patente, ce qui n’empêche pas de discerner une couleur un peu différente et une richesse de mélodie intéressante. Dans le second, c’est une écriture plus personnelle dans laquelle on retrouve cette diversité et cette richesse rythmique qui augurent du meilleur pour l’avenir de ce jeune musicien. Se prêtant avec beaucoup de bonne grâce au jeu de l’interview, cet étudiant de 21 ans à peine sorti de l’adolescence et dont la barbiche relève encore de l’hypothèse, en plus d’être talentueux, se révèle un garçon sympathique et sans prétention déplacée.

Ceux qui souhaiteraient faire sa connaissance en auront la possibilité dès le 3 mars, puisque retournant à l’anonymat de son pupitre de violons, c’est avec l’OSUR qu’il jouera le triple concerto de Ludwig Van Beethoven accompagné des membres du trio Karénine. Cet ensemble, auréolé de prestigieuses récompenses se produira à cette date au Tambour, c’est un événement musical à inscrire sur vos tablettes. Vous le voyez, samedi soir, tous s’étaient mis au diapason !

Site de l’OSUR 

 

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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