Il y a encore peu d’années, les compteurs électriques étaient l’objet de relevés réguliers de la part d’EDF. Aujourd’hui, ERDF prévoit des compteurs communicants et évolutifs, notamment avec le Linky. Pourquoi et comment sommes-nous arrivés à cette transition ?

Autrefois, un agent EDF venait relever annuellement le compteur électrique. Puis EDF est devenu ERDF pour le client. Dès lors, cette vaste société a voulu se recentrer sur son ‘coeur de métier’. ERDF a donc sous-traité cette prestation, croyant ainsi gagner plus d’argent. Mais l’objectif du sous-traitant est de faire baisser le coût pour augmenter sa marge. Pour ce faire, il ‘objective’ son personnel en nombre de compteurs relevés afin de mettre toute cette production en équation. Sauf que les objectifs étant devenus irréalisables, les releveurs préfèrent mettre directement un avis de passage pour gagner du temps.

Du côté client, c’est un simple papier physique ou en ligne à remplir. Reste qu’il faut absolument un passage tous les 12 mois d’ERDF. Dès lors, ce système de relevés accuse un manque de fiabilité. Comment faire ? Une idée géniale a été trouvée : le compteur communiquant. Il permet à ERDF d’obtenir un relevé fiable, voire mieux : moduler la production et la distribution en fonction d’une consommation mesurée en temps réel. En tout cas, ce sont cette brillante idée et lumineuse pratique qui ont été vendu à l’État français pour… qu’il participe à hauteur de 4,3 milliards d’euros au changement des anciens compteurs au profit d’un nouveau modèle : le Linky.

Pour information, le Linky utilise le courant porteur (CPL) afin de communiquer à des centraux qui utilisent un réseau GPRS (la technologie de téléphonie portable) pour communiquer à la supervision d’ERDF. Formidable ! Mais… mais, au fait, quid de la maintenance de ces compteurs et de ce nouveau réseau de communication ?

Si le budget du changement a déjà été augmenté par rapport aux premières estimations, il y a de grandes chances pour que la maintenance d’une telle activité – éloignée du coeur de métier d’ERDF – soit sous-estimée. Et ce, dans la grande tradition française – rappelons-nous les exemples ADP, SNCF, RATP et autres grandes instrumentalisations des finances publiques et des impôts. En pratique, le Linky est plus sophistiqué que le bon vieux compteur mécanique (ce compteur est fabriqué en France par Itron, une société américaine). Ainsi, les tarifs de maintenance sont donc plus chers que l’acquisition du compteur. En outre, les problèmes de communication du CPL seront aussi à considérer. On peut douter qu’ils soient réglés par les agents ERDF eux-mêmes. Qui plus est, la liaison GPRS emprunte un réseau déjà connu et fera là l’objet d’un contrat avec un opérateur téléphonique – un nouveau coût.

Toutes ces questions pour l’instant sans réponses peuvent conduire – si elles sont prises en considération – autant à un succès qu’à un fiasco. L’État qui participe activement au projet ferait bien de se pencher sur cette problématique de coût qui dépasse de loin le simple test de 250 000 compteurs durant un an.

Article précédentA Auxerre, un milier de militants de la cause animale dénoncent les pratiques d’un élevage
Article suivantSophie Calle > Elle s’est appelée successivement Rachel, Monique… > De l’instumentalisation des émotions
Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici