Cinéma. Vingt Dieux, le premier film de Louise Courvoisier porte un regard sincère sur la vie rurale et les liens humains

vingt dieux

Vingt Dieux de Louise Courvoisier est à l’affiche des cinémas français depuis le 11 décembre 2024. Tourné dans la campagne jurassienne, région d’origine de la réalisatrice, il a reçu le prix de la jeunesse dans la section Un certain Regard au festival de Cannes. Bien qu’il ne soit pas autobiographique, ce premier long métrage plonge le spectateur dans le milieu rural, que Louise Courvoisier connaît intimement, et offre une vision authentique d’une réalité souvent peu représentée à l’écran.

L’histoire suit Totone, un jeune homme de 18 ans qui passe ses weekends à faire la fête et à boire des bières avec ses fidèles compagnons, Jean-Yves et Francis. Il vit avec son père et sa petite sœur, Claire, âgée de 7 ans. Du jour au lendemain, Totone, jusqu’alors insouciant et peu responsable, se retrouve seul à prendre soin de sa sœur. Ce passage brutal à l’âge adulte est un défi pour lui, mais déterminé, il décide de se lancer un objectif : produire le meilleur comté de la région afin de remporter un concours. Entre responsabilités inattendues et aspirations personnelles, Totone doit trouver un équilibre pour se réinventer et se confronter à sa nouvelle réalité.

Un premier long-métrage d’une incroyable justesse

Pour ce premier film, Louise Courvoisier a visé juste. L’idée a germé peu à peu dans son esprit jusqu’à la réalisation, mais il n’a pas été difficile pour elle de se plonger dans ce milieu qu’elle connaît bien. Elle a d’ailleurs trouvé ses acteurs et actrices en casting sauvage, Clément Faveau, dans le rôle principal, a notamment été repéré à sa sortie du lycée agricole. 

Vingt Dieux frappe fort en termes de justesse. Le véritable défi de ce genre de projet réside dans le risque de tomber dans le cliché ou, au contraire, de romancer de manière exagérée l’histoire au risque de déconnecter le spectateur de la réalité. L’œil de la réalisatrice, lui, est dépourvu de jugement et d’a priori, et c’est probablement ce qui confère au film une belle authenticité et une grande intensité. Cette culture, elle la chérit profondément. Entre comédie dramatique et romance, chaque scène se libère de toute vision fantasmée, offrant ainsi une immersion sincère et sans fard dans un univers qui lui est propre.

Le film commence sur une note peu joyeuse, mais trouve rapidement un équilibre entre humour et sensibilité. Dès la première scène, le spectateur est projeté au cœur d’une fête rurale et s’imprègne de l’ambiance qui en ressort. Le contexte est posé et on cerne rapidement le personnage de Totone. L’interprétation des acteurs, majoritairement des non-professionnels, est l’un des grands atouts du film. Clément Faveau, dans le rôle de Totone, incarne avec subtilité un personnage qui oscille entre la jeunesse insouciante et les premières grandes responsabilités de l’âge adulte. Maïwène Barthelemy (Marie-Lise) et Luna Garret, qui incarne Claire, apportent également une vraie richesse au film, avec des performances émouvantes et pleines de vérité.

Des relations humaines profondes au cœur d’une réalité brute et universelle

Le film se concentre sur la profondeur des liens qui unissent chaque personnage. Il met en lumière l’amitié exceptionnelle entre Totone et Jean-Yves, ce dernier prêt à sacrifier ses propres rêves pour soutenir son meilleur ami, mais explore également la tendresse fraternelle qui lie le personnage principale à Claire. Totone, en véritable protecteur, emmène sa sœur partout avec lui. Du haut de ses 7 ans, Claire n’est pas aussi naïve qu’elle pourrait en avoir l’air et fait preuve d’un courage surprenant, ce qui illumine la complicité entre les deux. La romance naissante entre Marie-Lise et Totone se développe aussi avec une sincérité désarmante. Sans artifices ni illusions, leur relation évolue de manière fluide et naturelle, apportant une touche de réalisme émouvante. Ces relations, complexes et profondes, révèlent la richesse de l’humanité et de l’amour sous toutes ses formes, avec une honnêteté poignante.

Le film, bien que profondément ancré dans un cadre rural et modeste, interroge des thèmes universels : la quête de sens, la responsabilité, l’amour familial et l’aspiration à un avenir meilleur. Louise Courvoisier raconte une histoire intime en faisant résonner cela au-delà des frontières géographiques et sociales. La mise en scène s’impose avec tout autant de simplicité et d’efficacité. La beauté des paysages est captée de manière brute. Le film jongle habilement entre la lumière de la comédie et l’intensité de la dramédie, offrant ainsi une palette émotionnelle large et équilibrée.

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© Les Films du Losange

Vingt Dieux s’inscrit dans une tradition de films qui privilégient la réalité brute de la vie, loin des artifices hollywoodiens. C’est un film qui ose la vérité dans ses personnages, dans ses dialogues. Ce réalisme donne une force émotive rare et touchante, sans jamais tomber dans le misérabilisme ou l’angélisme. Il nous invite à redécouvrir les petites choses de la vie et la manière dont elles façonnent notre humanité. Un premier long-métrage prometteur pour Louise Courvoisier qui, avec une grande sensibilité, signe une œuvre qui résonne longtemps après la projection.

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