C’est d’abord une histoire simple. Juste la poésie primale d’une rencontre. Et ce minimalisme se fait hymne à l’universel, à l’irréductible. David Farmer, auteur du roman Cap des affranchis, sera en dédicace à la libraire L’Archipel des mots à Vannes, samedi 17 juillet.

Un soir de mai, 1997. Deux garçons. C’est devant la mer, océan Indien, à Saint-Pierre de la Réunion. Le Mauricien se raconte. Le Français est sous le charme. C’est le début d’une liaison. Ils décident de vivre ensemble. Ils se confrontent aux préjugés
et tabous de leurs mondes respectifs. Et derrière leurs propres visions du monde
et leurs limites, il leur faut inventer un espace, un temps. C’est une aventure
universelle, une tourmente universelle, un défi universel.

Amour, engagement, fraternité, amitié, solidarité, citoyenneté du monde :
autant de caps à franchir. En cette fin de millénaire, des missels étaient infiltrés et brandis illégalement dans les hémicycles de la République par des fanatiques intégristes. C’était le temps du débat sur le Pacs. Aussi, cette ode à la liberté est dédiée à Gisèle Halimi et Roselyne Bachelot, à tous ceux et toutes celles qui ont eu le courage de fronder ces oriflammes menaçantes et immuniser, un temps, contre leurs sauvageries doctrinaires d’un autre âge. Cette histoire ne soutient aucune idéologie. Simple témoignage pour plaider l’abolition des aliénations imposées par les tyrans, les prêtres et les esclaves, tous impuissants selon Spinoza.

david farmer cap affranchis

Après avoir longtemps sévi dans le domaine de l’ingénierie de formation, David Farmer a décidé de prendre le temps de l’écriture. En 2018, il publie Heidegger le nazi ou l’assassin d’Ulysse, aux Éditions Sur le Fil. Oscillation entre essai et roman où un étudiant en philosophie se révolte, interroge le concept de déconstruction et la compromission jamais désavouée du penseur allemand avec le nazisme.

En 2020, il s’arrime à une trilogie romanesque aux histoires distinctes et autonomes. Tandis qu’il fabriquait les trames des deux autres récits, Le Cap des Affranchis s’est peu à peu imposé comme premier volet. « Cette histoire s’adresse à tout le monde. Je tenais à cette simplicité, à ce minimalisme. C’est une aventure universelle, une tourmente universelle, un défi universel. Une éthique universelle. »

« Si je devais choisir une phrase de cet ouvrage : ‘ Mes larmes attendaient d’être brûlées par le jaillissement d’un été sur la ligne de crête du néant ‘ », David Farmer.

Les auteurs sont souvent habités par des tocs. Le sien serait de se demander s’il est encore possible d’être un Juste dans une situation inextricable. Comment l’être ? Pourquoi l’être ? Comment aimer et que signifie aimer ? Que met-on en scène de soi dans le lien à autrui ? Peut-on se désaliéner de ses déterminations psychosociologiques et culturelles, ses résistances, ses obsessions, ses préjugés, ses faiblesses, son confort, ses névroses ? Peut-on agir en commun ?

Les figures de Fernando Pessoa, Frantz Kafka, Milan Kundera, Romain Gary ou Arthur Rimbaud surgissent au travers de le vie de ces deux personnages. Les barrages de Marguerite Duras, l’endoctrinement impossible de Camus, l’enragement pour la liberté de Simone Weil, la douce intransigeance de Vladimir Jankélévitch, les transformations profondes de Victor Hugo, les combats de Voltaire et de Spinoza contre tous les fanatismes mais c’est surtout Baudelaire. C’est à cause de son voyage dans les Mascareignes, à l’île Maurice et à la Réunion. C’est à cause des lisières et de vertiges dans son immense poésie qui se découvrent dans les matins. À chaque réveil, Rainer Maria Rilke implorait qu’il se passe quelque chose avant qu’il ne rencontre Lou Andreas-Salomé et ne s’embarque avec elle dans un périple russe jusque chez Léon Tolstoï. Moi, il s’est passé quelque chose un jour de mai 1997 et j’ai senti le besoin de le raconter maintenant avec les mots imparfaits et inquiets d’hier.

Si le lecteur se met en situation, s’il se demande : et moi, qu’aurais-je fait là ? S’il s’en mêle avec ou contre le narrateur dans son combat « donquichottesque » contre un fonctionnaire emblématique et caricatural, cet ennemi commode qu’il s’est trouvé pour mener sa guerre et tenir debout, alors il se sera passé quelque chose.

Le Cap des affranchis, David Farmer, éditions Les Presses Littéraires. 198 pages. Parution : mars 2021.

david farmer

David Farmer sera en dédicace à la librairie L’Archipel des Mots, samedi 17 juillet. Il se fera un plaisir d’échanger avec le public autour de ce premier volet.

Librairie L’Archipel des Mots
21, Place du Général de Gaulle

56000 Vannes
0297612079

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